Wednesday, May 20, 2009

Un bon papier !

PREMIERE

Yves-Noël Genod
Théâtre critiques

du 14/05/2009 au 06/06/2009

La critique de la rédaction

Un metteur en scène qui titre son spectacle par son nom, ça en dit déjà long sur la personnalité du type en question. Immédiatement, on lui associe le qualificatif de narcissique. Et on s’attend à le voir seul en scène, s’exhibant et se complaisant dans la lumière, jouissant des yeux du public braqués sur lui. Raté. Sur le plateau en gradins du Studio de Chaillot, Yves-Noël Genod n’y est pas. A la place, il y a un spectacle qu’on n’est pas prêt d’oublier. Des vibrations qu’on se prend en pleine face sans trop savoir pourquoi et comment ça nous touche tant. Comment l’expliquer ? Un spectacle pareil, ça ne se résume pas aisément. Il n’y a pas d’histoire à proprement parler et pourtant on a l’impression d’en avoir traversé une quand prend fin cette avalanche de saynètes aux airs faussement improvisés. Cette extravagance théâtrale est une somme. De sensations épidermiques, d’impressions physiques, de grands écarts inattendus, de scènes insolites, de genres. Parfois, on se dit que c’est du grand n’importe quoi, que ça n’a ni queue ni tête, mais la tête, on l’a déjà laissé à l’entrée, et on n’essaie même pas de comprendre parce que tout est comme évident et mystérieux à la fois, parce qu’on est secoué de rire et la minute d’après scotché d’émotion. Parce que si tout a l’air insensé, nos capteurs sensoriels nous susurrent qu’il y a du sens dans ce bordel apparent. Au fond, de quoi parle « Yves-Noël Genod » ? De théâtre, de jeu. Point. Il n’y a pas à épiloguer. Il n’y a pas à chipoter. Les quatre comédiens, parfaitement dirigés, jouent en tenant compte du public, sur le fil entre précision et liberté, distance amusée et engagement entier. Leur présence physique est puissante, que ce soit dans une forme d’abandon de soi ou de maîtrise technique. Ce spectacle réussit le tour de force d’être théâtral et anti-théâtral, cultivé et grossier, mythique et anecdotique, simple et foisonnant, tendu et relâché, tendre et brutal, kitsch et raffiné. Il est d’une beauté bizarre, convulsive, vivante. Oui, c’est un spectacle vivant, tout simplement. Rien de narcissique dans tout ça. Bien au contraire. « Yves-Noël Genod » est l’émanation d’une personnalité singulière, d’un homme loyal qui fait du théâtre comme il est et qui appelle sa création par son nom, parce que c’est sa marque de fabrique. Son art est libre, perturbant, intelligent et poignant. C’est sûr, Yves-Noël Genod a du talent.

Marie Plantin






Bonjour Marie Plantin !


Catherine Papeguay m'a donné le lien pour votre papier et vous ne pouvez pas savoir comme il me touche ! Si, vous devez savoir ! La pénétration de votre analyse arrive à point pour me dire : pour une personne au moins, mes intentions (parfaitement décrites ici) étaient les bonnes. C'est le genre d'article dont j'aurais rêvé dans "Libé" ou "Le Monde" ou "Les Inrocks", mais de "Première" ça me réchauffe le cœur... et ça ne me fait pas enfler la tête ! A propos de tête, j'adore la notation sur le fait d'avoir laissé sa tête à l'entrée - évidemment, c'est la clé. Enfin, je ne vais pas vous réciter entièrement parce que tout ce que vous dites est juste - exactement dans le mille et le sens du spectacle - toute la difficulté est d'empêcher autant que faire se peut les "projections", les "fantasmes" du public pour dégager un espace qui ne soit pas d'images, mais de circulation, peut-être ce qui entoure les images et qui permet leur circulation, mais en tout cas pas de ce qui les arrête... Je vois tellement (et j'en ai eu l'expérience depuis le début des représentations) comment on peut passer mais totalement à côté ! c'est tellement facile. On se dit qu'on devrait avoir plus de puissance, mais, en même temps, ces sensations de vie que vous nommez très bien (à la fois cultivées et grossières, mythiques et anecdotiques, etc.) on ne peut pas les imposer, c'est impossible, elles disparaîtraient instantanément... Il faut donc accepter jusqu'au contresens intégral (voir "la mort" à la place de "la vie", "la solitude" à la place de "l'amour", "la gratuité" à la place de "la générosité", etc. vous pouvez imaginer !) et... espérer... Nous avons eu d'autres très bons retours jusqu'à maintenant, mais vous êtes, vous, la première qui l'écrivez (au point que je me suis dit que peut-être ce spectacle touchait plus les "illettrés" !)
Vous êtes très forte, vous avez du génie.
Donc je me permets de vous remercier bien bas !

Si vous avez des amis à m'envoyer, je les placerai (donnez mon mail), n'hésitez pas, nous avions des salles pleines jusqu'à présent, mais cela risque d'être plus dur à présent... Pas de relais dans la presse, comme je disais. Du coup, ce qui est assez agréable, Chaillot nous permet les invitations.

Aussi je n'ai pas réussi à aller jusqu'à votre critique à partir de la page d'accueil de "Première". C'est sans doute moi qui ne sais pas m'y prendre. Pouvez-vous vérifier ?

Tous mes remerciements



Yves-Noël Genod

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Alain

Yves-Noël,

Tu ne prendras pas comme une marque d'intérêt ou de timidité mon éclipse hier après le spectacle : c'est tout simplement que je me levai le lendemain à 6h30, après une journée de cours exténuante, et qu'il me restait encore à préparer mon cours.

A vrai dire je serais bien resté pour te féliciter (je m'exécute tout de suite après) et féliciter comme il se doit les acteurs à qui tu offres un champ d'expérimentation qui doit les griser... féliciter le beau Berbère en particulier ou le petit Allemand, amateur d'escalade comme moi (j'en sortais).... qui donne très envie de grimper en effet...

Sinon, j'ai apprécié cette pièce, avec cette ambiance indécise que tu sais si bien faire planer sur une scène, changeante pour le coup, et c'était une très belle idée. J'aime ton rapport au dehors, le hors-scène qui s'invite sans qu'on sache si tout est parfaitement prévu, ces changements d'ambiance et cette insécurité qui habite la représentation. J'aime aussi ce sens des transformations des acteurs et ce champ libre que tu sais leur donner. Peut-être, à mes yeux, manque-t-il une partition plus aboutie : que sera-ce quand tu soigneras tes textes...

Voilà en deux mots, beauté,

A.






Merci !
Il y a eu des spectacles de texte, yes, il y en a eu ! - même si pas à Paris....

Heureux de sentir ton plaisir et même... ton excitation !

Bises


Yvno

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