Saturday, June 07, 2025

 
Hier en rentrant tard (les derniers clients) du café de la Gare, Legrand a trouvé par terre rue Pajol une chaine en or. Je la découvre aujourd’hui, à la lumière du jour. Il m’a proposé de me l’attacher. Ses mains autour de ma nuque à la fois malhabiles et habiles, cherchant, trouvant... mon amour ! En début de soirée, à la librairie Les Mots à la Bouche, j’étais allé écouter Julien Thèves qui a écrit une nouvelle érotique pour une petite collection qui s’appelle Pédale, pédale ! Il raconte une histoire réelle qui lui est arrivée, donc au passé, à l’imparfait, le désir qui perdure dans des corps qui s’usent, disait-il, et, inclut au conditionnel les fantasmes de ce qui aurait pu avoir lieu si… (si on l’avait bien voulu) (ou ce qui n’aurait jamais pu avoir lieu car ce ne sont que des fantasmes), enfin, les 2 entremêlés, le conditionnel et l’imparfait… J’aurais dû acheter le livre (4€) car c’est comme ça, me disais-je, que je pourrais écrire sur Legrand : à la fois sur ce qui est et sur ce qui pourrait être si… Ç’en était suivi un long palot sous le réverbère aux moustiques… avant qu’on se dise « à demain », après la pose du bijou… (La suite au prochain épisode.)

Mais Legrand m’a entraînée d’une chaîne dorée qu’il venait de trouver pour moi. Dans quelle catégorie l’écrire, ça, fantasme ou réalité ? Ça marche bien dans les 2 catégories…

Avant, au café de la Gare, comme j’avais sorti mon vernis à ongle, il m’avait proposé, il avait exigé, je dirais, oui, qu'il l’a exigé, de me le passer, lui. Il avait dit : « Quand j’étais gosse je peignais des maquettes… » Ça m’avait fait penser au dernier film de James Benning, Little Boy, mais je ne l’avais pas dit : il ne le connaissait pas. Les occasions de faire mon cuistre (le féminin n'existe pas) ne sont que trop nombreuses…

Lointaines cloches, à Paris, comme dans mon village
J’attends la pluie.
Elle vient.
Elle est là.
Je suis à l’abri.  
Route bleue...

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On vit dans un monde de réputations détruites

J’ai cherché un film porno. Ainsi donc, c’est vrai, tous les sites ont disparu. J’ai trouvé encore un film dans ma collection qui n’était pas tombé dans « le noir extérieur » comme il est écrit dans l’Evangile selon Matthieu. Un film sublime. Revu avec ferveur. J’ai pensé — devinez qui — à Legrand. J’ai failli lui envoyer le lien. Puis je me suis dit que c’était quand même intime de s’envoyer des liens de films porno qui nous plaisent, c’est presque comme baiser, non ?
Il y a des choses que je n’ose pas avec Legrand. Je suis pudique. Par exemple aussi, quand, à Brest, il m’avait proposé de jouer au confessionnal, lui se proposait de faire le prêtre et, moi, je devais me confier, lui raconter des salades. Je m’étais agenouillée et relevée aussitôt. Non, il y a des choses que je ne peux pas faire.
L’expression « raconter des salades », je l’ai déjà employée hier au café de la Gare (notre désormais célèbre spot) pour raconter l’histoire à Etienne. Ça m’en rappelle une autre qui a plu à Etienne, j’avais dit : « Ils sont sympa chez Apple [j’y avais passé l’après-midi], mais ils nous tondent ! » Ça lui a plu. Je lui ai dit qu’elle n’était pas de moi, que c’était un client comme moi chez Apple et que je l'avais notée, on avait échangé quelques phrases…  
Le café de la Gare, on y va pour revoir apparaître Chloé. Ce café au bord de la ville, au bord de la jupe de la ville, the outskirts of the city, those border places... avec Chloé qui justement était sans jupe. La jupe arrachée, les bas filés et elle pleurait, des fleurs devant elle et le rimmel fatigué… Chloé… On en sait un peu plus maintenant sur Chloé ; Legrand, avec les quelques indications qu’on avait, l’a retrouvée sur Wikipédia. Elle chante ce soir au Truc (près du Père-Lachaise), une sorte de cabaret « féministe ensauvagé » où son groupe, je mélange un peu, s’appelle « Ivresse Vaginale », ah, non, ça, c’est la sœur de Legrand qui s’appelle aussi Chloé, je ne sais plus…



« Aujourd’hui, nous sommes des cyborgs ; demain, j’espère que nous redeviendrons des bêtes. Et j’ai l’impression que c’est un peu là que tu nous amènes… »

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L 'Essence du théâtre

 
J’ai tout de la nuit et de la pluie, je m’égare en moi. J’aime Legrand, c’est mon ami. « Mais puisque tu m’as fait mourir… », m’a-t-il dit. C’est pour t’avoir encore plus à moi, tu deviens mon ami imaginaire. Avec toi, je peux tout faire, même du porno. Tu ne résistes plus à rien. Maintenant tout est possible. Je découvre des symphonies ignorées. Je découvre des merveilles. Et l’eau descend du toit. Tape sur le zinc. Glisse, lisse. La nuit m’enveloppe. Je suis allé voir La Cantatrice chauve, tout à l’heure. Ça se joue sans interruption depuis 1957 dans le même décor, les mêmes costumes, les mêmes lumières, la même mise-en-scène, c’est le musée Grévin du théâtre, c’est merveilleux. Les acteurs ont tous des gueules fabuleuses. Ils jouent très bien. Comme des spectres. Ils n’ont pas l’âge de la création, ils sont pourtant antédiluviens. Ceux que j’ai vus. Mais pourquoi les autres distributions seraient-elles moins bonnes ? Il n’y a aucune raison. Parfaits. L’un des acteurs ressemble à Samuel Beckett, l’une des actrices a l’air de Madeleine Renaud. Le capitaine des pompiers a l’air d’un Monty Python. Ça m’a fait penser à L'Invention de Morel, aussi, (de Bioy Casares). Ils reproduisent, reproduisent à l’infini, damnés, ne font que ça, ne savent faire que ça, rien d’autre, pas de vie privée, pas d'autres répliques… Des hologrammes de l'au-delà… La salle était à moitié vide parce qu’un groupe de 40 qui avait réservé et payé s’était perdu dans les limbes (ou dans « le noir extérieur » comme il est écrit dans l’Evangile selon Matthieu). C’était parfait.   
« — Vous avez du chagrin ?
— Non, je m’emmerde »
Ça m'a rappelé aussi à Le Cœur a ses raisons (la série parodique québecoise).  

« Oublions, darling, tout ce qui ne s’est pas passé entre nous… »

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