L’homme, « copeau du progrès technique », dit Soljenitsyne
Tant d’oiseaux, le soir, dans ce parc aux arbres rares
Je suis restée jusqu’à la tombée de la nuit avérée dans le parc du jour le plus court de l’année
Du jour le plus court
Je suis rentrée au Bar du Matin qui allait fermer pour travaux, il restait 3/4 d’h
Comme on ne me demandait rien, je n’ai rien commandé (et quand je l’ai voulu, moi aussi, tremper mes lèvres dans le goût de la bière, il était trop tard)
Il y a parfois dans la ville la possibilité — parfois à haute intensité — d’être fantôme : vous attendez comme une pierre, un bout de bois, un pigeon dans les églises, les libraires, dans les endroits où on vous le permet, sur un banc… jusqu’à ce qu’on vous demande enfin de sortir : « Madame, nous fermons. » Oui, je suis l’une de ces femmes-fantômes. Mais puis-je agir sur le monde comme cela ? Pas assez. Oui, j’ai la nostalgie d’une action sur le monde, d’une action qui changerait le cœur des choses
Bien sûr, je me projette sur Bobo & Legrand. Je leur prête des aventures que j’aimerais bien vivre dans un rôle ou dans l’autre, des épisodes d’emprises sexuelles, et j’y crois tellement que je raconte dans les salons, en femme mondaine, ces aventures (les leurs) pour dégoûter ou appâter — comme si elles m’étaient arrivées, comme si je les avais vécues
Les maisons innocentes du souvenir avec les oiseaux
On m’a demandé de raconter ma « première fois »
Le lendemain, j’étais effarée de la faiblesse de mon récit, de mes images, tout était invraisemblable, retouché, ravalé à la va-comme-je-te-pousse
Mon Dieu ! s’il s’agissait de raconter sa vie, il y aurait du boulot… (Comment font-elles ?)
Le monde parti, la lumière était si belle, je ne savais quoi choisir, descendre au parc ou rester dans l’appart très perché
Il y avait des chemins dans le ciel
Le monde parti, comme s’il allait revenir, combien d’histoires étaient ensemble ?
Dans un coin très anglais, de beaux manoirs en briques, la route qui entoure le parc est sinueuse…
Les vitres des bow-windows boivent jusqu’à la dernière goutte de la lumière distillée par le soir ; avides, poreuses, sont les vitres de la transparence, vibrantes de la lumière… Les réverbères (au sodium) hésitent à s’allumer, eux, bégayent… Quand ils y parviennent : jaune d’or comme des boutons d’or
C’est en deçà du savoir qu’une ville m’intéresse, du savoir humain, ou de mon savoir humain
J’aime m’y perdre, m’y reconnaître à peine, y souffrir (convenez que Bruxelles est dépressive)
Tant d’oiseaux, le soir, dans ce parc aux arbres rares
Je suis restée jusqu’à la tombée de la nuit avérée dans le parc du jour le plus court de l’année
Du jour le plus court
Je suis rentrée au Bar du Matin qui allait fermer pour travaux, il restait 3/4 d’h
Comme on ne me demandait rien, je n’ai rien commandé (et quand je l’ai voulu, moi aussi, tremper mes lèvres dans le goût de la bière, il était trop tard)
Il y a parfois dans la ville la possibilité — parfois à haute intensité — d’être fantôme : vous attendez comme une pierre, un bout de bois, un pigeon dans les églises, les libraires, dans les endroits où on vous le permet, sur un banc… jusqu’à ce qu’on vous demande enfin de sortir : « Madame, nous fermons. » Oui, je suis l’une de ces femmes-fantômes. Mais puis-je agir sur le monde comme cela ? Pas assez. Oui, j’ai la nostalgie d’une action sur le monde, d’une action qui changerait le cœur des choses
Bien sûr, je me projette sur Bobo & Legrand. Je leur prête des aventures que j’aimerais bien vivre dans un rôle ou dans l’autre, des épisodes d’emprises sexuelles, et j’y crois tellement que je raconte dans les salons, en femme mondaine, ces aventures (les leurs) pour dégoûter ou appâter — comme si elles m’étaient arrivées, comme si je les avais vécues
Les maisons innocentes du souvenir avec les oiseaux
On m’a demandé de raconter ma « première fois »
Le lendemain, j’étais effarée de la faiblesse de mon récit, de mes images, tout était invraisemblable, retouché, ravalé à la va-comme-je-te-pousse
Mon Dieu ! s’il s’agissait de raconter sa vie, il y aurait du boulot… (Comment font-elles ?)
Le monde parti, la lumière était si belle, je ne savais quoi choisir, descendre au parc ou rester dans l’appart très perché
Il y avait des chemins dans le ciel
Le monde parti, comme s’il allait revenir, combien d’histoires étaient ensemble ?
Dans un coin très anglais, de beaux manoirs en briques, la route qui entoure le parc est sinueuse…
Les vitres des bow-windows boivent jusqu’à la dernière goutte de la lumière distillée par le soir ; avides, poreuses, sont les vitres de la transparence, vibrantes de la lumière… Les réverbères (au sodium) hésitent à s’allumer, eux, bégayent… Quand ils y parviennent : jaune d’or comme des boutons d’or
C’est en deçà du savoir qu’une ville m’intéresse, du savoir humain, ou de mon savoir humain
J’aime m’y perdre, m’y reconnaître à peine, y souffrir (convenez que Bruxelles est dépressive)
Toucher le second état du second degré comme dans un état pré-Alzheimer : quelle est cette ville ?
J’étais dans un train, j’avais peu dormi, ça allait vers le Nord, tout droit, tout plat. Le train était « classique », il allait lentement
J’étais dans un train, j’avais peu dormi, ça allait vers le Nord, tout droit, tout plat. Le train était « classique », il allait lentement
C'était de plus en plus le Nord
C’est difficile d’« écrire mineur », je m’aperçois que c’est ce que je recherche et je n’y arrive pas
Beaucoup de gens font des dépressions au moment des fêtes, j’en fais partie
Il semblerait qu’il n’y ait que le choix d’être dépressive ou militante
J’avais dit, ça avait amusé la cantonade, « les dernières années de ma vie » au lieu des « dernières années de ma mère »
Je ne veux rien faire, comme si c’était déjà Noël maintenant
Dans le lifting, l’âme est prisonnière
(L’âme est voyageuse, en vrai)
Le venin de la belle lumière
Je voulais constater de mon fait
de mon fait…
C’est difficile d’« écrire mineur », je m’aperçois que c’est ce que je recherche et je n’y arrive pas
Beaucoup de gens font des dépressions au moment des fêtes, j’en fais partie
Il semblerait qu’il n’y ait que le choix d’être dépressive ou militante
J’avais dit, ça avait amusé la cantonade, « les dernières années de ma vie » au lieu des « dernières années de ma mère »
Je ne veux rien faire, comme si c’était déjà Noël maintenant
Dans le lifting, l’âme est prisonnière
(L’âme est voyageuse, en vrai)
Le venin de la belle lumière
Je voulais constater de mon fait
de mon fait…
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