Wednesday, December 07, 2022

Je me disais que, puisque j’en avais fini avec mon théâtre, j’allais retourner avec François Tanguy faire les plus beaux spectacles du monde (après ceux de Grüber), mais, ça aussi, c’est fini. Il vient de mourir. Arrêt cardiaque. Septicémie. C’est terrible comme je découvre la mort, en ce moment. C’est cela, le réel ? On est à peine vivant, à peine joyeux, à peine commençant comme une journée de décembre qu’il faut déjà mourir. Comme la vie est courte et pourtant riche et comme la mort est pauvre ! François était l’une des deux personnalités les plus intelligentes que j’ai jamais rencontrée, celles qui m’ont aidé par leur intelligence, « aidé » n’est pas le mot — il s’agissait d’une vie portée, emportée, envolée avec lui comme tapis volant… Quand je travaillais avec lui, il m’arrivait certains soirs, seul, de pleurer de joie du bonheur et de la consolation qu’il m’avait procuré. Avez-vous déjà pleurer de joie à ce qu’il vous arrivait ? C’était mon cas avec François Tanguy, ce grand frère d’une infinie mansuétude. François Tanguy allait presque toujours très mal et finalement traversait la souffrance, ce qui laissait croire à une certaine éternité, puisque à chaque fois il ressortait vainqueur comme si sa souffrance n’était que du cinéma. Mince, c’est jeune pour mourir… C’est parfois vieux pour mourir, mais, lui, c’est jeune comme James Dean… Et puis les poèmes, on ne pourra plus les lire ? Non, on ne pourra plus. C'était pourtant la plus belle poésie. Le nouveau spectacle, PAR AUTAN devait se jouer demain au théâtre de Gennevilliers et je me réjouissais de le voir et de le jouer. Toute mon affection à mes compagnons, frères et sœurs du théâtre du Radeau 

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U n philosophe aujourd’hui oublié


« Un philosophe aujourd’hui oublié, Paul-Louis Landsberg avait définit en 1937 l’engagement comme la décision pour une cause imparfaite. Malheureusement la définition de Landsberg a été recouverte et forclose par celle de Sartre ; l’engagement, selon Sartre et selon tous les intellectuels avec lui, c’était la décision pour une cause juste. La décision pour une cause juste, dans le cadre d’une histoire dominée par la lutte des classes. La cause juste, c’était celle des déshérités face aux possédants, aux nantis et aux exploiteurs. Cette vision des choses a été mise à mal par l’expérience totalitaire. Pour des raisons qu’on peut bien comprendre. Sous le choc de la dissidence, sous le choc aussi de la parution de L’Archipel du goulag qui s’est vendu en France en quelques années, je crois, à deux millions d’exemplaires, les intellectuels ont été ébranlé. Nul ne s’est dit qu’il possédait la justice, on a même pensé que cette croyance-là pouvait faire naître le pire et donc la discussion a repris. » 


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