Saturday, June 12, 2010

Les Défauts

Bastien Mignot - nouvellement sur Facebook - parce qu'on vit en autarcie, mais on communique par Facebook, quand même - m'envoie la citation exacte d'Henri Michaux (il manquait juste la correction légère à ce qu'il avait, bien à propos dans l'après-midi, rapporté) :

"Avec tes défauts, pas de hâte. Ne va pas à la légère les corriger. Qu'irais-tu mettre à la place ?"







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Belle de jour

"D'toute façon, si t'es pas narcissique aujourd'hui, t'es foutu..."

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Matamore

"Et qu’est-ce qu’un aliéné authentique ? C’est un homme qui a préféré devenir fou, dans le sens où socialement on l’entend, que de forfaire à une certaine idée supérieure de l’honneur humain."
Antonin Artaud, Van Gogh, le suicidé de la société.






Pourquoi, quand on lit de la poésie, le silence se fait ? Ce n'est à peu près pas évident (après tout). C'est-à-dire, pas tout, mais on sent que la poésie nous met en contact avec l'expérience, l'expérience d'un autre : la sienne si l'on comprend le vers. Saint Jean de la Croix aussi bien. Ou des choses plus simples :

I have been young and now am not too old

Hier, Valérie Crunchant m'a parlé de ses déboires avec l'éducation nationale. Elle s'est faite virée d'un collège où elle donnait des cours de théâtre parce que, par exemple (je choisis cet exemple, mais il y en a d'autres plus imagés encore, plus baroques, dans le style Journée de la jupe), elle faisait dire à une fillette : "Prends-moi, je suis belle et noire". "Vous comprenez, il ne faut pas réveiller les antagonismes, il faut leur dire qu'ils sont Français... - Mais enfin, elle est noire, non ? - Et "Prends-moi", c'est embêtant, quand même... - Mais c'est le Cantique des Cantiques !..." J'admire que Valérie (talent immense, dans le style Blanche Dubois) se lance ainsi (comme Don Quichotte contre les moulins ?) à l'assaut de l'éducation nationale. J'explique aussi que ce qu'elle peut faire (au risque juste de se voir débarquée), je ne pourrais pas le faire. Elle le peut parce qu'elle est une femme, premièrement, et qu'en plus, elle a une apparence, comme ça, inévitable, de bonne éducation, de bourgeoisie (alors qu'elle est en définitive complètement folle - je veux dire : absolument artiste). C'est toujours troublant, on en parle souvent avec Pierre (c'est abyssal) que l'éducation nationale, dont la stupidité incommensurable n'est plus à démontrer, s'appuie encore sur des auteurs (tous les classiques) dont la moindre ligne, le moindre vers, que dis-je ? le moindre souffle, la moindre buée suffirait - s'il était laissé vivant - ou rendu vivant - comme Valérie le réussit, ce n'est pas si dur - suffirait à la faire exploser comme une bulle de suffisance, dans sa prétention, abattrait ses murailles de fausses pierres, de faux papiers, de fausse crainte, de vilaines féminités et de masculinités racornies, sa misère sans cesse reconduite, pas même imposée, par le peuple lui-même (démocratie).

Ce que l'éducation nationale ne supporte pas (ne comprend pas, ainsi, c'est un gag), c'est que les textes sur lesquels elle se base (encore) pour élever l'esprit des enfants disent tout et dans tous les sens - et en plus : littéralement. C'est cela un texte, surtout s'il a traversé les siècles, les siècles d'éducation... C'est-à-dire, ce n'est pas le "texte", au sens mots sur le papier qui compte, mais il y a la vie et il y a la mort. Et il y a la naissance.

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