Saturday, January 03, 2009

Pierre, dernier jour

« Il fut un temps peut-être où le mot « light » paraissait éblouissant et où le mot « night » sombre et noir. »






« J’ai souvent soupçonné que le sens est quelque chose qui vient s’ajouter au poème. »
La vague du crépuscule… Un lent squelette.






Si je faisais un livre, je l’appellerais Deux garçons et j’y rassemblerais les deux histoires, celle de Thomas, l’été et celle de Pierre, l’hiver (bien sûr, c’est inversé, celle de Thomas est sombre, celle de Pierre, lumineuse).






« Nous savons – moi, en tout cas, je sais – que nous avons entendu des paroles inoubliables. »






Under the wild and starry sky






« Les mots se voient restituer par la vertu de la poésie le caractère magique qu’ils avaient à l’origine. » Le lait de paradise, la rosée de lune de miel.

Jorge Luis Borges parle de cette croyance du lecteur et Samuel Taylor Coleridge de « cette suspension volontaire de l’incrédulité ».

De Quincey disait que toutes les anecdotes sont apocryphes.






4 janv. 09.

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Estando ya mi casa sosegada

Je continue de lire – et de ne pas écrire. J’ai appelé Hélèna, je lui ai laissé un message en miaou – je me demandais si j’allais la rejoindre ou non, tant qu’elle ne me répond pas, c’est réglé. Je n’appelle pas Pierre que je n’appelle jamais, de ce côté, c’est réglé aussi. (Et puis Pierre a d’autres chats à fouetter.) Je me retrouve encore – et dans la joie – seul ! Plus seul que Christine Angot (en mettant c’nom-là, je perds la totalité de mes lecteurs restants – à part Hélèna et Pierre – ne restent donc qu’Hélèna et Pierre, couple impossible).

Bon, je vais arrêter de dire que l’homosexualité est une maladie (là aussi, je perds des lecteurs), disons que l’homosexualité était ma maladie (à peine plus acceptable, je sais bien…) Il y a des choses qui se soignent, c’est ça que j’appelle des maladies, être suicidaire, ça se soigne, c’est même plus facile que l’homosexualité puisque que c’est vital, c’est plus nécessaire, l’homosexualité, comme nous savons, nous pouvons vivre avec. Très bien.

J’aime les blogs – je veux dire : en général – pour soulager un peu la machine. J’aime, par exemple, celui de Christophe Atabekian, beaucoup. Pas que celui de Pierre, non, non. Si Hélèna faisait un blog, j’adorerais – mais elle n’a pas l’temps. Je regrette que tous mes amis n’en fassent pas. C’est vrai qu’on ne s’en sort pas. Et Internet, j’aime Internet ! On y trouve de tels poèmes - comme celui que recopie Pierre sur le mot « emballer » – quel beau poème !

Les planètes s’allument quand mon ordinateur décroche. Les riches ruches des abeilles.

Les planètes rondes et pas tout à fait, les taches dans le ciel et, partout répandues, la couleur, la matière comme des pierres non serties… La traduction littérale est parfois source de beauté.

« La main gauche de l’aube », « la liqueur de la vie » – ne sont que des exemples. Si Dieu condescend à faire de la littérature… Je suis pris par la réalité à cause du dehors…

« Un temps viendra, prophétise Jorge Luis Borges, – et j’espère qu’il est proche – où les hommes n’auront souci que de la beauté et non des éléments circonstanciels de la beauté. »






http://xacha.livejournal.com/
http://guarantyofsanity.hautetfort.com/

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Abdelhak.

Christian.

Nathalie.

Christophe et Ysé.

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Le macho, 4

Est-ce que je me tiens à Hélèna pour vivre mon histoire avec Pierre ? Est-ce que je me tiens à Pierre pour vivre mon histoire avec Hélèna ? Pour vivre plus dignement, plus en accord avec moi-même et Hélèna qui est là, pourquoi pas elle ? C’est une question de tempo, Pierre me place sur un tempo, une vague, c’est l’art… Une rencontre, c’est rare en quantité, mais en qualité, non… En qualité, non, une rencontre, ce n’est pas rare. Comme dit Jorge Luis Borges citant Rafael Cansinos Asséns, on est parfois submergé, écrasé par la rencontre, on peut prier Dieu d’alléger la rencontre. Puisque nous vivons dans le monde de la beauté. L’art advient chaque fois que nous lisons un poème. What a pity we can’t be friends. Pierre vaut pour tous.

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Le poète (the filmmaker)

Dignité de la défaite. – Renverse-moi ! Le poème des Évangiles. On est obligé de faire avec les croyants à cause de ça : on partage avec eux le plus beau de l’humanité. Tant qu’il y aura un seul croyant dans le monde – et pourquoi n’y en aurait-il plus, un jour, jamais un seul ? – nous sommes pieds et poings liés avec lui : sa croyance au poème. Mais je vais écrire maintenant sans but, sans notes, passant du coq à l’âne. Ce que je voudrais écrire, et je vais dédouaner le lecteur de ce blog – s’il en reste – lecteur que je cherche à perdre – c’est toujours la même chose – donc repose-toi, lecteur, vis ta vie, tu n’louperas rien. Tu n’peux pas suivre. Je cherche à te perdre – et s’il ne reste plus qu’Hélèna et Pierre, c’est vous que je cherche à perdre. Mais le blog s’arrêtera bientôt, dans quelques jours. Dieu voulait tout connaître de la souffrance des hommes. On ne saura jamais mieux raconter l’histoire du Christ. Là où je vais, vous n’pouvez pas m’accompagner et j’y vais à chaque seconde – les journées passent si vite – c’est pour ça que les journées passent si vite. Sur ma route, je vous rencontre, vous m’accompagnez encore. Ce n’est pas que vous représentez les prémices de mille et une rencontres que je ferai encore, non, vous représentez, emblématiques, les dernières rencontres, les derniers accompagnements, les plus heureuses, je dois dire.

Les hommes n’ont pas besoin de beaucoup d’histoires différentes. Le personnage se décompose, se défait. Nous sommes ainsi conduits à nous poser une autre question : que pensons-nous du bonheur ? Que pensons-nous de la défaite et de la victoire ? Le Dispariteur disparaît et ce sera difficile d’inventer – dans notre époque, dans notre ère – ce qui apparaît. Après les plages. Sommes-nous incapable de croire au bonheur et au succès ? Pour Marguerite Duras, le bonheur n’existait pas. « Vous savez pourquoi, au cinéma, on n’arrive pas à filmer le bonheur, bonjour ma chérie tu vas bien, les enfants ont passé une bonne journée, etc. ? … Parce que le bonheur n’existe pas. » Pourtant nous sentons poindre l’artifice, ou plutôt la trivialité. Le fait qu’aujourd’hui on invente des intrigues en quantité nous empêche d’y voir clair. Vingt-cinq spectacles pour disparaître, c’est un effet de style. On a pensé à chaque fois que c’était le dernier, on l’a souhaité. D’ailleurs on n’a fait que répondre à des commandes. On a soutenu aussi faire des bandes-annonces publicitaires pour un spectacle futur. Quel sera ce spectacle, bien sûr que nous n’atteindrons jamais, mallarméen ? Un film sans dialogues, sans texte. Uniquement des images, l’enregistrement des images et du son ambiant, du son permanent. Mais revenons à nos idées, l’enregistrement des troupeaux, ça a déjà été fait. She sings, she dances, she dies. How can you resist ? Hollywood. Avec une fin, mais ce n’est pas artificiel, une fin de bonheur. Nous croyons encore en la victoire et au bonheur ! « Marble like solid moonlight », « gold like frozen fire ». Sa provende d’épopées !

Le sens éthique, du bon et du mauvais. La disparition du personnage. Nous ne le connaissons pas. Nous ne le ressentons pas. Ni lui ni Hélèna ni Pierre, vous ne les ressentez, c’est pity.

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… que le toit de la remise a fui…

J’ai honte, je suis quand même amoureux de Pierre… J’ai beau faire semblant que non… l’originalité de la relation… comme dit Roland Barthes dans une note de Pierre qui semble définitive… – et, en effet, c’est ce que j’ressens : je vois gros comme une maison la déclinaison du dictionnaire amoureux de Roland Barthes : de ça on passera à ça puis à ça puis à ça. Passion simple ! La seule chose que je trouve originale dans cette histoire, c’est que je me sens plus proche d’Hélèna que jamais, et amoureux d’elle, disponible… Est-ce que Roland Barthes en parle de ce phénomène ? Ce serait possible… si intelligent. Je n’ai pas lu Fragments d’un discours amoureux (sauf par extraits) parce qu’à la fac, je faisais une UV sur l’écriture amoureuse et qu’on nous avait déconseillé de puiser là-d’dans, je ne sais plus pour quelle raison, sans doute pour nous inciter à aller voir des ouvrages plus théoriques (y compris de Roland Barthes, bien sûr) – et qu’ensuite Marguerite Duras – dont j’avais fait la connaissance – détestait tellement Roland Barthes qui une fois avait été maladroit avec elle (il lui avait dit : « Pourquoi n’écrivez-vous plus dans le style si charmant de vos premiers romans ? », quelque chose comme ça) que ce monsieur homosexuel qui ne comprenait rien aux femmes (à part sa mère), c’était terminé (elle en parle dans Yann Andrea Steiner) ! En tout cas, qu’un amour extérieur puisse servir à raviver le désir dans l’couple, Marguerite Duras, elle en a bien fait l’tour, de ça ! On pense beaucoup à Marguerite Duras, en c’moment, à cause de la beauté de Paris, la lumière, l’hiver, le soleil, le « graphisme des arbres » et l’émerveillement de Duras, pour moi inoubliable, devant les beautés de Paris, l’émotion de Paris, le bateau de Paris-Lutèce autour et sur la Seine (comme le « bateau du temps » dont parlait Philippe Sollers l’autre jour à La Hune). Hélèna fait remarquer à quel point les femmes écrivains (qui marchent), en c’moment, sont fabriquées sur le modèle de Duras, on ne trouve que des exemples dans ce sens et j’en trouve seulement un à part : Virginie Despentes.



Toi musique à entendre, pourquoi entends-tu la musique tristement ?
Douceur et douceur ne se font point la guerre et la joie dans la joie trouve contentement


(William Shakespeare, Sonnets, traduction Pierre-Jean Jouve.)





3 janv. 09.

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