Tuesday, July 07, 2020

R efus


Ah oui, c’est déprimant, mais il faut re-la-ti-vi-ser… On sait faire de la beauté avec l’échec… Et c’est tellement merveilleux d’être refusé, au fond… C’est ce qui pourrait m’engager le plus à faire des dossiers et des dossiers : être refusé. Les portes fermées. Les portes s’ouvrent, c’est inattendu, mais on est presque triste parfois, de ce naturel… Avoir une vie… Rien n’est dû. Eux croient qu’ils font du bien à des gens. Nous, nous savons que c’est du vent…
J’ai rencontré un type assez génial, Gérard (son nom m’échappe) qui a fondé les éditions Allia. Il m’a dit qu’il n’a jamais demandé de subvention ou d’aide à personne. Rester indépendant. Il dit que c’est pour garder un rapport avec le réel. Editer des livres. Si ça n’intéresse personne, c’est qu’il y a un problème. Un modèle. 
Il faut peut-être rebondir sur Frank Lamy, non ? Lui dire : on a été refusés, pourtant ç’aurait été bien pour lancer le livre. Est-ce que tu peux prendre le relai ?
Yvno

Tiens, Jocelyn, aujourd'hui, je tombe sur ça dans un article sur Internet à propos de Beckett, une lettre à Beckett : « J’adore quand chez vous, dans Godot, Estragon dit : « On trouve toujours quelque chose, hein, Didi, pour nous donner l’impression d’exister ? », et que Vladimir répond, avec un peu d’impatience : « Mais oui, mais oui, on est des magiciens. » »
Plus loin, dans cet article, je relève l’expression : « murmures dans la boue », tu vois l’allusion… « Ce qui a lieu dans vos phrases se situe à un endroit du monde entre « murmures dans la boue » et « vie dans la lumière » comme vous l’écrivez au début de Comment c’est : là où prennent place le vide et le noir et aussi les embrasements. »
C’est un article de Yannick Haenel avec quelques belles phrases : « certaines nuits, quand j’ai écrit jusqu’à cinq ou six heures du matin, et qu’il m’a semblé traverser des régions de la solitude où la matière du monde se défait et laisse place à des lueurs que seul l’esprit entend ». Voilà pourquoi c’est difficile, ces lueurs ne sont pas visibles… Et voilà pourquoi ça vaudrait le coup d'y arriver, nous, à mettre en rapport le balbutiement long et lourd dans la boue et l'éclat de la lumière (ou du paysage...)
T’embrasse, 
Yvno

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