Friday, December 25, 2020

L a Matière et la Forme


« Que l'homme est malheureux qui au monde se fie !

Ô dieux, que véritable est la philosophie,

Qui dit que toute chose à la fin périra,

Et qu'en changeant de forme une autre vêtira !

De Tempé la vallée un jour sera montagne,

Et la cime d'Athos une large campagne,

Neptune quelquefois de blé sera couvert :

La matière demeure et la forme se perd. »

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E t puis, je rajoute


Et puis, je rajoute, je voudrais moi aussi vous faire un cadeau de Noël, un beau cadeau. C’est un blog magnifique, en tout cas : que j’aime. Celui d’un professeur de français dont j’ai été proche (deux ans, je crois), Pierre Courcelle. J’étais avec une femme quand je suis littéralement tombé amoureux de son écriture (à l’époque sur un autre blog), une femme que j’ai fini par quitter tant elle est devenue peu à peu, certes non sans motif, jalouse de cette passion : aimer l’écriture d’un garçon (elle-même étant écrivaine) que je ne connaissais même pas physiquement. C’est quelqu’un, selon moi, qui, dans son écriture — presque, j’ai envie de dire : son sommeil car il dormait si bien —, a quelque chose de l’adolescence encore intact ; c’est toute sa richesse et la vôtre aussi que vous saurez garder. Franchement il écrit extraordinairement bien. Par exemple, cette phrase (je crois, à propos de Cahors) : « Pour éviter l’unique boulevard dans cette ville méandreuse, j’emprunte volontiers les voies parallèles à cause de leur solitude : la rue Fondue-Basse puis la rue Fondue-Haute, ou la rue du Château du Roi ». Ce qui me frappe, c’est que souvent les textes que je lis (aux étals des libraires) sont comme « enfermés dans le contemporain », brumeux, souffrant de ça, d’une écriture abêtie, comme s’il fallait « être lu ». Pas les siens, complètement libres…

Amitiés, 


YN


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 « Je suis Dieu et je m’ennuie »

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L ettre de Noël


Oui, j’ai un peu ri… J’adorerais être l’un de vos professeurs ! Que faire de ce cas (vous) ? Sans doute en avez-vous un ou une avec lequel ou laquelle vous avez une relation épanouissante, non ? aucun ? Bon… En tout cas, c’est vous qui m’en apprenez. Ce n’est d’ailleurs pas le problème qu’un professeur — si j’en suis un peu un — apprenne de son élève. N’est-ce pas ce qui est développé dans ce beau titre de Jacques Rancière : Le Maître ignorant ? Si vous ne l’avez pas déjà lu, c’est certainement que vous l’avez déjà écrit, cher jeune ami surdoué... J’ai quand même récolté une phrase de votre niveau, ce matin de Noël, à vous soumettre. Elle est de Vincent van Gogh (dans une lettre à son frère) : « Une certaine mélancolie nous demeure en songeant qu'à moindre frais, on aurait pu faire de la vie, au lieu de faire de l’art ». Emouvant, non ? « à moindre frais »... C’est la plus belle définition de la mélancolie que je connaisse. C’est ce que nous pouvons nous souhaiter l’un à l'autre, non ? « faire de la vie »… Oui, on s’amuse bien au Carreau. C’est dommage que vous ne soyez pas là. Vous ne pouvez pas monter à Paris un weekend ou deux au mois de janvier ? Avec votre âge miniature, ça doit coûter zéro bonbon, le voyage en train… On « joue » tous les weekends de janvier (sauf le premier) et, officiellement (donc si on peut accueillir  du public), le dernier (le 30 et 31), avec une générale la veille, le vendredi, si possible, dans l'après-midi, à la même heure (d'hiver). 

Je vais un peu me pencher sur les personnages dont vous m’apprenez l’existence : Max Stirner (etc.), Karl Popper (etc.) J’ai du boulot ! Je suis dans la maison construite par mon père (décédé : Maeterlinck) avec ma mère (Alzheimer : Beckett) et mon frère séparé cette année de sa compagne qui vient — lui — de partir aux urgences, le jour de Noël donc, parce qu’il a une douleur près du cœur qui l’empêche même de dormir depuis quelques jours — et avec les enfants absents (ceux de mon frère, quatorze et seize) repartis hier après le réveillon dans la famille adverse (leur vitalité — absente soudain — rend, bien sûr, s’il le fallait, la maison fantôme) — et je tombe sur des livres déjà lus dans les années enfouies merveilleusement retrouvés : Entre la vie et la mort, de Nathalie Sarraute, Other People, de Martin Amis, par exemple, et puis des poèmes de Verlaine, de Ronsard, d’Eluard, de Louise Labé, de Charles d'Orléans... Quelle merveille d’avoir plusieurs vies ! (je vous le dis en avance — ah, non ! Rimbaud vous l'a déjà dit). Et quelle merveille ce serait de pouvoir resté terré là (au moins pour l’hiver) à lire et à relire dans le calme et dans la nuit…

Le Testament adolescent, c’est un beau titre…

C’est très beau, Clou, Les Gauloises bleues...

Au plaisir, cher enfant !


Yves-Noël

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E n apparence il ne parle que de lui


« Sous une apparence autobiographique puisqu’en apparence il ne parle que de lui, il n’en parle que par transparence, pour montrer ce qu’il voit et pour atteindre ce point de soi où l’on devient anonyme. L’essentiel est de dépeindre le monde autour de lui. »

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