Friday, November 06, 2015

H oliday in Reality


J’ai compris ce qui me ferait du bien. La vie. L’écrivain Trigorine raconte très bien (par l’intermédiaire de Lætitia Dosch) l’affreuse, l’affreuse condition de l’artiste. Alors je vais prendre mon ton larmoyant et recommencer, comme tous les soirs, ma plainte. Ce travail de Sisyphe. Je vous laisse retrouver les mots de La Mouette, les mots de Tchekhov. « Et, comme ça, sans arrêt, sans arrêt, et je ne me laisse jamais en paix, je sens que je dévore ma propre vie, que, pour un miel destiné à je ne sais qui je ne sais où, je pille le pollen de mes fleurs les plus précieuses, je cueille ces fleurs elles-mêmes et je piétine leurs racines. Est-ce que je ne suis pas fou ? » Mais j’ai compris ce qu’il me manquait comme l’air à un poisson, ce qu’il me manque, c’est la vie. Ce serait un immense soulagement. Tout à l’heure, au sortir de la radio, le temps était splendide près de la place de Sathonay, il y avait l’enfant de Benoît qui s’appelle Rim, une petite fille d’énergie pure, j’ai annulé la répétition et je suis resté en terrasse avec les autres. Ce soir, à l’appartement, Pierre recevait des amis. Des amis heureux et aimant boire (comme j’en ai moi aussi à Paris ou en Corse) et rien que de les entendre plongés dans la vie, la vie légère, la vie de moment, j’ai senti ma fatigue s’évaporer. Alors, voilà. Je viens de faire un spectacle sublime, exceptionnel, eh bien alors... Alors, c’est bien dommage qu’il ne se joue plus dès demain ! Eh bien alors, le prochain, le N°5 prévu comme une Masterclass s’intitulera au contraire : Vacances. On sera là, mais ce sera les vacances. L’erreur que j’ai faite dans ce programme de quatre mois, c’est de ne pas m’être mis de côté la possibilité de pénétrer cette ville, c’est une ville qui demande du temps, secrète, comme on dit quand on veut être poli (fermée, si on veut ne pas l’être), mais c’est une ville réelle dans le sens qu’on peut peu en dire (ce qui est déjà beaucoup), mais qu’il faut vivre, ressentir, vivre avant d’en parler. Mais ça va changer. Je vois que ma vie n’est pas foutue. Pas perdue. Je suis Nina, je suis une mouette, non ce n’est pas ça, vous vous souvenez, vous aviez tiré une mouette, survient un homme, il la voit et, pour passer le temps, il la détruit, un sujet de petite nouvelle, ce n'est pas ça...

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O n veille sur moi


Tu es très fatigué, vide, démotivé, ça, j’en suis sûr 
Cette aventure doit être la plus difficile que tu aies jamais vécue
Satané public on l’aime autant qu'on le déteste !
Mais imagine 
Le public n’est plus un problème 
Parce que tu vas le choisir 
Une personne la personne la plus extraordinaire la plus chanceuse la plus privilégiée 
Parce que vous allez jouer pour elle...
Par là je veux dire 
Que si tu changes ton angle d’attaque
Que le public n’est plus 15 30 ou 50 personnes 
Mais UNE personne UNE famille ou UN couple 
toute l’énergie sera canalisée vers cet unique être

Changer les paramètres ajuster ce qui bloque 
Comme un chirurgien 
Il faut que tu opères pour sauver ton théâtre 

Prends du repos 

Le masterclass peut se jouer juste une fois 
En impro 

Peut-être qu'il faut revoir les trois avant-premières les éliminer
Opère là ou ça va pas 

Ne pas s’enfermer dans un système 
Surprends-toi 
Et repose-toi 

Genève, le lac le bain des Pâquis 
Tu serais bien là-bas 

« Les dents du loup ne lâchent pas le loup c’est la chair du mouton qui lâche 
Frères mes frères damnés suivez moi avec confiance, dans le noir nous verrons clair mes frères dans le labyrinthe nous trouverons la voie droite… »

Bonne nuit

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U ne personne très agréable vous écrit


Yves-Noël,
Je ne vous ai pas répondu, ce n'est pas du désintérêt, très loin de là.
Si vous saviez comme je voudrais être là, je les rêve ces spectacles et je le crois, toute l'Europe devrait être là, à cet endroit du théâtre que vous déployez comme une fresque sur le plateau du Point du Jour. Quel beau nom ce théâtre. Quels beaux titres vos spectacles. Quels acteurs splendides... Mais ma vie a pris un tour chaotique ces derniers mois et je suis contrainte de rester à Paris pour lui redonner une colonne vertébrale. Comme j'aimerais pourtant palpiter au rythme du cœur de Lætitia. Et des images indicibles que vous savez sortir des entrailles de la vie, la vraie.
Vous êtes un voyant, un visionnaire, et si vous n'existiez pas, la terre en serait plus mortifère et, moi, j'en serais plus amère. Il me suffit de vous savoir là-bas, travaillant à accoucher la beauté pour en être transportée.
Amitiés, Marie

PS : j'avais proposé un sujet sur votre « épopée » lyonnaise avec itw de vous à la clef pour la revue « Théâtre(S) » mais il n'a pas été retenu. Les déceptions sont le lot et le quotidien des journalistes autant que des artistes malheureusement. Mais je ne lâche pas l'affaire... Il y aura une et plusieurs prochaines fois. Je vous serre dans mes bras

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