Saturday, February 11, 2012

Un festin pour les flammes




Merde, j’ai pris goût à la Saison… Bon, c’est ce que je voulais, que ça marche assez pour qu’il y ait une suite, avoir le courage qu’il y ait une suite… Il faut tellement travailler, il faut tellement de public pour travailler, il faut tellement d’argent pour qu’on te laisse commencer à travailler, c’est si dur d’apparaître seulement et de ne pas travailler, c’est si facile de travailler, si agréable, si dur pour qu’on te laisse travailler. Accéder aux grands rôles, j’avais compris ça lors du seul et unique grand rôle que j’ai jamais joué – avec Julie Brochen – (il s'appelait Victor Karénine) : c’est beaucoup plus facile (que les petits rôles) – mais comment accéder aux grands rôles – qui sont rares… ?

Le miracle, ça a été aussi la rencontre avec Philippe Gladieux. Là aussi, comment trouver de l’argent pour continuer ? Merde, merde, merde ! Rencontre, rencontre miraculeuse demandée, réclamée, comme dit Rimbaud, à Satan ou à Dieu, rencontre avec qui pourrait trouver l’argent. On se chargerait de transformer l'argent en or.

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11 février








Photos Gregor.

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Fragment de brouillon




Quel dommage qu'il les ait brûlés ! Il reste trois pages. C'est incroyablement plus beau. Je trouve. C'est comme Rimbaud – mais vivant. Pour les écrivains, le drame, comme pour les acteurs, c'est l'entraînement. Inévitable, le drame. Plus on progresse, plus on perd, c'est comme ça, c'est ça, la vie. Rimbaud voulait tout boucler avant la fin de l'enfance. Avec cette date butoir, affreuse : vingt ans. Il pensait, c'est Yves Bonnefoy qui le dit, qu'il ne pouvait faire ce qu'il voulait faire, ce qu'il tentait qu'en étant relié, encore dedans, à l'enfance, qu'après, la vie adulte, c'était foutu – pour le renouvellement religieux : changer la vie. Quand il en était encore temps. Brouillons adorés...



« J'adorai les boissons tiédies, les boutiques fanées, les vergers brûlés. Je restais de longues heures la langue pendante, comme les bêtes harassées : je me traînais dans les ruelles puantes et, les yeux fermés, je m'offrais au soleil, Dieu de feu, qu'il me renversât, Général, roi, disais-je, si tu as encore un vieux canon sur tes remparts qui dégringolent, bombarde les hommes avec des mottes de terre sèches. Aux glaces des magasins splendides ! Dans les salons frais ! Que les araignées Fais manger sa poussière à la ville ! Oxyde des gargouilles. A l'heure lance du sable de rubis les boudoirs brûlent

Je portais des vêtements de toile. Je me (...) je cassais des pierres sur des routes balayées toujours. Le soleil descendait vers la merde, au centre de la terre. Le souterrain donnait une merde dans la vallée le moucheron enivré à la pissotière de l'auberge isolée, amoureux de la bourrache (et qui va se fondre au soleil) et dissous en un rayon

Faim*

J'ai réfléchi au bonheur des bêtes, les chenilles étaient la foule (...), petits corps blancs innocents des limbes : l'araignée romantique faisait l'ombre romantique envahie par l'aube opale ; la punaise brune personne, attendait (...) passionné. Heureuse la taupe, sommeil de toute la virginité ! »

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Mari-Mai Corbel
Surréaliste, ce soir, pendant la lecture d'Yves-Noël Genod d'Une saison en enfer, un projecteur qui claque au moment précis où il prononce les mots « Occident » et « esprit », au moment de « L'impossible »... Une langue de feu jaillit vers le visage d'Yves-Noël G. qui a un geste de protection, image spectrale et saisissante pour le spectateur... J'ai pensé à l'illumination de Salomé, mais à l'envers... (« L'esprit est autorité, il veut que je sois en Occident. Il faudrait le faire taire pour conclure comme je voulais. ») Complètement fin de siècle, dans ce dégingandé, dans cette nonchalance dans la distance et, brusquement, des intensités passionnelles, mais comme remémorées.



Yves-Noël Genod
J'ai eu ce soir l'idée d'autres gestes surréalistes, si je continuais, comme prendre le revolver de Verlaine et tirer sur la personne qui tousse (au dernier rang). Ça ou lui apporter un verre d'eau. Je commence à voir comment jouer avec ce texte si confus, si touffu, si sacré, si tragique, si fou – mais il faut les spectateurs pour le comprendre, il les faut, pour le jeu. Alors on peut soigner, on peut délicatement « peindre » la relation. Merci, Mari-Mai !

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Et Dubois




Bravo, Yves-No !

Ça a été ?

Oh, que oui ! Tu es unique...

Et Dubois, ça a été ?

Oui. Il n'avait qu'une envie, te rejoindre sur scène, au fond, dans le noir, et danser sur les mots.

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Olivier Steiner
Yves-Noël a 19 ans et il vient d'aimer un porc, de toutes ses forces. Il ne laissera jamais dire que 20 ans est le plus bel âge de la vie, nous le suivons pas à pas du mois d'avril 1873 au mois d'août de la même année, il fait chaud, un nid de flammes explose dans le ciel, c'est l'éclair, un boucher rime avec bûcher, Rimbaud a connu tous les fils de famille (entendre qu'il les a tous baisés) et il dit moi moi moi, et quand il le fait, dans la bouche d'YvesNo, on croit entendre toi, toi, toi... Magnifique Saison, cet enfer-là, j'en veux tous les soirs.

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Stéphane Wargnier
On est au Café Moderne, rue Keller... au cas où... Et c'était SPLENDIDE !... poétique-pop, toi et LUI mêlés magique !



Frédéric Danos
Merci, cher Yves-Noël, je vais maintenant faire de beaux rêves



Célina Larrèrović
Merci beaucoup pour votre Saison, c'était fantastique.
Je me serais bien laissé dire tout un volume de La Pléiade comme ça...



Gildas Gouget
Cher Yves-Noël,

Ton Rimbaud était superbe : c'est ta fragilité qui a fait la beauté du spectacle.
Désolé de ne pas être là après ; mais pour moi, ce que tu fais est tellement sensible que j'ai du mal à rester...
J'ai tellement adoré le deuxième à la Cité internationale. Il me reste en mémoire, parce qu'il célébrait un fantôme ; justement, ce qu'il reste de plus beau après chacun de tes spectacles, c'est le fantôme, le goùt qui reste dans la bouche...
La Ménagerie de verre, c'était très surprenant. Les images me poursuivent : Wagner Schwartz et Dominique Uber... (et bien sûr Marlène Saldana !)
J'espère pouvoir attraper une place demain. Mais, en tous cas, bravo, c'était tellement beau et ça collait tellement à toi !

Bises

Gildas



Laurence Mayor
Merci Yves-Noël !
C'est beau ! C'est doux, violent, radical, magique ! Pourrais-tu m'avoir une place pour demain ? J'aimerais beaucoup voir ton autre spectacle. Je t'embrasse Laurence

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