Wednesday, March 26, 2014

F raîcheur de l’apparition


« Il faut voir ce que l’œil ne voit pas et entendre ce que l’oreille n’entend pas. », dit Claude Régy, mais déjà, si l’on voyait ce que l’œil voit et si l’on entendait ce que l’oreille entend, ne serions-nous pas absolument — et suffisamment — bouleversés ? Bien entendu que les murs ont des oreilles et des yeux pour nous voir. « Crains dans le mur aveugle un regard qui t’épie. / A la matière même un verbe est attaché. »

L e Bonheur


Je voudrais partager avec vous le bonheur — comment dire : absolu — que j’ai de travailler aux Bouffes du Nord, le plus beau théâtre du monde. J’aimerais vous dire que ce spectacle est mon plus beau, mais je me retiens, trop habitué à l’avoir entendu dire de Marguerite Duras, par ex, de tous ses livres ! C’est vrai que pour Le Dispariteur (le spectacle dans le noir), je l’ai su avant. Je me souviens que, quand Eric Martin a rejoint pour la première fois Jonathan Capdevielle dans le noir et qu’il s’est produit une sorte de déflagration d’énergie inouïe, je me souviens de m’être levé, toujours dans le noir, m’être approché d’eux, toujours dans le noir, et de leur avoir dit : « Je n’ai évidemment pas pris de notes (dans le noir), mais, ce que je peux vous dire, c’est que nous sommes en train de faire un chef d’œuvre. J'aimerais que le public soit là tout de suite. » Là, aux Bouffes du Nord, ce que je peux dire, c’est qu’il s’agit du travail que j’ai peut-être eu le plus de joie de fréquenter : venir travailler aux Bouffes du Nord pour ce spectacle qui n’est pas de moi, mais dont je suis le spectateur unique, appartient définitivement aux plus belles journées de ma vie. Marguerite Duras disait : « On peut aussi écrire dans le bonheur. » Je n’ai jamais tenté que de le faire. Et, oui, c’est aujourd'hui le cas ! Dieu fasse que ce travail rencontre son public. Ce serait étrange qu’il ne le rencontre pas, mais l’étrangeté n’est certes absolument pas étrangère au monde... Inch'Allah ! Avant-premières le 28 (bar ouvert avant et après le spectacle), le 29 et le 30 (sans le bar, mais on ira en face, à la Rotonde). 21h. Entrée libre sans réservation pour ces soirées (de 2h15).

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L a Cour des Bouffes du Nord


Photo François Stemmer

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L 'Art de la télé


Patti Smith m’a épaté. Autant Emmanuelle Seigner — très belle — n’avait rien à dire, était sur la défensive, agressive, méfiante, autant Patti Smith répondait aux questions qu’on lui avait 1000 fois posées comme si c’était la première fois et chaque fois comme si la question était la plus pertinente ou, comment dire, comme si la question illuminait soudain sa perspective exacte. Du grand art. Et de pouvoir parler de la vie exactement au moment de la vie et de toute la vie (puisqu’elle reparlait de Robert Mapplethorpe...)