Sunday, October 18, 2015

« Tous les spectacles d’Yves-Noël Genod s’apparentent à une dose de drogue, de poison et ce n’est pas sa nouvelle création 1er Avril qui changera ce maléfice, au contraire. »

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L’Inertie magnifique du public


Avec Odile (Heimburger), on traîne un peu dans la cuisine de chez Pierre (Gardoni)… on « décompresse », comme on dit… On a donné deux avant-premières d’un spectacle qui nous enchante, qui nous émerveille, qui nous fait du bien, mais on le fait devant des demi-salles, ça ne nous suffit pas. Ça nous désole. Gwenaël Morin nous a donné son théâtre, la permanence de son théâtre, mais c’est un théâtre à moitié vide. C’est aussi parce qu’il est à moitié vide, nous en avons conscience, que nous avons la chance de cette saison d’automne d’une résidence luxueuse. Un théâtre plein ne nous aurait pas accueilli, il y en a tant pour passer avant… Accéder aux postes, c’est à couteaux tirés. Moi, je ne suis pas comme ça, ça tombe bien, ici non plus, ce n’est pas le trip. Pas ici. On laisse passer les autres avant soi. Trop d’orgueil. On peut le voir comme ça. Pas ici. Il y a une douceur, théâtre permanent, mais sans forcer personne. Une anti-publicité parce que la publicité « décide à ta place ». Gwen(aël Morin) m’a parlé d’un auteur qui théorise bien cette question, il faudra que je lui redemande de qui il s’agit. C’est tout un ensemble, Gwen, un ensemble qui nous plaît et qui nous désole à la fois… « Je crois qu’il est dans un trip d’être le dernier missionnaire de la parole perdue… », dit Odile. Je note la phrase parce qu’elle est belle. Et elle ajoute : « C’est son trip parce que c’est un ours… Mais gentil, un ours gentil… » Odile, qui est très maligne, quand elle passait le bac, inventait des citations. Elle disait par exemple : « Comme disait Robert Doisneau : « L’homme regarde son propre regard à travers l’objectif » ». Odile joue Carmen, cette semaine, et c'est vraiment sublime, ce qu'elle fait. On s'entend bien. C'est une interprète magnifique. Habitée. Libre... D'une virtuosité invisible — comme j'aime.

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A pprendre à aimer


Photo Helen Herraud. Anna Perrin et Simon Espalieu dans Or

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L es Théâtres hantés


Yves-Noël,
Les circonstances font qu'on se croise souvent.
Le hasard (ou un peu de lui) fait que tes deux premiers opus m'ont énormément touché et impressionné.
Ce soir, l'épisode 3 prendra forme devant un public : public est un singulier pour dire un ou plusieurs. Je comprends que c'est mieux s'il est nombreux, mais que ça ne t'empêche pas de faire si ce n'est pas le cas. On ne peut parfois pas tout. Changer le réel, le temps, l'espace deux heures par jour au théâtre du Point du jour, c'est peut-être déjà pas si mal… et tant mieux pour ceux qui en profite. Et tant mieux pour ceux qui participent à l’éphémère  métamorphose...
Tes spectacles touchent, comme des beautés ou des horreurs nous touchent sans qu'on y puisse rien. Comme quelque chose de physique qui nous emporte. En tout cas qui m'emporte. Déjà c'est bien. Parce que ce n'est pas si fréquent. L'« homme curieux » pourrait être celui qui fouine, qui maraude, qui s'échappe, pour chopper ces moments précieux. (Peut-être est-ce le problème du public, c'est que les hommes curieux se font rares ou sont déjà bien occupés.)
Mais ce n'est pas tout. On en sort avec comme une musique dans la tête, qui met en branle la recherche de sens et de références. On emporte de quoi s'occuper pendant un moment, en plus du souvenir de l'émotion brute.
Sur cet opus n°2, je me suis, par exemple, dit ensuite qu'il y avait des théâtres hantés, comme il y a (parait-il) aussi des châteaux hantés. Ce qu'il y a de bien avec les fantômes, c'est qu'ils ont laissé toute la matérialité de leur art, de leur être, de leur paraitre. Ne reste que l'essentiel, ce qu'ils ont gardé avec eux une fois la chair détachée des os.
Difficile de se mettre dans la peau d'un fantôme :-)
Ils nous semblent être eux, c'est TOUT.
Madame Tremblay n'est plus (et qui s'en plaindra?) entourée de son œuvre décorative. Le noir, le rose, la piste de course, le papier peint arc-en-ciel nous sont livrés sans l'image.
Traviata n'est plus que la passion qui l'envahi(ssai)t. Vivante, jusqu'à son destin. La passion, dans son habit de lumière tout de même, mais seulement la passion qui fait vibrer l'espace. Les ondes du son qui croisent celles de la lumière.
Et l’archaïque, l'animal. une image de l'inimaginable. Comme le corps, l'être métamorphosé que finalement Kafka nous laisse imaginer (ou en tout cas c'est le souvenir que j'en ai). 
je fais court...
pour dire qu'une fois de plus (après l'épisode 1), c'est dans l'interstice que tout se passe, que l'on peut projeter notre subjectivité. Deux livres poèmes devenu chair dans le premier épisode qui vont coïncider, s'effleurer. Trois fantômes dans l'épisode 2, qui, mis en proximité, nous ouvrent l'univers de leurs entre-deux... 
Pour dire plein d'autres choses.
Pour dire qu'il y a vivre, à ressentir, et à penser. Qu'il y a de la beauté et de l'intelligence.
Pour dire que je te souhaite un beau/bon/bien 3ème épisode en OR.
Merci et bravo :-)
Pierre Gardoni

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L a mORt


Simon Espalieu et Yuika Hokama dans Or, en ce moment au théâtre du Point du jour

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« Les cochons en ont marre de la confiture. »

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