Wednesday, May 19, 2021

S imuler


Tiens, je tombe sur cette formule (mais de qui, je ne sais plus) qui me fait penser à tes projets (que j’espère éternels) : « une fête qui est simulation de l’éternité ». 

Bises, 

Yvno 

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L e Minihi


« Saint Yves était l'objet d'un culte encore plus populaire. Le digne patron des avocats est né dans le minihi de Tréguier, et sa petite église y est entourée d'une grande vénération. Ce défenseur des pauvres, des veuves, des orphelins, est devenu dans le pays le grand justicier, le redresseur de torts. En l'adjurant avec certaines formules, dans sa mystérieuse chapelle de Saint-Yves-de-la-Vérité, contre un ennemi dont on est victime, en lui disant : « Tu étais juste de ton vivant, montre que tu l'es encore », on est sûr que l'ennemi mourra dans l'année. Tous les délaissés deviennent ses pupilles. à la mort de mon père, ma mère me conduisit à sa chapelle et le constitua mon tuteur. Je ne peux pas dire que le bon saint Yves ait merveilleusement géré nos affaires, ni surtout qu'il m'ait donné une remarquable entente de mes intérêts ; mais je lui dois mieux que cela ; il m'a donné contentement, qui passe richesse, et une bonne humeur naturelle qui m'a tenu en joie jusqu'à ce jour. Le mois de mai, où tombait la fête de ce saint excellent, n'était qu'une suite de processions au minihi ; les paroisses, précédées de leurs croix processionnelles, se rencontraient sur les chemins ; on faisait alors embrasser les croix en signe d'alliance. La veille de la fête, le peuple se réunissait le soir dans l'église, et, à minuit, le saint étendait le bras pour bénir l'assistance prosternée. Mais, s'il y avait dans la foule un seul incrédule qui levât les yeux pour voir si le miracle était réel, le saint, justement blessé de ce soupçon, ne bougeait pas, et, par la faute du mécréant, personne n'était béni. »

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J ésus revient aujourd'hui


Saint-Yves. J’avais donné un spectacle, une année du monde d’avant, à Rennes, pour la Saint-Yves qui s’appelait Jésus revient en Bretagne (sous-titré : Miracles en direct !). On pouvait y voir mes parents mimer leur rencontre amoureuse à quatre pattes comme s’ils étaient des animaux (il me passe des choses par la tête, des fois, mais c’était très beau). Il y avait Guillaume Allardi qui disait un bout de texte que j'avais écrit si incroyablement bien que j'ai cru un moment que j'étais écrivain. On y voyait des photos d’enfance, des diapos de mon père, en Bretagne, dans le Jura, autour de la caravane, ô, enfance ! J’ai de nouveau eu un flash de cette enfance retrouvée (à volonté) en voyant l’autre jour (ou était-ce une nuit ?) un train, peut-être le train espagnol, qui ressemblait à un train jouet exactement les sensations, la madeleine, etc.

Il y a quelques jours, j’ai reçu cet email de mon frère : 


« On constate, en effet, que Jésus réalise très peu de choses : son rôle est d’abord de donner aux autres l’idée et l’imagination de faire. » 

Cette phrase issue d'un article du Monde m'a fait penser à ce que tu dis de ton travail.

Donc Jésus est revenu en Bretagne, tout compte fait.

Bise.


Dans l’interview du Monde que, finalement, je trouve en entier (parce que Cyril, à Quiberon, m’a donné le code d’accès qu'il utilise), je trouve ceci : « L’essentiel du message évangélique tient, à mon sens, dans l’affirmation d’une reconnaissance inconditionnelle que Paul appelle « grâce ». Blaise Pascal distingue, dans un célèbre passage des Pensées, la personne, le moi, de ses qualités : c’est précisément la reconnaissance de l’être au-delà des « qualités empruntées » que prône l’Evangile. Je pense que la beauté de la vie tient à cette gratuité et qu’on l’escamote si l’on commence par affirmer des droits. Nous sommes d’abord là par ce qui nous est donné, et c’est, de ce fait, un réseau de confiance et de reconnaissance qui nous constitue. » 


Et : « Le christianisme ne se définit pas comme une religion, mais comme une foi. Cependant, si vous posez la foi comme thème central, la question de son contenu survient immédiatement. Or, je crois que l’Evangile de Marc ne pose pas la question du contenu, mais d’abord de l’attitude, dont la notion de confiance constitue la substance. C’est cette valeur que met en évidence la guérison du paralytique (Marc 2, 1-12) : a-t-il ou non assez confiance pour se lever ?

La confiance est ce qui permet d’imaginer l’inimaginable. Comme le premier mot de cet Evangile, « commencement » : poser qu’un commencement est possible au milieu d’une vie, au milieu de l’histoire, je trouve cela complètement fou. C’est pour cette raison que j’ai adopté le terme de confiance, qui émerge comme une réponse à cet événement initial. »


Et, en effet, le passage relevé par mon frère : « Vous soulignez également la passivité de Jésus dans cet Evangile…

— On constate, en effet, que Jésus réalise très peu de choses : son rôle est d’abord de donner aux autres l’idée et l’imagination de faire. La femme qui perd du sang entend seulement parler de lui, et c’est par la confiance qu’il lui inspire qu’elle passe d’un statut de victime à celui de sujet agissant, pour aller toucher ses vêtements et obtenir la guérison. Sa présence bouleverse le regard sur nous-mêmes et le monde, d’où l’importance des verbes de vision chez Marc. »


Puis : « Cette relecture littéraire du récit de Marc ne montre-t-elle pas, finalement, que sa plus grande découverte est celle de la vie intérieure ?

— J’y souscris très volontiers : cette attention à la vie intérieure est nouvelle. Le terme d’âme, qui joue un rôle important chez Marc ainsi que chez Matthieu, fait écho à une nouveauté introduite juste avant par Paul : la conscience de l’individu dans le fait qu’il dispose d’une histoire spirituelle propre.

Cette notion de vie intérieure se développera ensuite tout au long de l’histoire occidentale, jusqu’à devenir un sujet critique à notre époque où le consumérisme semble laisser peu de place à cet épanouissement intérieur. L’Evangile de Marc porte en cela un message qu’il faut savoir écouter, car de plus en plus de personnes sont de nos jours à la recherche d’un ressourcement intérieur dans la conscience d’eux-mêmes et de leur vie. »

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