Sunday, August 29, 2021

M arlène Dumas, Bourse du Commerce (21 sur 36 exposés)

 






















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L a Grotte enchantée


Magnifique ! Et parfait de le lire dans le Brive-Paris alors que le cœur s'arrache à quitter la verdure (« l'amant de mes trente-trois ans » est si flatteur d'être si beau : c'était donc vrai !) J'en ai une bien bonne. Ce matin, le fils infernal de la coiffeuse (qui me projette dans les airs et, hier, sur la surface des eaux) est parti à Figeac se faire hypnotiser pour tenter de soigner sa nervosité — et sa copine, Agathe, nous a dit au petit-déjeuner : « J'espère que ça lui fera du bien parce que la seule chose qui le calme, c'est que je m'offre à lui cinq fois par jour et, quand je ne le fais pas, il dit que c'est à cause de moi s’il s'énerve... » Elle a vraiment dit : « que je m'offre à lui ». Il y a des existences pires que les nôtres, moi, je te dis. Bisou, Yvno


S'offrir cinq fois par jour ?! Magnifique dans l'absolu, une discipline de bonobo ! Autre chose que le 5 à 7... Je viens d'écouter par hasard sur France Culture une chronique sur les métavers dont tu m'as parlé, peut-être le lieu idéal pour ces cinq exercices quotidiens... Bisous !


«There / is an enchanted cave / in your body / that I must enter» (en lisant Brautigan, en repensant aux cinq offrandes par jour)


C'est tout à fait bien dit !  J'ai commandé tout à l'heure la même édition de du Bellay que la tienne, la couverture a changé (et je suis né à Belley). Oui, je suis à Paris et c'est bien triste. Profite pour moi de la lune et de la baignade et des arbres et des herbes et des ciels d'été  — je sais que tu retravailles le 1er. T'embrasse

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P erformance du 29 juillet


Si tu veux, Josselin, exercer ton droit de regard sur les conneries que j’ai rajoutées à ton texte — pourtant parfait —, tape-toi ça ! Un spectateur qui est aussi un ami adorable et un danseur que j’ai employé a filmé… Celle qui m’amuse le plus (de loin), c’est quand je dis que le slogan du festival « Tournée générale » , c’est « Du vin, du cul, de la culture… » (car c’est un beau slogan). Comme c’est triste de ne plus se balader au gré du vent, je viens de rentrer…

T’embrasse, 

Yves-No

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E légie pour une jeune fille en noir (Hélène Bessette)


Sublimissme. Des poèmes. Un seul poème. Tellement c’est beau, c’est des chansons. Une fille se tue à 20 ans. J’ai failli acheter aussi, dans la même librairie (chez Colette), une traduction des sonnets de Walther Benjamin écrits aussi à propos d’un ami suicidé à 20 ans, mais j’ai pensé que ça faisait trop pour un jour sur le thème. Ne vous suicidez pas, les gosses ! C’est dur pour les survivants. C’est beau pour les survivants. Il y a longtemps que je ne l’ai pas lu, ce livre que j’ai perdu (est-il possible d’avoir plusieurs vies ?), mais celui-ci me l’a rappelé : ‘Pour un tombeau d’Anatole’, de Stéphane Mallarmé. Je serais un musicien (comme Christophe, par exemple), je mettrais ce texte en musique, j’en demanderais les droits. J’aime beaucoup Hélène Bessette, ses livres ont des forces inouïes ; Valérie Dréville en a hanté deux de mes spectacles : Chic By Accident et Je m’occupe de vous personnellement, mais Elégie qu’on dit être écrit à la toute fin de sa vie est son plus beau livre selon moi car les autres — des romans — restent pris dans une amertume, une dénonciation à la Christine Angot. Là, c’est le contraire. Revenue de tout. Elle se souvient de son amour lointain, suicidé à 20 ans. Elle est près de mourir elle-même ; on ne dénonce pas la mort. Dans une lettre que je connais par cœur (parce que mon meilleur ami l’avait reçue), Marguerite Duras écrit : « La mémoire infernale de l’amour le plus sublime en passe nécessairement par le refrain, la rengaine ». Oui, c’est exactement cela

R evu Pierre

 

« Illusions d'optique


Cherchez un médecin sur votre téléphone

vous trouvez le docteur Descorps

le bien nommé

il s’occupera du bouton qui est apparu tel un minuscule champignon au creux de votre coude

le ligaturera en vous laissant puérilement fermer les yeux

vous prévenant de sa brutalité 

mais finalement vous ne sentirez rien

sur le coup

 

Ce soir vous irez vous baigner à la rivière

mais vous craindrez encore que les chevelures profondes des algues vous gardent prisonnier ou qu’un silure vous frôle

 

À la surface de l’eau vous observerez une figue trop tôt tombée

mielleuse figue pas même octobrine

ni la douceur des lèvres

 

Demain vous arpenterez encore quelque colline de causse blanc

ferez une offrande à l’antenne monumentale plantée en son sommet

admirerez la sobriété de la cathédrale et du pont médiéval

et si c’est le matin croiserez encore le regard d’une biche inphotographiable

vous marcherez sur ces marches où les mots jeunesse et reconstruction furent gravés l’an 1965 et l’an 1967

puis un vieil homme vous invitera dans un sentier forestier inconnu des cartes où il descendra plus habile que vous avec son bâton prudent

 

Un jour prochain vous chercherez le meilleur angle pour dissimuler la cathédrale dans les arbres moutonnants du boulevard et du lointain

la cathédrale aux dômes jumeaux

à la couverture de tuile et d’ardoise fine


Vous retournerez sur la colline avec l’amant de vos trente-trois ans

fixerez quelques sourires devant la carte postale de l’horizon

et chercherez les mots en regrettant de n’être capable de formuler les plus précieux qu’entre les lignes de ce poème

 

Vous discuterez aimablement en anglais avec un touriste poids-plume chinois résidant en Allemagne 

qui repassera par ici

 

Vous ouvrirez la porte à un coiffeur un peu avant neuf heures puisque vous n’allez plus chez le coiffeur

 

Vous laisserez votre chat patauger dans la douche

soignerez les plis hauts des rideaux

rangerez quelques galets dans une boîte à chaussures

rempoterez une orchidée

contemplerez à la télévision les villes tentaculaires des hauts plateaux des Andes

 

Plus sérieusement vous tenterez de comprendre le pied de la lettre et la persistance rétinienne du luth constellé dans le sonnet tant aimé de Nerval

et méditerez la sentence d’Oscar Wilde qui dit ceci que l’expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs » 

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E st-ce la peine de torturer


« Est-ce la peine de torturer, alors que ce qu’il te reste à vivre n’est qu’une seconde face à l’éternité ? » Léon Tolstoï. C’est dans La Guerre et la Paix que je lis en ce moment. Rien pour moi ne témoigne autant du présent que cette phrase. Je me suis dit qu’en suivant le sens de ce vers quoi elle veut nous… elle te plairait, voire t’aiderait 


Elle me plaît ! Et elle va m’aider ! 😘


« Est-ce la peine de te torturer, alors que ce qu’il te reste à vivre n’est qu’une seconde face à l’éternité ? » Le rosé de ce soir a fait sauter  le « te » 


C’est pareil. C’est même mieux la première version, plus concise. Putain ! il est 7h, je viens de me taper toute la série « Marseille » ; j’en ai marre de ce Depardieu…


J’ai vu que des mauvaises critiques sur cette série..

Mais peut être ça vaut le coup rien que pour Gérard ?


Je regarde que ses scènes ; ça suffit pour suivre ; comme toujours on a l’impression qu’il invente son texte à mesure... Tous les autres (même bons) courent après la crédibilité ; les meilleurs, comme Benoît Magimel, jouent beaucoup d’autres choses, mais ils ont besoin, ils croient avoir besoin d’être crédibles — et d’ailleurs ils le sont, c’est bien joué, je trouve — j’aime bien quand les acteurs jouent des crapules politiques, des mafieux, ils y arrivent assez facilement à la crédibilité —, mais Depardieu est le seul à comprendre qu’il n’y a pas de crédibilité, que tout ce que raconte une série n’a rien à voir avec la vraisemblance, que le réel, c’est autre chose. Si on joue une fiction, le réel, c’est de ne pas jouer — mais alors : de vivre (dit-il et il le montre) ; si on est dans la vie, c’est pareil : que de la relation, ne pas croire à la solitude. Cette série ne me paraît pas plus mauvaise qu’une autre. Je t’embrasse, mon frère

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