Wednesday, March 28, 2018

Bonjour, voici déjà un clip vidéo de César Vayssié. Attention, le nom du spectacle est L’Amant. Voici aussi un texte et deux bios. 
Pas de photos pour l’instant, j’attends la réponse de César Vayssié (qui a filmé le spectacle, alors il pourrait extraire des photos).

Bien à vous, 

Yves-Noël


L’Amant, c’est l’histoire ultra célèbre de Marguerite Duras. Je l’ai connue, je l'ai fréquentée les dernières années de sa vie. J’avais treize-quatorze ans quand je l’ai rencontrée, j’étais fan, je l’ai suivie et c’était la dernière période. C’était après L’Amant. C’est inoubliable, à cet âge, ce que cette femme a pu m’apporter. Je me souviens de tout. Elle parlait — ce qui est assez rare — comme elle écrivait. 
Yuika Hokama est une danseuse que j’ai rencontrée à Lyon, quand Gwenaël Morin m’a prêté son théâtre pendant cinq mois, je l’ai rencontrée par audition. Nous avons fait beaucoup de spectacles ensemble, à Lyon, puis à Paris. Douée comme danseuse, chanteuse et comédienne. Dans l’un des spectacles de Lyon, elle propose un extrait de L’Amant, en japonais. C’est bouleversant. Plus tard, elle débarque dans le cours que je donne à Pantin, (près de Paris). Le cours s’intitule Jouer comme Gérard, il a lieu dans le café associatif Pas Si Loin et, dans ce café, elle, pendant quarante minutes, elle déploie — sans accent, en français — l’une des scènes peut-être la plus difficile à jouer. Quand, pour la première fois, l’amant chinois emmène la petite Française dans sa garçonnière. 
Cette vie-là, vécue. Là. Le café « Pas si loin », à Pantin, devient un lieu sacré, pendant tout ce temps, inoubliable. La vie continue derrière la vitre, prolifique, le carrefour, la lumière déclinante — et nous étions, nous, dans notre « lieu sacré », dans notre « livre intérieur » (comme l’appelle Proust dans Le Temps retrouvé). A la fin, nous sommes tous soufflés, retournés par ce qu’il vient de se passer (« l’état de l’apparition », disait Marguerite Duras) et Yuika me reproche gentiment de n'avoir pas de « notes » à lui faire. Je réponds : « Que veux-tu que je te dise ? C’est excellent. Si Marguerite Duras était là, elle en serait folle... » Oui, Marguerite Duras était vraiment là, pour moi, et ça lui plaisait plus que tout. Elle aimait la petite Japonaise d’Okinawa qui jouait L’Amant, j’étais ramené à mon adolescence. 

Yves-Noël Genod

Yves-Noël Genod, né en 1972, a toujours joué, mis en scène. Il a d’abord travaillé avec Claude Régy et François Tanguy (théâtre du Radeau). A partir de la pratique du contact improvisation, il a dérivé vers la danse avec une collaboration principale avec Loïc Touzé. C’est Loïc Touzé qui lui propose, en 2003, à l’occasion d’une carte blanche pendant le festival Let’s Dance, au Lieu Unique, à Nantes, de fabriquer son premier spectacle. Ce spectacle intitulé En attendant Genod s’appuie sur le modèle des stand-up anglo-saxons. Les  commandes (toujours des « cartes blanches ») s’enchaînent ensuite, spectacles — près de quatre-vingt à ce jour — et performances présentés le plus souvent dans des festivals ou des lieux de danse ou de formes hybrides. Un théâtre dont on aurait enlevé le drame, l’action et dont il ne resterait que la poésie, le fantôme, la trace. Yves-Noël Genod a travaillé avec de nombreux interprètes qu’on retrouve maintenant sur les plus grandes scènes et, dans ce sens, on peut dire qu’il a marqué une génération.
Il a été présent à Extension Sauvage en 2013 pour une performance avec Marie-Françoise Mathon intitulée : Conversation en attendant

Yuika Hokama est née en 1988 à Okinawa, dans le Japon tropical. Petite, elle est très souple, et sa mère la mène vers la danse classique, qu'elle suit avec passion. A 15 ans, elle quitte son île natale pour le Conservatoire National Supérieur (CNSMD) de Lyon. Elle arrive en France sans parler un mot de français. Elle en sort diplômée en 2011 en ayant migré par goût vers la danse contemporaine.
En 2015, elle rencontre Yves-Noël Genod, qui la recrute comme danseuse pour le premier des huit spectacles du cycle Leçons de théâtre et de ténèbres donnés au théâtre du Point Du Jour de Gwenaël Morin à Lyon.
Elle en fera finalement cinq sur les huit, et surtout elle y dira son premier texte : un extrait de L’Amant, de Marguerite Duras, en japonais...
Elle retrouve Yves-Noël Genod à Paris en 2017 pour ses cours de théâtre Jouer comme Gérard à Pantin. Elle y joue alors son premier texte en français : encore L'Amant
Yves-Noël Genod lui propose d'en faire un solo dans ce lieu si particulier où se déroulent les cours : le café Pas Si Loin, avec sa grande vitrine, ses immeubles en démolition et ses passants si présents. Elle le joue en public au début de l'été 2017. Entre-temps, elle joue dans le deuxième volet du diptyque sur Marcel Proust d'Yves-Noël Genod La Beauté contemporaine en mars 2017.
Elle fait également une performance au côté d'Yves-Noël Genod au Salon de la mise en scène, de Robert Cantarella en mars 2018. On pourra la retrouver fin juillet au Festival d'Avignon pour Certaines n'avaient jamais vu la mer, de Julie Otsuka, dans une mise en scène de Richard Brunel, au côté notamment de Nathalie Dessay et de Linh-Dan Pham.

Durée du spectacle : 2h

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Merci Yves-Noël, pour ce Hamlet somptueux, jubilatoire, jouissif, reconstituant.
D’habitude je trouve que Shakespeare c’est toujours mieux de le lire que de le voir jouer
et là, on lit par-dessus ton épaule et c’est formidable.
Tu arrives à susciter une attention, une écoute et une tenue dont je ne trouve pas d’équivalent
actuellement (on sent qu’on n’a pas intérêt à tousser ou à faire craquer son fauteuil).
Il ya — et ça s’fait rare — une véritable autorité.
Par-dessus tout, j’admire ton art de la syncope, du changement de régime, du zoom arrière-zoom avant.
On voit défiler l’actor studio, Twin Peaks, Kafka, Chaplin, Pina Bausch et c’est exactement ce qui se passe
dans une tête qui lit.
Tout est à la fois tendu et relâché, libre et rigoureux, hiératique et fantasque, drôle et terrible.
L’acteur qui joue Hamlet est absolument génial. J’ai eu la chance de tenir sa main et d’être par lui dirigé dans
un rôle muet. Une énergie folle, une plastique démentielle (en un geste il passe de Nick Cave à Tom Cruise),
une précision démoniaque. Et pourtant, comme tu le sais, je déteste les adjectifs.
Et ces hommes qui avancent, the walking alive on se dit, la splendeur de la lumière, le livre qui est son et lumière.
Non, vraiment bravo, merci, merci.
Et des bises admiratives.
C.

Oh, merci Christophe ! Tu écris si bien ! 
J’ai des problèmes avec mes mails, je ne reçois le tien qu’aujourd’hui — et aussi la moitié de ceux que j’envoie n’arrive pas… On est peu de choses (moi) dans ce cas…
T’embrasse, 
Yvno

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« Tu m'aides ? — Oh oui, je t'aide, je t'aide beaucoup. » 

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« Vous ne savez rien de lui »


C’est très beau (très fort), les spectacles de Gwenaël Morin. C’est très dur, le travail avec lui. C’est ce que j’imagine pour moi, en tout cas. Pour un autre, j’imagine que ce sera facile. Il m’avait proposé l’année dernière de travailler avec lui, j’ai hésité. Je suis fan absolu de ses spectacles — tenez, je trouve une phrase qu’il m’avait dite : « Ce qui est terrible, pour un spectateur, c’est d’être attendu et d’être évalué comme un profil attendu à une forme désirée ». Gwen ne supporte pas de sentir le « Je sais qui tu es ». Il disait encore (ce jour-là, je ne sais plus quand, probablement à Lyon) : « Laisse-moi inventer ma relation à une forme qui vient ! » Eh bien, ça, c’est tout a fait ce que je ressens devant ses spectacles : il me met libre. Il débarrasse le terrain de tout ce qui pourrait encombrer ma liberté. Evidemment, pour le faire, pour rendre possible cette relation, eh bien, c’est du boulot. Pour les artistes qui travaillent avec lui. Il faut désencombrer, justement, désencombrer. Et c’est ça que je qualifie de « dur ». Comme il est dur de travailler avec Joris Lacoste. J’avais aussi refusé. Il y a quelque chose en moi qui est contre le théâtre de l’effort. Pour les spectateurs ou pour les acteurs. Mais c’est idiot, il faut souvent beaucoup d’effort pour les acteurs pour que ce soit limpide pour les spectateurs. Le seul théâtre de l’effort que j’ai accepté jusqu’à présent, c’est avec Laurent Chétouane. Plus dur, tu pleures. Mais, là, pas de pot, c’est Marie-José Malis, la sainte, la communiste, mais néanmoins patronne néolibérale qui nous a virés, elle avait changé d’avis, ça devait se faire cette année. Bref, j’arrête de parler de moi : il est juste hautement conseillé de se libérer pour travailler avec Gwenaël Morin. Je le conseille à tous ceux qui ont participé à mes spectacles (avec cet avertissement) — par exemple, à ce somptueux groupe de bénévoles, le « peuple boueux » hantant le Hamlet Unlimited de Vanves.

L ’Instinct du sens


« Un spectacle n’est pas un produit, c’est la possibilité de faire une expérience immédiate. »

« Théâtre au jour le jour, sans but à atteindre, théâtre de l’immanence, mais avec beaucoup de pudeur »

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« La vérité, c’est ce qu’un sujet essaye de dire et de chercher sur sa spécificité, sur ce qu’il est en propre en tant qu’il n'est pas semblable à son voisin et à son semblable. »

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