Monday, January 20, 2020

Q uelques mots avant la première avant-première


C'est une nouvelle de Tchekhov qui nous a servi de — prétexte — et de rêverie.  Le texte présenté ce soir est intégral, on coupera sans doute pour les représentations, mais ce soir, non, le filage de cet après-midi faisait 2h05minutes. Donc, voilà, c'est pas une durée très courte, mais c'est pas non plus très long, hein ? C'est plutôt ROND qu'on vise, plutôt que long. Tout est fait, de toute façon, pour que vous perdiez pied, mais pas pour le plaisir de perdre pied, non-non, mais parce que, pour bien se baigner, il faut perdre pied. Michel Houellebecq à qui l'on demandait s'il avait un conseil à donner à un jeune écrivain a dit : « Oui, j'en ai un : ne jamais oublier que le lecteur fait 50% du travail », eh bien, chez moi, je dirais que le spectateur fait sans doute 80% du travail. Nous ne vous présentons là que la pointe de l'iceberg, tout le reste — vous appartient. Bon, je vous donne un peu le pitch, c'est en 4 actes, ça se passe à Noël : c'est une jeune fille qui a hérité, figurez-vous, d'une usine sidérurgique de 1800 ouvriers, un gros truc — et elle se sent en porte-à-faux dans ses nouvelles fonctions (de patronne) d'abord parce qu'elle est très jeune — et qu'elle est une femme —, mais aussi et peut-être surtout parce qu'elle est née pauvre. Son père était ouvrier dans l'usine de son oncle et, maintenant, elle a tout et ne sait rien faire, elle se trouve prise au piège de la charité, elle devient celle qui doit donner de l'argent tout le temps. Elle rêve de rencontrer un homme, elle rêve — comme toujours les héroïnes tchékoviennes — de se sortir de sa vie misérable ou qu'elle CROIT misérable car, comme l'a dit le professeur de Côte d'Ivoire, récemment, quand il a repris sa classe, à Abidjan, dans son lycée près de l'aéroport après qu'un de ses élèves ait été retrouvé mort à Roissy dans le train d'atterrissage d'un avion — il a fait un discours à ses élèves qui s'est terminé par : « Le bonheur n'est pas ailleurs, mais ici » — eh bien, si le spectacle comporte un message c'est exactement le même : le bonheur n'est pas ailleurs, mais ici. Ici-bas. C'est en tout cas le message de Tchekhov et je dirais que rien de mieux, à mon avis, qu'un théâtre de poche nommé Paradis pour nous le faire apercevoir. Bonne soirée

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