Monday, January 17, 2022

C onversation


C’était curieux ce coup de sort, hier, cet enchaînement, l’entorse et puis le Uber qui me dépose loin et qui veut pas m’approcher, puis les pneus dégonflés et puis le fil à la patte du micro, comme une ultra volonté d'immobilisation. Bon, on croise les doigts pour la suite. Il faut vraiment vérifier la veille (au moins) sinon on va à la catastrophe… Retrouver les micros, changer les pneus. Ce serait bien mieux de garder ce fauteuil roulant parce qu’il est plus beau (et plus ambiguë : handisport) qu'un gris. Si ce n’est pas possible (parce que je ne sais pas, on ne retrouve pas de pneus), un gris...

Je compte sur toi. 
Et puis de me dire où en sont les inscriptions (c’est-à-dire malheureusement — et particulièrement dans les temps qui courent — les intentions de présence. Combien sommes-nous ? 
Comment faire pour avoir plus de monde ? (Encore une fois, ça ne me dérange pas d’avoir plus de cent, je crois que l’an passé on était plus de cent).
Comment faire surtout pour avoir des enfants ?

Dis-moi aussi s’il y a une feuille de salle (que je la vise).

Et puis cette conversation que je continuais avec ceux de dimanche dernier que tu peux transmettre à tous (y compris aux solistes) :

J’ai trouvé qu’il y avait peut-être trop de costumes un peu simplement pratiques hier (disons de workshop). Des couleurs coton délavées (elles sont équivalentes à des bruns ou des bleu marine). Vous êtes sublimes dans tous les cas (tellement), « comme vous êtes », mais si vous pouviez penser à quelques vêtements, quelques apparences, ou même plusieurs, beaucoup les ont déjà, qui disent clairement « représentation » plutôt que « répétition » (je n’ai pas grand chose à vous amener malheureusement). Des couleurs intenses bien entendu, fluo, pailletées. Maquillage si vous le sentez (celui de Manon, très beau). Ou des noirs intenses (comme le noir velours d'Olivia). Des lamés, des brillances. La pièce est tellement in-finie que ce n’est pas la peine d’insister sur ce côté-là, « work in progress », si vous voyez ce que je veux dire... Au contraire, je crois qu’il faut viser la représentation unique, absolue. Quoi que vous aurez sur le dos, ce sera bien, mais essayez d’éviter les tenues qui font « workshop » (je sais bien qu’on aime aussi avoir sur soi une tenue à laquelle on ne pense pas). Franchement, pensez représentation. Cérémonie. Ou même simplement vêtements de ville. La peau est très bien aussi. Il y eu pas mal de torses nus (Emma, magnifique). En slip ou en maillot de bain (ou short, comme Ilian), ça peut être très bien aussi. Peut-être la peau peut être peinte aussi. Ou la fadeur pour certains, parfait. Ceux qui ont des tissus, des couleurs à apporter pour les autres… Ou passer des vêtements d’hiver (très recouverts) aux vêtements d’été. Originalité. Le public vous repèrera par votre apparence  (on fait du show-biz, quand même…) Dandysme ou banalité (ou les deux). Ou s’en foutre évidemment. Une amie, Dominique Issermann (qui a d’ailleurs vu plusieurs fois le spectacle et qui est à l’origine — c’est elle qui l’a suggérée — de la forme «  colonnes » — et aussi de la phrase : « J’aime quand ils deviennent un troupeau ») me parlait de quelqu’un qu’elle avait connu en disant : « Il s’habillait vraiment n’importe comment. C’est très rare. La plupart du temps, on croit qu’on s’habille n’importe comment, mais ce n’est jamais vraiment le cas. Lui s’habillait vraiment n’importe comment ! C’est la seule personne que j’ai rencontrée dans ce cas. » Vous voyez, tout est difficile à « faire » dans la vie, tout est virtuosité…

Et puis il y a ces phrases de Duras au moment où elle tourne Agatha qui me sont revenues à cause de la lumière très sombre (splendide) que nous avons vécue. (Je précise que je n’ai jamais connu une personne aussi engagée dans la « danse de la vie » que Marguerite Duras, d’une énergie et d’une plénitude débordante...)

« C’est par le manque qu’on dit les choses, le manque à vivre, le manque à voir. C’est par le manque de lumière qu’on dit la lumière et par le manque à vivre qu’on dit la vie, le manque du désir qu’on dit le désir, le manque de l’amour qu’on dit l’amour. Je crois que c’est une règle absolue. 
C’est un film d’été tourné en plein hiver. C’est un film sur le désir-même, essentiel, invivable, tourné dans le froid.
On peut filmer le désir dans le froid, on peut filmer la chaleur dans la brume, dans la tempêteLe tout, c’est de le traduire en image. »

Le plus important : ne faites pas comme tout le monde, n’attrapez pas le virus ! ni une entorse comme je n’ai rien trouvé de mieux à faire !

Et faites venir les enfants !

Amitié, 

Yves-Noël

Bien à toi, Maïa, 

Yves-Noël

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