Friday, March 13, 2020

(2 6 septembre 1348)


« Récemment, une nouvelle infâme est parvenue jusqu’à nous : la peste que Dieu inflige au peuple chrétien pour ses pêchés, voici que des chrétiens la mettent sur le compte des juifs. Poussés par le Diable, ils les accusent d’empoisonnement. Ils les massacrent sans les laisser recourir à la justice, ils ne ménagent ni les enfants, ni les vieillards, ni les femmes.
Il est vrai que ce crime d’empoisonnement mériterait un châtiment terrible, mais on voit que la peste atteint aussi les juifs… Et puis, comment croire que les juifs ont pu trouver le moyen de déclencher une catastrophe pareille ?
Nous vous ordonnons de profiter de la messe pour interdire à votre clergé et à la population — sous peine d’excommunication — de léser les juifs ou de les tuer ; s’ils ont des griefs contre les juifs, qu’ils recourent aux juges compétents. »

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B ourgogne


Josselin, je joue demain samedi dans une MJC à Dijon, je voudrais apporter un peu de poésie en énumérant les meilleurs vins de Bourgogne (la buvette — où il n’y aura rien de tout ça, il faut survendre — restant ouverte pendant le spectacle qui dure trois heures). Bien sûr, il y a Internet, mais tu n’aurais pas, toi, une liste plus personnelle (et conséquente) ave quelques adjectifs, mon chéri ?
YN

J'aimerais y être, en ces temps d'impossibles déplacements, j'aimerais occuper tous les lieux du monde, Dijon compris. Comme tu joues dans un lieu d'experts (la Bourgogne), je pense qu'il faut jouer la carte de la fantaisie sensuelle, hyperbolique, fantasmatique, inexacte en tout cas, et donc, attrayante d'assumer sa poésie folle.
Donc par exemple : « ce vin, c'est un parfum de temple japonais, quand la nuit est fraîche, et que les pivoines dansent »
ou : « ce vin, respirez le longuement, humez le avec respect, on sent presque les odeurs de l'amour, quand un couple vient de quitter le lit, et qu'il laisse sa transpiration du désir » 
et pourquoi pas : «  je crois que là, mais ça n'engage que moi, oui, vraiment, là, mais vous avez le droit de ne pas me suivre, là, c'est l'idée que je me fais du parfum de Marcel, je veux dire Marcel Proust, oui, sa nuque, vers 20 ans, si on la reniflait, elle devait avoir cette même délicatesse, ce même parfum léger d’eucalyptus » 
Bon, voilà, des idées comme ça, à saut et à gambade.
je t'embrasse mon cher Yves-Noël

Comme tu es doué ! Il faut vraiment que je propose ce spectacle à Ribes, c’est magnifique, ces exemples ! Merci !
Yvno

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Le Festin en temps de peste, pièce de théâtre d'Alexandre Pouchkine


Chers amis, juste vous dire que demain je penserai à vous en jouant ici à Dijon en même temps — croyais-je — que vous (je commencerai à 18h). J’ai cru que notre situation serait similaire, que nous avions la chance, vous à Rennes et moi ici à Dijon, de jouer devant de telles petites jauges que les spectacles seraient maintenus. Le mien qui se jouera sans doute devant très peu de monde est un spectacle qui n’est pas de moi, mais de Yaïr Barelli, sur le thème de l’interprétation, qu’est-ce que c’est que l’interprétation ? etc. très méta, bon, ça ne va donc pas être facile facile à jouer dans cette MJC de quartier sensible — ou comment dit-on maintenant nous a dit la directrice ? quartier « politique de la ville » ! mais Yaïr propose qu’on puisse utiliser des citations d’autres spectacles, alors j’aurai quand même le plaisir de dire un peu du brillant texte de Tchekhov qui nous sert, pour nous, notre spectacle. (J'ai choisi le passage sur la littérature nouvelle et j'espère que j'arriverai à décrire un peu de l'atmosphère si riche de ce moment avec ce feu de cheminé, ces manteaux de fourrures, cette neige, ces bougies, cette table immense où l'on peut tout jouer...)
Gardez confiance dans le jeu et en vous-même, pendant cette interruption, confiance aussi dans le futur difficile qui se présente (la peur, tout à l'heure dans le bus, on n'a pas pu payer, la conductrice ne voulait pas toucher les pièces de monnaie). Que jouer par temps de peste ? C’est une situation que l’humanité a plusieurs fois connu. Du temps de Shakespeare, vers 1600, à Londres, les théâtres (dont celui de Shakespeare, Le Globe) ont fermé pendant deux ans. La troupe s’est dispersée, Shakespeare est allé chez un protecteur à la campagne et c’est là qu’il a écrit de la poésie (les fameux sonnets…) Puis les théâtres ont réouvert, la peste était finie (pour un temps) et Shakespeare a écrit de nouveaux chef-d’œuvres de théâtre qui ont traversé les siècles jusqu’à nous. 
Nous écrirons donc de la poésie ensemble pendant la pause et nous referons du théâtre ensuite ! Promis !
Amitiés, 
Yves-Noël

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