Sunday, October 04, 2020

L e Roman


J'ai rêvé que je te rencontrais par hasard en Angleterre, dans une fuite en avant. On te chassait d'un lieu alternatif Khmers verts où tu avais déjà squatté un bon moment (où j'arrivais). Tu visais L. A. ensuite. Tu étais beau, mais changé. Bronzé, anglais, plus mûr, comme « retour des pays chauds » (Mauvais sang). Je te disais encore avant que tu disparaisses : « Pas de désespoir amoureux », ce qui mettait les larmes à tes beaux yeux de Lawrence d'Arabie. Cela correspond-il exactement à ton état réel actuel ou bien cela va-t-il mieux ? (ou pire)




J'aime quelqu'un — qui ne me répond plus. Mais j'en sais assez sur lui pour commencer un roman. C'est même mieux qu'il ait disparu. J'ai rêvé de lui ce matin. À cause de ce rêve et de cette disparition — et de tous le reste —, je vais commencer un roman. Je ne dirais pas son nom, pas tout de suite, peut-être même jamais. Call me Ishmael. Call him ce que tu veux. (Si je peux me permettre, lecteur, le tutoiement.) 

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N ostre grand et glorieux chef-d'oeuvre, c'est vivre à propos


« Montaigne a cette sublime intuition à la toute fin des Essais, dans le chapitre sur l’expérience, il dit : « Quand je danse, je danse, quand je dors, je dors ». Autrement dit : je suis tout à moi à l’instant où j’agis. Et c’est le même homme qui ne peut pas se connaître lui-même, qui refuse de se connaître lui-même, dont l’entreprise de se connaître lui-même est une tâche infinie et pourtant quand il marche, il marche. Il arrive à être le contemporain de lui-même. En somme, c’est toute la différence entre se prendre pour quelqu’un et vivre pleinement ce qu’on est en train de vivre. »


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On a été... dur avec ton génie...!

Mais... Marie Colin et Chris Dercon se sont agenouillés devant ton talent :-)...

Merci du merci,

On a tous besoin de ton art, n’abandonne jamais.

Bobby chatz


Ah, mais non, tu n’as pas été dur du tout, c’était super de m’engueuler (si peu). Ça a été salutaire, ça m’a permis d’y croire un peu plus, d’affirmer un peu les choses et de rassembler cette base de texte, j’étais content ! Tu m’as donné la liberté, au contraire. (Si on ne disait jamais rien, ce que je fais n’aurait malheureusement qu’un devenir maniériste…)

Bisous,  

YN

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B arthes, Bouquet


 « Roland Barthes disait cette chose très belle : « Quand je reçois un manuscrit qui n'est pas édité, j'ai peur. Parce que qu'est-ce qu'un manuscrit ­sinon un paquet de désir et que peut-on faire du désir de l’autre ? »


« Michel Bouquet a dit la grande phrase, il me l'a confiée il y a trente-cinq ans. Tout le monde la récupère, mais les droits d'auteur, c'est lui. « N'oublie jamais que le public ne vient pas te regarder jouer mais vient jouer avec toi. » Cette phrase-là, c'est toute la différence entre quelqu'un qui démontre sa qualité et celui qui insuffle quelque chose dans l’âme. »  


« « Demain il faut restituer la même chose », dit encore Bouquet. »

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La banane (et les yeux brillants) pendant 1h26, un dimanche soir d’une relative dépression d’automne, en 2020 en découvrant le film magique City Lights (sur Netflix). Mon grand-père racontait qu’il l’avait vu sur les Champs-Elysées à sa sortie, lui de passage à Paris…


« You've made a believer out of me »

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 « Pour lui, la force de l'histoire est telle qu'il est illusoire de vouloir changer une société. »

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 « Dans la galaxie du Tourbillon, à 28 millions d'années-lumière d’ici »

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 Photo de Dominique Issermann

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m ediation@carreaudutemple.org


Je fais, cette saison, aidé par les circonstances je dois dire, mais il faut toujours s’aider des circonstances, des « spectacles immédiats ». C’est-à-dire, ça a toujours été le but, mais, là, c’est plus radical encore : c’est prêt — dès le premier jour. Un plateau vide, un théâtre sublime, la lumière, l’air : c’est fait. Ce sera le cas à Lausanne, on installe la lumière (avec Philippe Gladieux) la semaine prochaine et le spectacle sera immédiatement là avec qui veut, qui passe, qui rencontre, qui respire, qui « désire » (comme on dit en psychanalyse). Ici, à Paris, au Carreau, c’est encore plus net, plus rapide, puisque c’est en lumière du jour et dans la Grande Halle. C’était hier samedi 3, la deuxième « étape de travail ». Moi, j’appelle ça « représentation ». Je dis : « On n’est pas sûr qu’il y en ait d’autres, considérez l'aujourd'hui, le « vierge, le vivace et le bel aujourd’hui », comme exactement LA représentation. J’ai été seul spectateur la première fois (19 septembre), c’était si bon mais assez égoïste ; maintenant j’ouvre à mes amis les plus chers, comme, ici, Dominique Issermann qui ne s’est pas empêchée, c’est plus fort qu’elle, de faire quelques photos. Je ne sais pas quand seront (si elles ont lieu) les prochaines « séances ». Ecrire à mediation@carreaudutemple.org pour qu'on vous tienne au courant. D'autres renseignements sont également sur le site du Carreau du Temple...

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Photos de Dominique Issermann
 

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Détective (en ce moment sur Netflix) est mon film préféré de Godard — est-ce parce que je n’aime pas tant que ça Godard ? J’apprends que c’est un film de commande non écrit par lui. Il faudrait que j’en revois d’autres, A bout de souffle, par exemple, ça doit être pas mal. (Etc.) Je vous salue Marie, etc. Mais je n’ai pas pu revoir Pierrot le fou, Karina souffre trop, prisonnière (de son amour). Belmondo est irrésistible, mais il profite de la souffrance de Karina pour affirmer sa liberté (lui, il ne couche pas avec le réal’). C’est hard, je trouve. Pourtant le début est magnifique… Dans Détective tout est nul, mais dans une unité fabuleuse, fascinante, c’est comme l’India Song de Godard, ce film. Les acteurs arrivent à être dans le même ennui du début à la fin du film. L’unité de lieu est sublime ; évidemment ça doit aider — comme un documentaire sur cet hôtel, cette époque, ce moment, ce quartier, cette ville, « car les grandes villes, Seigneur, sont maudites », sur cet hôtel (à ce moment) dans lequel on a juste ajouter des acteurs pour faire peut-être, là-aussi, non pas un film, mais un documentaire sur un film. On sent que l’hôtel continue de vivre comme si de rien n’était, que le monde continue d’aller à sa perte : la seule politique, comme disait Duras. Je pourrais regarder ce film pendant des heures (c’est ce que je fais), il est mortellement ennuyeux et mortellement décevant — comme un chef d’œuvre. Je veux dire : incompréhensible, oui, comme un chef-d’œuvre… 


D imanche


Un mot pour te dire, chère Maïa, que je pense à toi et qu’hier s’est très bien passé. Il me semble que nous étions à peu près le même nombre que pour la première fois (une soixantaine, donc), certains qui revenaient, d’autres qui arrivaient (comme c’était prévu). Il faudra les suivre de près pour les aider à ne pas lâcher. Pour certains, c’est très clair, ce qui se révèlent pour eux, là. Pour d’autres — dont le « désir » lacanien est moins lisible —, c’est plus flou. Pourtant c’est beau, ces gens...

T’embrasse, 

Yves-Noël 

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