Thursday, March 21, 2013

Beautiful agony

Dos

Bio



Yves-Noël Genod est un distributeur de spectacles, de poésie et de lumière, il n’invente rien, il fait passer le furet, « passé par ici, il repassera par là ». Ainsi les « contenus » ne sont que de peu d’importance, dans le meilleur des cas entièrement inventés par le public et chaque spectacle, chaque soirée, est d’une couleur très différente, cauchemar ou rêve selon l’âme de votre bon vouloir. Il utilise les lieux souvent comme les instruments mêmes — et uniques — à faire sonner ; ceci quand les lieux sont beaux, Ménagerie de verre, grande salle du théâtre de Gennevilliers, La Condition des soies à Avignon, Hotel Palace à Bologne, théâtre de la Bastille, Friche de la Belle de mai à Marseille, ancienne salle de réparation des tramways à Berlin, etc. Quand les lieux sont moins beaux, mais qu’ils ont des fenêtres, il joue en lumière du jour (théâtre de la Cité internationale, théâtre du Rond-Point). Il rêve de jouer aux Bouffes du Nord, à Paris, ou au théâtre de l’Odéon. Il a travaillé avec des dizaines de comédiens, danseurs, chanteurs, acrobates... Citons, parmi les plus connus : Lorenzo de Angelis, Jeanne Balibar, Audrey Bonnet, Cecilia Bengolea, Jonathan Capdevielle, Valérie Dréville, Julien Gallée-Ferré, Julie Guibert, Nicolas Maury, Kate Moran, Jean-Paul Muel, Felix Ott, Lucien Reynes, Marlène Saldana, Thomas Scimeca, Dominique Uber... Il a « fabriqué » en neuf ans (depuis 2003) quarante-cinq spectacles et un nombre non répertorié de « performances ». Il vit à Paris de l’amabilité des institutions et de ses amis. Il est d’une santé de fer et il n’a pas dit son dernier mot. 

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La Biche

Note d’intention (non retenue)



« L’acteur ou l’actrice que vous auriez aimé être ? 
— De l’eau, donc. Disons, maintenant, un étang, une panne. » Bruno Dumont. 



Yves-Noël Genod crée des spectacles de — on ne sais quoi — du théâtre ? de la danse ? de la lumière ? — il a créé un spectacle dans le noir total, Le Dispariteur, et aussi, plus récemment, un spectacle sans acteurs, — je peux / — oui, en diptyque avec un premier spectacle, lui, « bourré » d’acteurs (avec des vrais morceaux d’acteurs dedans), uniquement de son et de lumière. La saison dernière, encore, une actrice avec qui il travaille lui dit qu’elle aimerait bien quelque chose « sur le sexe ». De là est né — s’est affirmé, plutôt — l'ambition d’une œuvre qui ne s’arrêterait pas à la limite sexuelle ni de l’intimité car, s’il s’agit d’ouvrir des espaces, des espaces qui sont, par définition, des espaces de plaisir (il s’agit d’« art », de « beauté » et de « bonne soirée »), pourquoi imaginer une cloison, une limite à la représentation ? Les premiers essais qui ont été tournés et photographiés dans un immense appartement déserté de l’avenue Foch, à Paris, ont été qualifiés de « porno contemplatif ». Bruno Dumont parle du « numérique fixe et immobile (...) qui nous illuminera ». Il a semblé plus judicieux (plutôt qu’au théâtre) d’attraper cette grâce non reproductible par l’enregistrement photographique et filmique et de travailler, au montage, à partir principalement des vidéogrammes. Sans doute aussi pour relier plus sûrement l’idée à la peinture, aux siècles de contemplation scintillante de la peinture qui nous illumine plus encore que l’image filmique. Toute l’astuce, au théâtre, au cinéma, étant d’arriver à rejoindre, plus profondément, l’art ancien, si ancien de la disparition des images — et de l’apparition du bonheur... Tricky... On aura compris qu’il s’agit, en définitive, et plus encore, au final, du poème, le poème de l’amour et de la mort. De la femme et de l’homme. De l’inconnu et du dépassement. Travail en cours, bien entendu — qui s’étalera peut-être sur des siècles — et qui a pour titre générique : Avenue Fuck. Voilà l'intention.

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Disponibilité (2)

« Tout est perdu, tout est sauvé ce soir »


Le monde me fait peur puisqu’il ne me veut plus. Le monde ! Qu’est-ce qu’il me dit, le monde ? Quelle fiction ? Et quelles illusions ? Le monde rien, le monde tel. Je ne suis pas encore obligé de travailler pour vivre. Il me reste quelques semaines. Je peux encore, très faiblement, jouer au poète. Il y a le mot anglais que j’aime pour faible, « faint », je jouais au poète feint, barely perceptible. Je m’inventais des correspondances avec les livres, avec les films. Je rêvais de rencontrer des êtres de songes, des êtres légers, poétiques, des jeunes filles comme dans les romans, des jeunes gens voraces et cons, mais des jeunes filles réconfortantes, résignées, plus intelligentes comme sont les actrices comparées aux acteurs... Certaines m’envoyaient des poèmes. Mais les hommes célèbres n’étaient rien et j’étais tout.

Disponibilité

L’Enfance


Le film (ou la séquence) qui a traumatisé votre enfance ?

« J’en avais rien à faire du cinéma, enfant. Je préférais bien vivre et songer à ceux de mon âge, voir mes potes, me battre, m’héroïser dans des jeux et sur ma mobylette, défoncer la campagne, voler, mentir, geindre, m’emmerder, explorer dans l’obscurité la cave, harnaché de cordes, de gants… M’y perdre et y croire tant. Sinon comment le cinéma aurait-il bien pu m’éblouir ? Comment, si je n’avais commencé pour le moins à vivre et ressenti le commencement et la fin de tout un tas de choses, le cinéma allait-il ébranler ma vie, tout transfigurer, sans la germination de mon enfance ? »

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Dans la salle de bain de mon enfance (pour Philippe)

La Vanité de Paul Claudel


« Le plus regard qu’on peut avoir sur soi, c’est la sainteté. »

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Sublimité

Lu dans une feuille de salle


« inventer un langage théâtral clair et délicat. »

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Présence



(Voici ce que j'ai toujours voulu faire dans ma vie : le contraire de la télé.)

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Appris un nouveau mot en français : « fruition ». 




Ne vous laissez pas prendre par l’histoire quand vous lisez, par la digestion de l’histoire, l’histoire vous donnerait des aigreurs, des malaises, restez dans l’actuel, restez dans la langue, la seule vérité, la seule « réalité ». Bien sûr, vous vous désolez quand vous vous apercevez que le romancier — même le bon romancier, le poète — raconte une histoire. C’est si facile. Qu’ils la disent, leur histoire ! toujours la même... Non, la langue n’est pas ce qui est toujours la même, la langue est ce qui est présent. 





« pur bruissement des jours sans autres événements que la perpétuation d’une attente à quoi l’on pressentait cependant qu’il faudrait bien mettre fin, ainsi qu’on le fait d’un malentendu. »

Le seul visage