Monday, January 02, 2017

2 janvier, mon malheur personnel se mélange à celui que j’ai sous les yeux


« Bonsoir,
Fin d'après-midi, 16h30 coup de fil de S.,  le police est revenue une fois de plus à Pajol.
Des dizaines de sacs de couchage, couvertures, etc. ont disparu, volatilisé, les pouvoirs publics se transformeraient-ils en prestidigitateurs, apôtres de la bêtise humaine la plus crasse? 
50, 60 personnes se retrouvent sans rien, alors même que la température chute inexorablement avec la tombée de la nuit. 
17h30, Benoit (parent d'élève) apparait au coin de la rue de Pajol avec son Kangoo. 
Nous ouvrons le local à vélo et commençons aussitôt à « produire » des kits urgence avec l'aide de Maël et Mathieu, deux collègues qui ont pu se libérer. 
Au programme, rassembler paire de chaussettes, bonnet, paire de gants et tour de cou (issus de la centaine de kits hiver que nous sommes allés chercher ce WE avec Fabienne) dans un sac à viande (don du secours pop, merci Pascale notamment). 
Répéter l'opération une cinquantaine de fois jusqu'à ce que nous soyons finalement à court de sacs. 
En stock au local, une trentaine de duvets seulement, impossible de servir tout le monde. Risque de cohue, nous abandonnons ainsi aussitôt l'idée de les distribuer sur conseil de Benoit qui nous dit avoir déjà expérimenté d'autres distributions plutôt « viriles ».
Nous nous tournons ainsi vers la centaine de couvertures livrées par Utopia56 samedi après-midi. 
18h00, le coffre de la Kangoo est plein, 80 couvertures et une cinquantaine de kits hiver reconstitués. 
18h15, nous sommes fin prêts pour la distribution à l'emplacement même où nous distribuions les petits déjeuners ce matin. 
Les réfugiés sont effectivement nombreux, plus que je ne l'aurais imaginé. Heureusement, nous sommes 4, ce qui permet de gérer cette affluence et l'impatience qui gagne les deux rangs que nous sommes parvenus tant bien que mal à imposer.
En un quart d'heure environ, tout est distribué. 
Pas assez de kits hiver à disposition, nous retournons au stock récupérer chaussettes, gants,  etc. 
Au retour, nous tombons nez à nez avec deux femmes et une fillette, nouvel aller-retour cette fois ci pour leur remettre des duvets et leur promettre que quelqu'un les accompagnera demain à la Chapelle. 
18h30, on rappelle Utopia56, « des stocks de duvets supplémentaires seraient-ils disponibles d'urgence? » Non, mais un 30 tonnes arrive jeudi avec des centaines de duvets et couvertures. Livraison possible vendredi, c'est déjà ça. 
18h45, nous quittons les lieux.
21h benoit m'informe que des réfugiés sont encerclés depuis 19h sur deux zones à proximité de la porte de la Chapelle où beaucoup ont trouvé refuge dans des abris de fortune. 
Le cauchemar continue mais demain matin nous serons toujours là, présents, solidaires, sur le Quai et à Pajol. 
Amitiés,
Cédric »

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