Monday, May 19, 2025

Je soulignais des mots… « crainte obsédante »… « sentiment d’une écrasante responsabilité ». Il y avait la résonance du monde qui parfois me mettait à bas. La veille, une journée merveilleuse…
Ils émergèrent sur une route baveuse
Il fallait me traîner dans la vie, mais la formule, l’incantation recopiée de Caspar David Friedrich me revenait soudain pour me sauver :
« Je dois m’abandonner à ce qui m’entoure, je dois me confondre avec mes nuages et mes rochers pour être ce que je suis »
En effet, CDF ne savait pas peindre la figure humaine
Le matin, je ne ferme pas les volets, je me réveille dans la lumière qui est mon creux
Quand Legrand n’est pas là, Bobo prend sa place dans mon cœur
Et réciproquement
J’aurais aimé que l’un fut mon mari et l’autre mon amant. Ils l’étaient, les rôles jamais vraiment définis
Bobo et Legrand étaient 2 entités
Si j’en étais privée, est-ce que j’en mourrais ?
J’avais écrit sur la dernier page d’un livre effrayant :
« Le calme seulement long seulement loin »
 
Je relisais les Evangiles
Je pouvais vous parler comme ça pendant des heures

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Je relis Guillaume Dustan réédité en poche
J’arrive à la page où il écrit : « Jamais je ne vieillirai »
C’est comme un vers de Paul Eluard
Un jour sur deux, je vis. Je ne sais pas comment font les autres
C’est un livre avec des pages blanches au milieu. C’est parce que le narrateur a pris de la drogue et qu’il ne se passe plus grand chose (il s'est affalé sur un canapé, il dort un peu). Et puis ça reprend pour un peu
L'épuisement de la nuit

Dans la première de ses Leçons américaines, Italo Calvino dit qu’il a tenté, au cours de sa vie, d’« ôter du poids aux villes »

« réminiscence de la poésie »

 
Parfois
La sensualité éclatait 

Le monde du manque n’est pas le monde
Allez souffrir, allez savoir

J’étais — et suis toujours — enfermée par ma mère dans un savoir-château dont la clé a été jetée dans le puit dont, dans mon enfance, on tirait de l’eau. Je demandais à mes interprètes — c’est-à-dire des gens que j’admirais profondément — de faire que le spectacle soit comme une « leçon de liberté » offerte aux spectateurs ; il fallait que ces interprètes offrent en exemple leur capacité à « se libérer ». De faire non pas ce qu’ils voulaient, mais ce qu’ils pouvaient. Je le répétais : « Ne faites que ce que vous savez faire ». Se libérer de quoi, je ne savais pas trop (je n’aurais pas pu le dire), mais, dans ma biographie, je le sais : de ma mère. De ma mère ancienne. Dangereuse personne privée désaxée… Je rencontre Laurent au café Les 2 gares qui me dit que la vieillesse a rapproché sa mère de lui, la lui a rendue affectueuse, qu’ils rient ensemble alors que ce n’était jamais arrivé. Oui, il s’agit que les mères vieillissent pour leur donner une chance. Les mères ratées sont des petites filles maudites (elles ne grandissent jamais), mais la vieillesse, la maladie, leur donnent une seconde chance (et à leur progéniture aussi). J’aime beaucoup (depuis toujours) les vieilles dames (Laurent aussi). Les grand-mères sont meilleures que les mères. Je leur disais aussi : « Soyez les publicités de vous-même ». Oui, j’avais besoin que les interprètes soient phénoménalement épanouis, en roue libre, en instinct de liberté. En volonté de puissance, aurait dit Friedrich Nietzsche, ou volonté de plaisir

« le cœur empli moitié de jeux enfantins, moitié de Dieu »

« Mais qu’ai-je fait de ma vie, pensa Mrs Ramsey »
 
Un bébé pleure dans la rue
C'est la joie des fenêtres ouvertes


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