Monday, October 29, 2012

Le Soleil vu de dos



Toujours dans cette épaisseur de solitude, cette solitude de vie intérieure, cet appesantissement de la mémoire qui me distrait même de la lecture – car que m’intéresse sinon la neige, sinon la brosse à dents dans le froid, sinon près du feu, près du froid, la lutte pour la nuit pour dormir, pour aimer, pour vivre la solitude du grand froid ?
Que ceux qui lisent mes textes ne soient pas effrayés : mes textes sont des masques. Ils ne sont publiés sur un blog que par dérision et pour dire – pour dire que le temps passe et que, déjà, si je vous l’écris, il est passé. Il y a cette solitude épaisse, oui, qui résonne aujourd’hui avec le hurricane de New York, que voulez-vous qui puis-je si écrire me fait du bien, écrire dans le son du vide…

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Simon Hantaï / Ann Veronica Janssens




Passé à Beaubourg...

Bref



« J’appelle légèreté une gravité qui ne pèse pas, un désabusement qui ne sonne pas le glas, ce luxe qui consiste à épuiser en six pages un sujet de roman. »

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New York is cold, but I like where I'm living



Je pense à vous pendant ce hurricane !

Yves-No






Merci, YN, mon frère. So far we're okay. My classes were cancelled, kids are home from school, electricity is working, so they have been in front of the TV for much of the morning.  The storm will hit in a few hours. Hope you're well. I conveyed your concern to Leo.  He sends his best wishes to you.  The Paris t-shirt you gave him is still his favorite.
Je t'embrasse!
M.

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En vie



« Accomplissons l’œuvre de Dieu pour elle-même ; l’œuvre pour l’exécution de laquelle il nous a créés, parce que peuvent seulement l’exécuter des hommes et des femmes en vie. Lorsque je mourrai, le débiteur sera Dieu et pas moi. »

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Le Bowling





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Brouillon à l’état contemplatif



Tout est mieux que cette horrible lecture. Avec les paysages qui défilent DERRIERE UNE VITRE.



« Il s’agirait d’écrire un cinquième Evangile. Le cinquième Evangile pourrait prôner une éthique qui ne serait pas celle des autres. Mais le plus difficile ne serait pas là ; le plus compliqué serait d’inventer de nouvelles paraboles, dites à la manière du Christ, et qui ne figureraient pas dans les quatre autres Evangiles. »

« Convertir ma douleur en musique. »

Grande ville. Revenu à la grande ville. La grande ville plus vive que morte. C’est l’espoir. Fuir l’espoir douloureux, inversé. Le château de la mort, dégage-toi du château des livres. Ce dont tu rêves, c’est d’être en bonne santé et de bouger, vivre, pas de lire. « I’ve got arms ! I’ve got arms ! » Même aller au cinéma serait relativement supportable. Plutôt que lire et voir LA MORT.

Proof of Heaven



Je pensais que j’allais mourir. Alors j’entrais dans les grands restaurants et je commandais des choses délicieuses. Des choses que je n’avais jamais mangées et des fruits de mer aussi. Ça me rendait ma gaîté. J’étais atteint d’une maladie qui me pourrissait de l’intérieur. Un goût de terre, de garbage, de pourriture. Mes amis n’étaient pas au courant. J’allais seul dans ces restaurants.

Le plus près de la maison était le Terminus Nord. (Continuez dans le syle de Modiano.)

Dans le restaurant, je vois peu à peu le monde se gonfler, l’émotion revenir : il arrive que je pleure.

Un article de journal, anodin dans un autre cas, mais depuis que cette mort m’était annoncée et avec le sentiment de cette vie gâchée, inutile, inaboutie – me tirait les larmes. On parlait (par exemple) d’un film qui avait été tourné avec des prisonniers. Tous criminels, quartier haute sécurité, la Mafia. Je ne sais pas par quelles astuces les cinéastes avaient réussi à leur faire tourner le Jules César, de Shakespeare. Et je pensais que je n’aurais pas le temps de voir le film. Mon temps était compté. La fin du dîner aussi, je n’allais plus pouvoir rester. Je ne digérais rien. Mais je prenais exprès les choses les moins digestes, les vins, les liqueurs. Je savais que j’allais souffrir, au retour, dans d’étranges nausées. Mais mon plaisir était intense. (Complétez.)

Quand je sortais du restaurant, j’avais la fièvre…

Je lisais, dans le journal, à propos d’art : « Autant d’œuvres qui inquiètent le regard comme les reliques d’une catastrophe. » Je me demandais ce que les professeurs enseignaient aux enfants…

Sa souffrance était intense, sans rémission, sans qu’il sache si elle était psychologique ou d’ordre organique. Il y avait un temps de Londres… (Complétez.)






« Nu, le carrefour paraît immense. Entre le silence du sol et la blancheur du ciel les immeubles se tassent. L’oeil est vite attiré par leur courbure à l’horizon, et l’espace, où les blocs de pierre et de verre s’enfoncent comme dans la neige, l’espace lui-même a épaissi, s’est infiltré partout, de sorte que les contacts sont rares, les gens petits, les distances longues à parcourir. »






Tout ce qui me détache de la réalité, c’est la mort.

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« Dans le chef-d'oeuvre de Massenet, les larmes ne cessent de couler, et cela dès qu'au clair de lune l'idylle s'est à la fois révélée et brisée. « Tout mon être en pleure », dit Werther. Voilà qui nous mène bien loin des larmes habituelles de l'opéra, qu'elles soient furtives ou qu'elles éclatent en violents sanglots. Celles-là coulent lentement et inexorablement, une à une, patientes gouttes, dit Charlotte : en quatre actes, elles auront fait leur oeuvre. Charlotte ne peut les retenir en relisant les lettres de Werther, et ses larmes sont la seule part d'elle-même, le seul sacrifice qu'il ose lui demander. Elles couleront devant l'ange de la consolation qu'est Sophie. Elles couleront à la lecture d'Ossian. Elles couleront enfin devant le corps baigné de sang de Werther. Mais ces dernières, il les refuse : le voilà libéré et heureux. Werther est un long requiem, lacrimosa dies illa, jour plein de larmes que celui-là. Un requiem à un jeune poète, s'achevant in paradisum. Car Werther, bien sûr, ne pouvait être que poète : c'est-à-dire au-dessus du monde, mais à lui malgré tout asservi. La mort plane au-dessus de lui et Massenet a marqué son chant du cygne, que Rilke évoque dans les Sonnets à Orphée, de ceux qui vont mourir jeunes. »

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