Monday, January 03, 2022

L e plus con des Suisses pro-chinois


« Oui, je sais ce qui t’intéresse. Ce qui t’intéresse, c’est vivre comme tu as vu faire au cinéma. Mais, ça, c’est impossible. Regarde, dans la vie, on oublie ses clés, on prend l’autobus, on va acheter du pain. Dans la vie il n’y a pas de voix off qui vient de nulle part pour te dire : « Anne aimait Jean-Luc ». Mais non, dans la vie, tu « n’aimes » pas Jean-Luc ; tu fais autre chose, tu manges, tu vas au cinéma, tu vas aux Galeries Lafayette, mais, si tu m’aimes, tu fais ces choses différemment. Et tu les fais différemment justement parce que tu m’aimes. Et tu n’as pas besoin qu’une voix off te le raconte. » 


« Je suis peut-être pas ministre des Affaires étrangères, mais j’ai le droit de m’intéresser aux gens. 

— Oui, mais enfin, nous, ce qu’on vous demande, c’est surtout de les intéresser, les gens, enfin, avant, de vous intéresser à eux, je veux dire »


JL G. « Je n’aime pas les vieux ; alors, forcément, quand c’est moi le vieux, je ne m’aime pas »


« Godard : le plus con des Suisses pro-chinois »


(Dziga Vertov) « Un cinéma sans scénario, sans acteurs, sans théâtre et sans la littérature.  — Sans spectateurs aussi, hein ? — Bon, arrête ton humour, s’il te plaît. »

 

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P romesse d’un enfer


« Puisque le communisme s’est échoué et que les élites libérales ont trahi, assurent Bruno Latour et Nicolas Schultz, les écologistes peuvent prendre le relais. » 

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« Vous n’êtes cependant pas favorable à la décroissance, mais à la prospérité. Quelle est la différence ?

C’est un cas typique où une idée juste est annulée par le manque de soin dans le choix des mots – et des affects qui leur sont associés. « Croître », mais c’est un mot magnifique, c’est le terme même de tout ce qui est engendré, c’est le sens de la vie même ! Rien ne me fera associer « décroissance » avec un quelconque progrès dans la qualité de vie. Je comprends ce que veulent dire tous ces gens formidables qui s’emparent du terme, mais je crois que viser la « prospérité » est quand même préférable. Or prospérer, c’est justement ce que l’obsession pour la production destructrice rend impossible pour la plupart des gens. 


Comment la nouvelle classe écologique peut-elle gagner la bataille culturelle ?

Justement en s’intéressant un peu au choix des mots ! Regardez comme les libéraux ont été malins en inventant l’idée d’un individu libre et calculateur qui maximise son profit personnel. Est-ce que ce n’est pas enthousiasmant ? Ou comment les néofascistes prétendent définir une nation par ceux qu’ils excluent des frontières ? Ça capte des énergies puissantes. L’écologie ennuie, ou prêche. Elle est imbibée de moralisme. Elle n’enthousiasme pas assez. Elle ne mobilise pas. C’est pourquoi on la dit « punitive ». Mais ce n’est pas inéluctable. Il faut travailler les affects. C’est un énorme travail, mais c’est ce que les libéraux et les socialistes ont su faire en leur temps.


Pourquoi l’écologie politique oscille-t-elle, selon vous, entre la panique, le moralisme et l’ennui ? Est-ce parce que les écologistes sont largement absents de la scène artistique et culturelle ?

Je pense que c’est lié, en effet. L’art écologique, sauf rare exception, est un mélange de moralisme et de bons sentiments. Alors que, au même moment, les écologistes sont pris entre des menaces en effet terrifiantes que déversent sur les populations les résultats des sciences naturelles. Du coup, nous ne sommes pas capables de métaboliser ces nouvelles terrifiantes. C’est cela, à mon avis, qui rend apathique, pour revenir à votre première question. » 

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D ans le désert inattentif


« Everybody write when they’re young »


« Et une société projetant toujours plus de changement, de futurisme, de virtualisme, de déconnexion des réalités » 


« L’instant redéfinit, on repart de zéro tout le temps, sinon c’est un cauchemar »


« il n’y a pas un seul sens de l’histoire, on redécouvre la multiplicité des possibilités de « vivre bien » » 


« Nous ne sommes plus des humains dans la nature, mais des vivants au milieu d’autres vivants »


« le système de production est devenu un système de destruction »


« Où et comment ?

Que faut-il vivre ? 


Et à quoi bon écrire des livres 

Dans le désert inattentif »



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L es Réseaux sociaux


« Pascal faisait de la société un théâtre où chacun craint que les autres ne jouent pas le jeu : à tout moment, ils peuvent ­révéler notre misère fondamentale. Penser, dans ces conditions, c’est se reconnaître vulnérable. »


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Tiens, un beau poème de Walt Whitman :

A Clear Midnight

This is thy hour O Soul, thy free flight into the wordless,
Away from books, away from art, the day erased, the lesson done,
Thee fully forth emerging, silent, gazing, pondering the themes thou lovest best,
Night, sleep, death and the stars.



(Voici ton heure, mon âme, ton envol libre dans le sans-mots
Livres fermés, arts désertés, jour aboli, leçon apprise,
Ta force en plénitude émerge, silencieuse, admirant, méditant tes thèmes favoris,
Nuit, sommeil, mort et les étoiles.)

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L es Situs


« Exagérer, c’est commencer d’inventer » 

« N’allez pas si mal » 

« Chassez le flic de votre tête » 

« Tu n’as aucune chance, saisis-là » 

« Même si Dieu existait il faudrait le supprimer »

...


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S tar


« Je ne veux pas être une réalité dans la vie des autres, je veux être comme une apparition, apparaître et disparaître » 


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E ntre les deux


« Le réalisme essaye de voir la vie ni plus mauvaise ni meilleure qu’elle n’est. »

« Je veux représenter le monde ni pire ni meilleur qu’il est. »


« Je représente le monde tel qu’il est, mais je ne l’accepte pas pour autant. »


« restituer l’ensemble de l’expérience humaine »

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T otale innocuité du genre


« Je me plains pas du fait qu’un livre n’a jamais changé le monde, enfin, qu’un roman n’a jamais changé le monde, quoi. »

« Les gens vont juste lire des livres. »


« ce que je demande moi aussi à la lecture, c’est-à-dire offrir une alternative au monde »


« c’est ça la puissance de la littérature, hein, c’est pas… Elle est énorme (parce que je pense pas qu’autre chose qu’un livre pourrait produire ça), mais elle incite pas à changer le monde, non »


« Les Occidentaux contemporains ne parviennent plus à être des lecteurs ; ils ne parviennent plus à satisfaire cet humble demande d’un livre posé devant eux : être simplement des êtres humains, pensant et ressentant par eux-mêmes. »


(Un outil de déconnection par rapport au flux)

« Il faut être seul à certains moments. Et le livre permet ça. Je prends un livre, je lis, quand je veux j’arrête — et je fais autre chose, enfin, je suis pas relié à un flux. Et c’est vrai que… Je parle de tout ça, mais, en fait, tout ça, dans une certaine mesure, a déjà été exploré par les auteurs de science-fiction d’il y a cinquante ans : les êtres qui sont incapables de sortir du flux, qui sont incapables d’être, en fait. »


« Je peux dire un truc un peu théorique ? Un autre auteur dont je n’ai pas encore parlé, et ce n’est pas absolument pas normal, c’est Schopenhauer ! Schopenhauer [1788-1860] distingue trois catégories de tragédie. Celle où la situation tragique est créée par des circonstances exceptionnelles ; celle où elle est créée pas des personnages d’une exceptionnelle méchanceté ; et enfin celle où ni les circonstances ni les personnages ne sont exceptionnels, mais où la tragédie est produite par la simple existence des choses. Une situation tragique qui suppose des personnages plutôt sympathiques, de bonne volonté, voilà ce qui lui paraît la forme suprême de tragédie. Et je suis entièrement d’accord ! »


« On n’arrive jamais à imaginer à quel point c’est peu de chose, en général, la vie des gens, on n’y arrive pas davantage quand on fait soi-même partie de ces « gens », et c’est toujours le cas, plus ou moins. »


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J ean Birnbaum, qui es-tu ?


Je voudrais bien connaître le chaînon manquant entre la vidéo de Jean Birnbaum à la sortie de Soumission et maintenant son long article tout sucre tout miel pour la sortie de Anéantir, style « J’ai rencontré Michel Houellebecq pendant cinq heures sur son lit ». La prise de parole  du directeur du « Monde des livres » dans une vidéo toujours visible m'avait traumatisé, il accusait Michel Houellebecq quasi d’avoir écrit Mein Kampf ou peut-être d’être un violeur d’enfant. Elle était d'une surnaturelle bêtise. Je me souviens avoir pensé à l’époque : « Mais comment est-ce possible ? Jean Birnbaum doit bien imaginé que cette vidéo où il s’engage de cette façon si personnelle, solennelle et outrée restera sur le Net ; ne peut-il pas imaginer qu’un jour il en aura honte ? » Eh bien, si ce moment a eu lieu, il m’échappe. Michel Houellebecq avait ensuite refusé d’accorder le moindre entretien au « Monde » et demandé à ses proches de ne pas répondre non plus. Et, là, tout le monde est réconcilié à se lécher la bite. Un contraste invraisemblable, proustien. Qui connaît ?