Monday, January 14, 2013

Bijoux



Le soir, il neigeait et j’étais chez Chaumet, 12 place Vendôme, pour un cocktail avec les « révélations de l’année 2013 » (cinéma), pour lesquelles Dominique Issermann avait fait un petit film que Roberto Plate (quel plaisir de le revoir !) avait installé dans le décor d’un théâtre à l’italienne, dans les tons vieil or, ça allait très bien avec le salon, la vidéo faisait tout le cadre de scène : évidemment, les jeunes stars ou would-be stars étaient magnifiées. La lumière de Dominique était sublime, comme à son habitude, mais je n’apercevais pas de réelles beautés ; au générique, beaucoup de « fils de »... Il y avait Omar Sharif, 90 ans, grande beauté, Jean Dujardin, etc. Didier Bourdon (des Inconnus)... Dans le film, je remarquais un très jeune avec les oreilles décollées, mais personne ne se rappelait de son nom. J’allai vers lui et je le lui demandai. « Kissy. » « Kissy ? » « Oui, Kissy. » Ah, ben, très bien, allons donc pour Kissy (un personnage de Dennis Cooper, donc). En fait, après enquête plus poussée, il s’appelle Kacey Mottet-Klein et je l’avais déjà vu jouer — très bien — dans L’Enfant dans haut, avec Léa Seydoux. Il a aussi fait Gainsbourg enfant dans le Gainsbourg (que je n’ai pas vu) et, là, il a refait un film avec Ursula Meier qui s’appelle... j’ai oublié !... Bref, très chouette !



J’avais navigué en vélo sous les premiers flocons, mais en sortant, paresseux, je pris un taxi pour remonter. J’allais à Jaurès, au Point Ephémère, pour une soirée de lecture de Frank Smith d’un texte en cours sur la bande de Gaza au moment de l’opération appelée par Israël « Plomb durci ». Donc que des horreurs, mais dit sur un ton neutre, « objectiviste », tout à fait à la manière de Charles Reznikoff dont Claude Régy avait monté Holocauste. Frank Smith a déjà publié un livre de cette manière (à partir de documents), Guantánamo, mais, cette fois, la fondation Cartier où il devait se produire ce même soir lui a refusé son texte. Exactement une censure. On ne doit pas parler de la guerre d’Israël contre la Palestine à la fondation Cartier. Voilà pourquoi il s’était replié au Point Ephémère et voilà pourquoi nous étions là. 

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M alheureusement


« Le monde, malheureusement est réel ; moi, malheureusement, je suis Borges. »

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« Si seulement on pouvait sortir du malheur comme on sort d'une ville. »

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Pas de théorie de l’amour



Dans la très belle critique de Marie Plantin sur Electre dont j’ai déjà parlée, une définition du comédien que j’aime : « presque sur le qui-vive et pourtant irradiant d’un calme profond ». Revu Sophie O’Byrne, très belle, pense aussi souvent à Dominique Uber, à Marlène Saldana... Jeanne Balibar, Valérie Dréville, sont occupées, ça va... Et les garçons... Les garçons se démerdent, bon, est-ce que je me démerde, moi ? Ah, là, là, si j’étais plus « garçon », plus entrepreneur, plutôt que de jouer le poète efflanqué devant mon ordinateur... J’ai ouvert ce matin un livre de Jacques Lacan à la librairie La Hune, j’ai vu qu’il parlait beaucoup du mot « désir »... Mais ce n’est pas à propos du désir que j’ai recopiée qqch. — J’ai recopié ça : « Et l’une des fins du silence qui constitue la règle de mon écoute, est justement de taire l’amour. Je ne trahirai donc pas leurs secrets triviaux et sans pareils. » Et puis Julia Kristeva disait, à propos de Marguerite Duras, dans un livre que j’avais lu, mais il y a si longtemps : « qui protège sans cesse un secret maladif au creux d’une intrigue de plus en plus insaisissable dans le texte. » Comme la culture est immense ! Et quel joli quartier, Saint-Germain ! (Il se trouve que j’y ai mon dentiste, vue sur la place ; il y a une statue d’Orphée que je n’avais jamais vue.) 

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Photo Marie Taillefer.

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Algun verso feliz..., 2 citations majeures de Borges



Cher Yves-Noël, 

Je voulais vous remercier à nouveau pour votre invitation. Je me suis souvent ennuyé au théâtre ces derniers temps et Lost (replay) fut une belle surprise !
Je suis très heureuse de vous avoir rencontré et j'espère que nous aurons bientôt d'autres occasions de nous revoir.

J'ai retrouvé la citation de Borges, dans un livre en espagnol (Obra poetica) :

« A quien leyere, 
Si la paginas de este libro consienten algun verso feliz, perdoneme el lector la descortesia de haberlo usurpado yo, previamente. Nuestras nadas poco difieren, es trivial y fortuita la circunstancia de que seas tu el lector de estos ejercicios, y yo su redactor. »

Une piètre traduction littérale : 

« A qui lira,
Si les pages de ce livre contiennent quelque vers heureux, pardonne-moi lecteur l'impertinence (la discourtoisie) de te l'avoir usurpé, moi, par avance (le premier).
Nos riens diffèrent peu, c'est par une circonstance fortuite et triviale que tu es, toi, le lecteur de ces exercices et, moi, leur rédacteur. »

et un peu plus loin :

« Quiero dejar escrita una confesion, que a un tiempo sera intima y general, ya que les cosas que ocurren a un hombre les occuren a todos. »

« Je veux laisser par écrit une confession qui soit en même temps intime et générale, car les choses qui arrivent à un homme arrivent à tous. »

J'espère que ces extraits vous apporteront l'enthousiasme qu'ils m'ont transmis.

Le ciel de Paris ne semble décidément pas prêt à la couleur, 
une belle semaine à vous malgré tout.
Diane

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Oxymore


« Ces ténèbres ne sont qu’une extrême lumière
Qui dérobe à nos yeux le divin trône d’or »

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Quelques mérites poétiques imaginaires


J’ai peu de temps pour écrire, vraiment peu de temps. Là, je suis encore décalé par mon retour du Mexique, j’ai ces heures dans la nuit qui s’ouvrent — comme un miracle... Oh, que j’aimerais avoir toujours ces heures de la nuit qui s’ouvrent ! Quand j’étais au Mexique, les premiers jours, j’avais l’aube rien qu’à moi ; maintenant, c’est la nuit, — mais la nuit de l’Europe, — c’est la nuit qui se donne, et, mon Dieu ! c’est comme le rêve, l’écriture, c’est comme la vie ou la préparation. C'est l’ombre.



« Camarade ! Ceci n’est pas un livre ;
Celui qui me touche, touche un homme.
(Est-ce la nuit ? Sommes-nous seuls ici ?...)
Je t’aime, je me dépouille de cette enveloppe.
Je suis comme qqch d’incorporel, de triomphant, de mort. »

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Paramour


Photo Marie Taillefer.

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