Wednesday, March 18, 2020

S henanigans


Greetings, mon frère,
J’espère que tout va bien.  Thank you for the photo with one of « your kids » — yes, you did it smartly, skipping over the rough years!
How are you coping with the virus?  Do you practice social distancing?  After a week of panic shopping and empty shelves, we are holed up in our new apartment. I'm recovering from some kind of infection; symptoms similar to Corona (a light form, in any case), but it’s still impossible to get tested in this Great America.  I’m assuming my infection is stress related.  I had to stop reading the news.  Too much anxiety and then the constant lies from the government: « I think that we’re doing a great job » (DT yesterday).
My university is closed for the remainder of the term.  We teach remotely, online.  It’s very challenging, but it beats sitting on a train and subway with a thousand coughing and sneezing people.  I’m glad I get to have a job.
Your work must have died down at the moment.  I can imagine that this is a very difficult period for you.  I hope you and your loved ones are okay!
Bises,
M.

Ça me fait tellement plaisir de tes nouvelles de l’autre côté de l’océan ! Même si elles sont très semblables aux miennes pour le moment, je ressens ta délicatesse…
Pareil, l’impression d’avoir les symptômes du corona, rhume et un peu de fièvre, ce soir — aussi ma copine coiffeuse tousse beaucoup. En panique, quand les rumeurs de confinement me sont parvenues — et donc à peine rentré à Paris parce que je jouais encore samedi soir à Dijon (l’un des rares sinon le seul spectacle encore programmé en France) — je suis venu ici à Nantes, chez elle. J’aurais voulu aller plus loin, sur une île, même seul, mais je n’ai pas eu le temps, les bateaux ont été rapidement fermés — beaucoup de gens avaient cette même idée — et ça a été trop tard. Ici, au moins, il y a ce petit jardin et l’air est meilleur qu’à Paris (même s'il y a moins de pollution, on me dit, à Paris, désormais). 
Pour le moment, je suis un peu démoli par la situation, l’absence (ou la réduction, disons) de la liberté. Hier, nous nous sommes encore promenés, elle et moi, le matin, puisque le confinement n’était qu’à partir de midi, et puis ça a traîné parce que, dans la ferme dont on était venu voir les animaux, on nous a invités à déjeuner, il faisait très beau — le printemps a ici trois semaines d’avance — et puis, ensuite, après déjeuner et munis d’un faux justificatif (si on nous arrêtait) disant que nous étions venus confier notre cheval (son nom : « Saint-Pilou ») au centre d'équitation pendant le temps de la quarantaine, nous sommes allés voir le marais inondé (photo) et puis la Loire qui est toujours si belle en toute lumière — j’aurais tellement aimé une maison sur la Loire ! là, j’aurais pu rester pendant des siècles à attendre la fin du monde, c’est un fleuve si vivant ! Une merveilleuse journée. Nous ne nous sommes pas fait arrêter. Mais, maintenant, la propagande progressant, c’est plus difficile de trouver une raison d’aller dans la nature (même si, c’est idiot, parce que, dans la nature, il n’y a justement personne à contaminer). Je suis sorti en ville tout à l’heure à vélo (chercher les journaux, quelques courses), mais c’était très oppressant, la ville aurait dû me paraître belle, completely empty, mais c’était oppressant, la peur d’être abordé, repéré par une des voitures de police qui patrouillaient...
Autre nouvelle : ma mère a la maladie d’Alzheimer, elle décline vite, nous reconnaît encore, est contente quand nous y sommes, mon frère et moi — mais nous ne pouvons plus la voir pour le moment, trop dangereux pour elle qui est trop faible…
Oui, je n’ai plus de travail. Les usines d’ours en peluche ou de stores électriques fonctionnent et les transports en commun pour y amener les ouvriers aussi (c’est là que le virus s'attrape), il ne s’agit donc pas d’un « confinement » total, mais, comme l’a dit notre président, tout ce qui est « non essentiel à la vie de la nation » est bloqué (c’est-à-dire pas les usines d’ours en peluche, mais les librairies, les spectacles, la liberté). Je rêve d’aller voir la mer (pas loin), mais l’angoisse d’avoir à franchir d’éventuels barrages policiers sans justification autre que « voir la mer »... L’idée du cheval n’était d’ailleurs pas la mienne, elle nous a amusés, mais je ne suis pas très fort en magouilles et la coiffeuse a maintenant décidé de rester dans les clous. L’Etat sécuritaire est partout dans le monde, dictature ou démocratie, Chine, Etats-Unis, France… 
Mais nous devons, même avec cette sinistre fin de l’homme, inventer jusqu’au bout — notre bout, en tout cas — de vivre… (et ton amitié m’aide).
Je t’embrasse, mfr, 
Yvno
Lectures récentes sublimes : Nabokov, spécialement Ada ou l’ardeur 

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