Saturday, February 25, 2012

« There's class warfare, all right, but it's my class, the rich class, that's making war, and we're winning. »

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L'éternel retour




« 10
Que vous en semble-t-il ? Suis-je un devin ? Un rêveur ? Un homme ivre ? Un déchiffreur de rêves ? Une cloche de Minuit ?

Une goutte de rosée ? Une brume et une odeur d’éternité ? Ne l’entendez-vous pas ? Ne le sentez-vous pas ? Voici que mon monde est devenu perfection, Minuit est aussi Midi.

La douleur est aussi un plaisir, la malédiction est aussi une bénédiction, la nuit est aussi un soleil, – un sage est aussi un fou.

Avez-vous jamais dit Oui à un plaisir ? Alors vous avez dit Oui aussi à toute douleur. Toutes les choses sont enchaînées, enchevêtrées, amoureuses les unes des autres,

– si vous avez jamais voulu qu’une fois fut deux fois, si vous avez jamais dit : « Tu me plais, bonheur ! Instant ! Clin d’œil ! » alors vous avez voulu le Retour de tout !

tout de nouveau, tout éternellement, tout enchaîné, tout enchevêtré, amoureux, oh ! ainsi vous aimiez le monde, –

– vous les éternels, aimez-le éternellement et tout le temps ; et à la douleur aussi dites : « Disparais, mais reviens ! » Car tout plaisir veut – éternité ! »



11
Tout plaisir veut l’éternité de toutes choses, veut le miel, veut la lie, veut un Minuit ivre, veut des tombes, veut un crépuscule d’or,

Que ne veut pas le plaisir ? Il est plus assoiffé, plus cordial, plus affamé, plus terrible, plus secret que toute douleur, il se veut lui-même, il se mord lui-même, la volonté de l’anneau lutte en lui, –

– il veut de l’amour, il veut de la haine, il est d’une surabondante richesse, il prodigue, il jette, il mendie pour qu’on le prenne, il remercie qui le prend, il aimerait être haï,

– le plaisir est si riche qu ‘il a soif de douleur, d’enfer, de haine, de honte, d’infirmité, de monde, – car ce monde , ô vous le connaissez !

Vous, mes amis, c’est vous qu’il désire, le plaisir, indomptable, bienheureux, - c’est votre douleur qu’il désire, ratés que vous êtes ! C’est des ratés que désire tout plaisir éternel.

Car tout plaisir se veut lui-même, c’est pourquoi il veut aussi la souffrance du cœur !
Ô bonheur, ô douleur ! Ô éclate, cœur !

Sachez-le, le plaisir veut éternité.

Le plaisir veut éternité de toute chose, veut profonde, profonde éternité !


12
Et maintenant avez-vous appris ma chanson ? Avez-vous deviné ce qu’elle veut dire ? ma chanson, ma ronde, dont le sens est « encore une fois », dont le sens est « en toute éternité ».


Ô homme ! Prends garde !
Que dit le profond Minuit ?
« Je dormais, je dormais –
D’un rêve profond je me suis éveillé –
Le monde est profond
Et plus profond que le jour ne le pensait.
Profonde est sa douleur, –
Plaisir – plus profond encore que souffrance du cœur.
La douleur dit : Disparais !
Mais tout plaisir veut éternité –
– veut profonde, profonde éternité !
»

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Malheureux d'animaux féroces




« J’appelle malheureux ceux qui n’ont qu’un choix : devenir des animaux féroces ou de féroces dompteurs d’animaux : je n’aimerais pas dresser ma tente parmi eux.

Malheureux aussi ceux qui sont toujours contraints d’attendre ; – ils vont contre mon goût, tous les douaniers et épiciers et rois et autres gardiens de pays et de boutiques.

En vérité, moi aussi j’ai appris à attendre, et de fond en comble, – mais à n’attendre que moi-même.

Et surtout j’ai appris à me tenir debout et à marcher et à courir et à sauter et à grimper et à danser.

Celui qui veut apprendre à voler, il faut d’abord qu’il apprenne à se tenir debout et à marcher et à courir et à sauter et à grimper et à danser, – ne s’attrape pas au vol le vol !

J’ai appris à grimper à plus d’une fenêtre par des échelles de cordes ; d’une jambe alerte j’ai escaladé de hauts mâts ; être assis tout en haut des mâts de la connaissance ne me paraissait pas une mince félicité ! –

– vaciller sur de hauts mâts comme une petite flamme ; une petite lumière, certes, mais une grande consolation pour des marins perdus et des naufragés !

Par tous les chemins et par tous les moyens je suis venu jusqu’à ma vérité ; ce n’est pas par une seule échelle que je suis monté jusqu’à la cime, où mon œil plonge dans mes lointains.

Et c’est toujours à contrecœur que j’ai demandé mon chemin, – cela allait toujours contre mon goût !

Je préférais interroger les chemins eux-mêmes et les mettre à l’épreuve.

Tenter et interroger, voilà ma façon d’avancer, – et en vérité, il faut aussi apprendre l’art de répondre à de pareilles interrogations.

Mais tel – est mon goût :
– ni bon ni mauvais goût , mais mon goût, dont je n’ai plus honte et que je ne cache plus.

« Voilà – maintenant mon chemin ; où est le vôtre ? » ; voilà ce que je répondais à ceux qui me demandaient « le chemin » ; car le chemin – il n’existe pas !

Ainsi parlait Zarathoustra. »

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La Rue éternelle




« Regarde cet instant ! nain ! De cette porte nommée Instant une longue rue éternelle va en arrière ; derrière nous s’étend une éternité.

Ne faut-il pas que tout ce qui sait courir ait déjà suivi cette rue en courant ?

Ne faut-il pas que tout ce qui peut arriver soit déjà une fois arrivé, ait déjà été une fois fait ou soit déjà passé une fois en courant ?

Et si tout a déjà été, alors que t’en semble de cet instant, nain ? Ne faut-il pas que cette porte ait, elle aussi, déjà, été ?

Et toutes les choses ne sont-elles pas ainsi fermement liées, de telle sorte que cet Instant entraîne derrière lui toutes les choses à venir. Donc – lui-même, aussi ?

Car tout ce qui peut courir : il lui faut encore une fois courir, tout le long de cette rue devant nous ! –

Et cette lente araignée qui rampe dans la lumière de la Lune, et cette lumière de la Lune elle-même, et moi et toi, sous cette porte, chuchotant ensemble de choses éternelles – ne faut-il pas que nous ayons tous déjà été ?

– et revenir et courir dans cette autre rue, droit devant nous, dans cette longue rue horrible, – ne nous faut-il pas revenir éternellement ? »

Ainsi parlai-je, et toujours plus bas : car j’avais peur de mes propres pensées et de mes propres arrières pensées. Alors, tout à coup, j’entendis, tout près, un chien hurler.

Ai-je jamais entendu un chien ainsi hurler ? Ma pensée est revenue en arrière. Oui ! Comme j’étais enfant, au plus loin de mon enfance,

– alors j’entendis un chien hurler ainsi. Et je le vis aussi, le poil hérissé, la tête dressée, tremblant, à l’heure de minuit la plus silencieuse, où les chiens, eux aussi, croient aux fantômes :

– au point que j’en fus pris de pitié. Car justement la pleine Lune passait dans un silence de mort, arrêtée justement, ronde flamme, sur le toit plat de la maison comme sur la propriété d’un autre.

– c’est de cela que s’effraya jadis le chien, car les chiens croient aux voleurs et aux fantômes. Et lorsque, de nouveau, j’entendis hurler ainsi, je fus de nouveau pris de pitié.

Où était allé maintenant le nain ? Et la porte de ville ? Et l’araignée ? Et tout le chuchotement ? Rêvai-je ? M’éveillai-je ? Tout à coup j’étais debout entre des falaises sauvages, seul, désert sous le plus désert des clairs de Lune. »

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Chic By Accident




Aujourd'hui, Laurence Mayor est venue me dire du Nietzsche :

« Au-dessus de toutes choses se tient le ciel Hasard, le ciel Innocence, le ciel Par Accident, le ciel Témérité, le ciel Exubérance. »

J'oublie toujours de te dire, j'ai, dans ma soupente, une petite ballerine en sequins noirs appartenant à Bram (j'ai l'impression d'avoir la chaussure de Cendrillon). Il doit avoir l'autre...

Bises

Yvno

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« L’observation qui permet d’aller plus loin, qui ajoute au mystère. »

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Hedi Slimane chez Yves Saint Laurent ! Alleluia ! Je vais enfin me racheter des fringues !

Précipite-moi




On crie dans la rue nue, dans la vie nue, dans l’attente nue, on crie « Joyeux anniversaire ». Tout à l’heure, Luigia est allée dans la loge et elle imaginait qu’elle amenait une personne du public et la soignait (« Je m’occupe de vous personnellement »). Je l’entendais parler, heureux de constater que l’acoustique était très bonne (on entendait ce qui se passait derrière le mur). Plus tôt, Laurence Mayor avait dit du Nietzsche – magnifiquement (maison de la Poésie, du 8 mars au 1er avril), j’avais même essayé avec elle l’un des textes dans le bruit des fenêtres ouvertes, le monde de l’Ouest parisien, de la grande richesse, des Champs-Elysées, de l’avenue Montaigne, du Palais de l’Elysée, de la rue sans grâce, de la voiture publique, de la voiture et des klaxons – et Laurence Mayor habitée surnaturellement – et naturellement – par une présence aussi exacte que celle de Rimbaud, celle de Nietzsche, présence au monde. Entre les deux, manger au Victory et revu le jardinier voleur de roses. Plus tard, l’exposition de Yann Kersalé, resté une heure, et puis les lumières de la ville toutes ensuite de Kersalé, car le sol et la nuit noire étaient grise et mouillé. Passé à La Hune, recopié ce poème d’Eluard (tiré de Souvenirs de la maison des fous). C’est pour ce poème que je vous raconte un peu de ma vie d’aujourd’hui :



Le visage pourri par des flots de tristesse
Comme un bois très précieux dans la forêt épaisse
Elle donnait aux rats la fin de sa vieillesse
Ses doigts leur égrenaient gâteries et caresses

Elle ne parlait plus elle ne mangeait plus.

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Précipite-moi

L'Addiction




« La cigarette, ce sont d'abord des chiffres. Des chiffres colossaux. Chaque année, la cigarette tue plus que le paludisme, plus que le sida, plus que la guerre, plus que le terrorisme. Et plus que la somme des quatre. Plus de cinq millions et demi de vies emportées prématurément chaque année. Cent millions de morts au XXe siècle ; sans doute un milliard pour le siècle en cours. »

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Le Monde se contempler




« L'image n'est pas une quelconque idée exprimée par le réalisateur, mais tout un monde miroité dans une goutte d'eau. »

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