Saturday, October 13, 2007

La citation du jour

« Il veut avoir son idée comme nous tous. Et c’est vrai que c’est le départ qui doit être… Et puis on fait les choses dans l’excitation, sinon ça traînerait trop longtemps, ça n’arriverait à rien. »

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De Pascal Bély

Samedi 13 octobre 2007



Au festival actOral, l’acte anal d’Yves-Noël Genod.



Deux festivals (Dansem, actOral), une association (Marseille Objectif Danse), un lieu rassembleur (La Friche Belle de Mai), un public de fidèles, mais clairsemé: tels sont les acteurs de ce mois d’octobre marseillais. Pendant que les institutions locales ouvrent leur saison sans fracas (c’est le moins que l’on puisse dire), la Friche Belle de Mai tente de faire entendre une voix différente alors que tout semble consensuel et mou ailleurs. Premier arrêt sur un ovni salutaire.
actOral, le festival international des arts et des écritures contemporaines acceuille le chorégraphe Yves-Noël Genod avec “Monsieur Villovitch”. Dans un des hangars de la friche, le décor est éclairé par la lumière du soleil. Elle traverse une longue bâche de plastique transparente : la scène se prolonge au-delà du plateau. Les six premières rangées du gradin sont réservées aux comédiens. Et comme si cela ne suffisait pas, l’extérieur de la salle fait office de caisse de résonance. Cet élargissement est à la mesure des intentions de cette œuvre inclassable: pousser les frontières tel un réflexe vital pour lutter contre l’enfermement d’une société repliée. Ce spectacle nous est directement adressé si bien que notre place assise n’est qu’une illusion: Genod sème le désordre sur scène et dans notre vision jusqu’à nous rendre acteur de ce qui se joue. Ce samedi après-midi, nous sommes au théâtre, à Marseille, ville rongée par le racisme…
Il marche, avec sa valise et s’arrête pour se déshabiller et se transformer en femme blonde péruquée genre Marylin en cagole. Elle va arpenter la scène en chantant tel un haute-contre des mélodies pop des vingt dernières années. Un vieil homme arrive, planche de surf à la main. Il tente quelques postures, mais, derrière la bâche, une infirmière le ramène. Entre folie, travestissement et réalité, Genod crée un nouvel espace, aux contours incertains, mais propices pour nous immerger dans cette communauté humaine dont nous faisons partie. Un danseur quitte les gradins, monte sur scène et enlève-lui aussi ses vêtements. Nu, il se plaque au sol, puis contre la bâche. Le contre-jour sculpte son corps entre blancheur et noirceur. Sublime transformation où le corps restitue nos paradoxes. Un troisième homme avance, à la démarche lourde. Il se déshabille pour traîner avec lui une chaîne et une bassine. Métaphore de l’esclavage moderne, il urine et défèque: le corps déborde, comme un trop-plein. Remous dans les gradins, Genod vient de franchir la limite, hors de la bâche transparente, hors de tout. Au-delà du corps. L’homme vocifère ses insultes racistes, homophobes, machistes clamées dans le hall de la friche et qui finissent pas résonner au dehors. D’autres personnages élargissent le groupe, des extraits de chansons populaires envahissent peu à peu l’espace comme un juke-box en roue libre, mais chacun est seul, en perte de valeurs, replié dans son environnement qui le propulse vers le bas. La France est là : raciste, dépressive, rongée par la rhétorique médiatique (délicieux passage où la blonde présente la météo et interview ensuite Hubert Colas, metteur en scène marseillais). Une femme descend bien des gradins pour oser une belle figure chorégraphique, mais rien n’y fait : entre chien et loup, la lumière du jour s’affaiblit et la petite lampe posée sur la table illumine ces comédiens fabuleux, mais leur corps ne parlent plus, vidés de sens.
“Monsieur Villovitch” est un beau cauchemar, un espace entièrement dédié au corps, entre quatre murs d’une ancienne usine. On ressent une sensation d’étouffement à l’heure où la France plonge dans le racisme institutionnalisé, où la danse s’efface progressivement des programmations des théâtres de Provence.
La décadence sarkosienne nous propulse dans le noir et Genod n’a qu’une toute petite lampe. Mais c’est celle d’un phare.

Pascal Bély
www.festivalier.net

♥♥♥♥♥♥“Monsieur Villovitch” de Yves-Noël Genod été joué le 6 octovre 2007 à La Friche Belle de Mai dans le cadre du Festival ActOral.

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De Damien Chardonnet-Darmaillacq

De : damiencd@hotmail.fr
Objet : Quoi? hein! Bon.
Date : 12 octobre 2007 05:07:06 HAEC
À : yvesnoelgenod@wanadoo.fr


Quelle heure est-il
Trois heures
Merde
Trois heures du mat’
Putain trois heures
Je dors pas
C’est con
J’aurais pas dû dormir cette après midi
J’étais crevé
Je suis allé chercher mes analyses de sang ce matin
Tout va bien
A dit la médecine
Je me suis fait peur trente secondes
Je savais que j’avais rien
On sait jamais
Fumer tue
L’alcool est à consommer avec modération
Capote et Cie à chaque nouveau partenaire
Après il s’agit d’avoir confiance
gnagnagna
Merde putain
Aujourd’hui tu peux plus mettre tes coudes sur la table sans qu’on vienne t’expliquer dans la minute que ça favorise le cancer de je sais pas quoi
Il est trois heures merde
Plus de trois heures sûrement maintenant
Ce déménagement m’a crevé
Arrête ton char poulette
J’ai fait ma feignasse oui
J’aurais pas dû dormir je suis con
Tout était nickel quand je suis parti
J’espère que la patronne sera contente
Elle m’a fait marré hier quand elle est entrée en disant salut les copains
Avec sa petite tête de coquine
Elle est marrante en fait
Demain c’est le jour de la réunion de la commission d’attribution des postes à l’université
Je sais pas ce qu’ils vont faire de moi
Putain j’ai le nez bouché c’est lourd
Si ça se trouve je vais pas avoir de poste
Ce serait chiant
J’ai quand même envie d’enseigner
J’espère qu’ils vont pas me foutre des cours en début de semaine
Ça mangerait sur mes heures de taf’ à la Comédie Française
Je pourrais peut-être soudoyer le conservateur pour qu’il me laisse venir quand je veux
Après tout il me connaît et il m’adore
Qu’est-ce que je vais faire si j’ai pas le poste
Bon demain je bosse sévère
Faut que j’avance dans mon pavé sur le classicisme
Il est bien ce bouquin vraiment
Mais il est long putain
Peut-être que Pascal va m’appeler demain pour que je repasse à l’appart’
Si j’ai pas le poste
Faut que je trouve un assistanat
Yves-Noël
Je recule un peu depuis deux mois
Faut que je me jette à l’eau putain
En fait faut que j’ai la réponse pour le poste
Je peux rien faire avant ça
Comment je vais être mis au courant
Il vont peut-être m’envoyer un courrier
Je les appellerai demain
Même si j’ai le poste faut que je me trouve un assistanat
De toute façon j’enseigne que sur un semestre alors ça me laisse une moitié d’année libre
Même plus
Faut que je prenne rdv avec Biet pour qu’on cause de mon plan
Ce serait peut-être mieux en fait que j’ai pas le poste
Je pourrais pratiquer beaucoup plus
De toute façon je commence à bosser sur mon nouveau spectacle mi-novembre quoi qu’il arrive quand Lauriane sera revenue de Toulouse
Et puis je pourrai toujours démissionner à la fin de l’année si ça me prend trop de temps
Je bouillonne putain
J’ai plein d’idée pour ce truc
Je suis sûr qu’on peut faire un putain de truc avec ça
Faut voir faut que j’ai tout le monde pour commencer à bosser
C’est lourd que Lauriane soit pas là
Ça faisait longtemps que j’avais pas eu envie comme ça
Yves-Noël
J’ai l’impression
Je sais pas
D’aller vraiment
D’aller enfin
Non enfin c’est pas bien
Je suis heureux de tout ce que j’ai fait avant ça
Même fier
Je sais pas
Yves-Noêl
Depuis
Yves-Noël
Depuis Avignon en fait
C’est plus clair
Je veux dire
Yves-Noël
Je crois bien qu’il y a une putain de porte qui s’est ouverte
Faudrait que je lui dise un jour
Yves-Noël
À Yves-Noël
Putain je me sens tellement plus libre
Yves-No
Yves-No
Ton spectacle
Depuis ton spectacle
Merde comment dire ça
Y’a un truc qui a bougé en moi
C’est con merde
Je m’y attendais pas
Je vais passer pour un jeune con
En fait j’ai envie
Je sais pas
Si je sais
Je sais
J’étais coincé dimanche dernier quand je suis allé à Marseille après le spectacle
Avec Marlène
J’arrivai pas à parler putain
J’avais envie de me déverser
AAAAAAAAAAAAHHHHH
Putain de spectacle à la con
J’ai fait mille bornes en une heure et quart
Tu dis ça comment
Y’avait du monde partout j’ai balancé des banalités
Oh putain je voudrais leur dire juste à tous les deux
Merde, ce que vous faites vous pouvez pas savoir ce que ça me fait
C’est juste que putain ça bouge dedans quoi merde ça bouge quand je vous regarde
J’ai plus envie de faire de l’art pareil depuis vous
C’est énorme comme truc
Je veux dire si un artiste me disait ça un jour après avoir vu un de mes spectacles
Bah je crois que ça me toucherait vachement
Quelque chose s’est ouvert
Comme si ça m’avait sorti la tête de l’eau
Je respire putain
J’ai l’impression de savoir où je veux aller
Je sais où je veux aller
Je vieillis merde
Comment veux-tu que je lui dises ça à Yves-No
À chaque fois que je le vois on s’est pas dit deux phrases qu’il me parle de cul
Alors moi forcément j’ose pas lui dire des trucs sérieux comme ça
Il me fait marrer
Il me fait vraiment marrer
Je l'aime vraiment beaucoup
Mais j’arrive pas à lui dire des vrais trucs c’est con
Comment tu dis aux gens qu’ils te bouleversent
Tu me bouleverses
Question de contexte
Il est drôle
Il me fait marrer avec ses braguettes ouvertes
Comment veux-tu dire à un type qu’a tout le temps la braguette ouverte
Tu me bouleverses
T’as l’air con oui c’est tout ce que t’y gagnes
Et puis mon avis si ça se trouve il s’en fout complètement
Après tout quoi on s’est vu trois jours cet été entre deux bières
Entre deux prétendants
Qu’est-ce qu’il sait de moi
Que les homos préfèrent les blondes
Jackpot j’aurais mieux fait de me taire
Y’en a trente mille des comme moi
Non c’est pas vrai
Y’en a pas trente mille
Pas trente mille
Pas mille
600
Qu’est-ce qu’il en sait lui
Rien
Je me trompe peut-être
Quand même
On s’est pas vu beaucoup
Mais je sais pas
J’ai quand même l’impression de l’avoir rencontré cet homme
Et Marlène aussi
Marlène je lui ai plus parlé
Merde t’en rencontres pas beaucoup des gens à Avignon
T’en croises beaucoup
Ça
Mais t’en rencontres quand même peu
Il est quatre heure trente six là
Fait chier
T’en rencontres pas beaucoup
C’est pas rien
Si Pascal m’appelle demain matin pour me dire qu’il faut que je repasse à l’appart’ dans l’après midi
Puis faut que je bosse
J’ai faim
Je vais essayer de dormir au moins cinq heures
Pascal appellera pas avant 10h
Il va m’appeler pour débriefer c’est sûr
Bon demain j’envoie un mail à Yves-Noël
Ou alors j’appelle Marlène
J’ose pas putain j’ai l’impression d’avoir douze ans
Bon j’envoie un mail à Yves-No pour lui dire que ça me ferait plaisir de le voir
Et euh je lui parlerai
Enfin voilà
Quoi

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De Robin de Courcy

De : robdecourcy@hotmail.com
Objet : tout de suite finalement
Date : 10 octobre 2007 19:21:51 HAEC
À : yvesnoelgenod@wanadoo.fr


yves noël,

avant de t'écrire, je me dépêchais de finir un blog pour te présenter ce que je fais... mais dans le temps finalement je vais oublier ce que je dois te dire alors c'est pour tout de suite

je suis robin je t'ai remercié pour ce bol de déraison en sortant... je reprends:

tu as mis des êtres en lumière comme j'ai rarement pu le voir
puis tu nous a mis en écoute
il y avait quelque chose de nul et de débile, de la régression aussi, ce terre-plein où l'on a commencé à se vautrer depuis...
et la lumière est revenu sur le corps tordu, le ventre gonflé, l'urine écoulée
je sais très bien où je suis et je suis forcé de rire après avoir souri comme en résistance de la perruque, du surf ou de peggy la cochonne puis tu insistes, puis ils insistent et tu refais du temps et je nous reconnais,

là où l'on pourrait dire que ça traine c'est encore du vivant
avec la difficulté de lire dans le noir et tout ce qu'on n'a pas pu voir

vous nous avez donné beaucoup de joie
et ça m'est resté avec les colonnes de flics à la porte d'aix
les métastases du cerveau de mon grand père...
et ça m'est resté et je crois que cela va s'épanouir encore

je sais faire beaucoup d'animaux
le corporate, le téléviseur, du flux
j'ai monté une cie, un spectacle sur la violence
je t'envoie un recueil que je viens de finir pour te remercier
tu le liras si tu en as envie et quand tu en auras le temps

je te remercie
je vous remercie énormément

merci, merci robin on n'a pas bien applaudi
mais tu as dû sentir...........


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