Thursday, December 11, 2008

Mamzelle Poésie, Marc Domage






Photographies de Marc Domage. Mamzelle Poésie, Bénédicte Le Lamer.

Labels:

Les galets, fils des déluges

Il faut que la littérature donne, donne comme la vie. Et ce n’est pas impossible. Et je ne me trompe pas. Je me trompe, je ne me trompe pas. C’est par lumière, c’est par modestie. C’est la forêt-park, je ne sais pas quel rayon de la roue de vélo. Avec enthousiasme. Et avec enthousiasme. Pour vivre cachés, vivons heureux

Et ça avance ensemble. Ensemble. Comme au déluge. Les livres secs. Près du lit – les livres secours non ouverts. Non ouverts. Livres ramassés. Près du lit. Du lit

Bien sûr il faut savoir écrire. Bien sûr il faut savoir jouer. C’est même pas sûr. Il y a les spécialistes (de la rue de la littérature), les heureux spécialistes. Ce n’est pas parce qu’on balaie à Berlin que les rues sont propres à Paris…
Thomas Geelber va encore me parler des galets fruits du cœur

J’ai pas d’mari
Qu’est-ce qu’on va faire ?
Dormir
On n’a pas photographié la Ménagerie

Où est-il ?
Encore…


Et mon sourire imparfait
La pierre orange, le cœur éclairé
Le profil chahuté
L’aluminium, le ciment, la chimie
Ou encore le papier







11 déc. 08.

Tout – en référence à quelque chose qui est tout, tout ce qui peut se dire... Peut-on écrire de tout ? Oui, mais pas avec n'importe qui : http://guarantyofsanity.hautetfort.com/

Labels:

Mamzelle Poésie, Marc Domage






Photographies de Marc Domage. Mamzelle Poésie, Bénédicte Le Lamer.

Labels:

A blaze of light in every word

I apologize
Mes parents se sont mariés ici
Bon allez, j’avoue, il est beau
Je suis chez moi
J’ai des ordres, Monsieur le ministre…
Pour se détendre
Naïveté crasse







11 déc. 08.

Labels:

Mamzelle Poésie, Marc Domage






Photographies de Marc Domage. Mamzelle Poésie, Bénédicte Le Lamer.

Labels:

Deux fragments de Paul Verlaine (La bonne chanson) rajouté à la pièce de Liliane

Le soleil du matin doucement chauffe et dore

Les seigles et les blés tout humides encore,

Et l'azur a gardé sa fraîcheur de la nuit.

L'on sort sans autre but que de sortir ; on suit,

Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes,

Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes.

L'air est vif. Par moment un oiseau vole avec

Quelque fruit de la haie ou quelque paille au bec,

Et son reflet dans l'eau survit à son passage.

C'est tout.






Le paysage dans le cadre des portières

Court furieusement, et des plaines entières

Avec de l'eau, des blés, des arbres et du ciel

Vont s'engouffrant parmi le tourbillon cruel

Où tombent les poteaux minces du télégraphe

Dont les fils ont l'allure étrange d'un paraphe.

Labels:

Le texte de Mamzelle Poésie (Liliane Giraudon)

Pas du théâtre….De la prose. Sorte de conte. Frère, sœurs.
J’ai tout piqué.


Je me suis demandée si nous ressemblions à l’une de ces filles.
Je n’en sais rien.


Il y a quelquefois des motifs de non distribution qui exonèrent les frais d’envoi. Supplément des amours prolongées, Paul Verlaine n’habite pas à l’adresse indiquée.


En tout cas il (lui, cette place ouverte) il est beau, très beau. La place de l’inconnu. L’inconnu rapide.

































Ingeborg en combinaison, c’est une torche ! L’héroïne est torchée, elle flambe ! Elle crie : « Nos autoportraits idéalisants sont soldés ou pilonnés » ( c’est en gothique)


Avec l’identité on peut jamais savoir, c’est tellement tordu et incertain. Ce sont les éléments qui m’ont donné une forme.


Et moi c’est le conte allemand des ciseaux, cinq doigts écartelés et ses bras le traitement de la fille le traitement de l’image… Maigre comme Peter Schlemil !


Le pas à pas. C’est pour ça que j’ai beaucoup voyagé. Mais seulement un autre sens. La musique a toussé, ça a fait des bulles.




























J’ai souvent pensé que le monde change, dans ma tête, au cours du temps.


Musique puis silence
Rigoureux mais souple. Si je l’ai tué je ne m’en souviens pas. Vous pouvez le lire, c’est écrit mais si je l’ai tué, pourquoi m’en souvenir ?


Bartleby, lui et moi ne pensons jamais à l’avenir. Je ne mange pas de ce pain là. J’ausculte pour améliorer.


Musique
Avec le carnet on peut ranger un livre (j’ai prévu l’espace)



































C’est cette année là que j’ai découvert les deux, Proust et Mallarmé qui sont mes plus chers…


Je ne me souviens que des vivants même lorsqu’ils sont morts je les vois toujours vivants, je ne m’intéresse pas à la vision du cadavre, je l’oublie.


Un danger, des dangers. Grand danger, petit danger. Gel décoiffant. Le petit gel, le grand gel. L’effet mouillé qui ne sèche jamais.


Musique
On met les mains dans les os et on remue. C’est plaisant.

































En abandonnant ou même en refusant la séduction télégraphique (fabrication des bois dormants – période consacrée) les épisodes racontés pour l’alimentation et la science, en quelque sorte le cadre qui en résulte fait que le lieder, la bonne chanson se fondent sur de mauvais garçons trop fragiles qui donnent aux œuvres l’aspect moelleux et satiné de la viole de gambe.


Avec lui, j’avais vécu au début une curieuse expérience. C’était si passionnant, ce sens qui naissait non pas directement des mots mais de leur musique…





































Les virgules peuvent rendre fou, répétées en troupe rangée, elles exaltent (boire au bar des coupes de champagne en séries rapprochées) Et hop! un point sur la gueule pour les mater, un point-virgule, et puis on va s’en passer, on mettra que des tirets, des tirets assaisonnés de parenthèses, pistaches et amandes amères une nouvelle proposition


Le sens m’intéresse. Je dis que le sens m’intéresse. Ce n’est pas ce que je dis. Le sens m’intéresse. Ce qu’elle dit n’est pas ce qu’elle dit. C’est comme nous. Comme pour nous.






































On peut se retourner pour voir la direction d’où les nous sont venus. Parce que quand je lit-écrit ou qu’il baise c’est souvent nous.


Avancer pas à pas en se retenant de courir : serrer la taille pour faire jaillir les seins, quelque chose comme ça. La Marquise de Pompadour…












































D’un coup il y a eu la mini-jupe, mais je ne me rappelle plus quelle année au juste.


Musique
‘Raisons et Sentiments’ sont joués par deux sœurs mais que Marianne est belle quand elle tombe dans les collines







Musique endiablée. La lumière baisse. Fin de l’acte I.






« Le staretz Zossine a tout de suite su distinguer, parmi ceux qui s’étaient rassemblés dans sa cellule, Dimitri Karamazov, le parricide. Alors il s’est levé de sa chaise et il est allé se prosterner devant lui. »

« Il a agi ainsi (il s’en expliquera par la suite au plus jeune des Karamazov) parce que Dimitri était destiné à faire la chose la plus horrible et à éprouver la douleur la plus inhumaine qui soit »














Acte II

Même décor. Lumières différentes. Musique. Actrices ou poupées ont échangé leurs postures.

Je voudrais bien encore dire « c’est bath » même l’écrire, je ne sais pas l’écrire, je dois regarder dans le dictionnaire mais plus personne ne comprend, c’est comme « c’est du nanan », il faut traduire…


Les couturières, les jupes larges, les jupons amidonnés, le dé à coudre, la gamelle de l’ouvrier et de l’écolier, e pericoloso sporgesi .


Dans mon adolescence, la longueur des jupes était TRES impérativement réglementée vers la mi mollet et à l’époque, la mi-mollet me faisait toujours penser à la mi-molette.


Des fraises qu’on nettoie. Comme celles que Shakespeare balance dans son Richard III. Un sanglier et des fraises.


Je ne danse plus. Je ne danse plus. Je ne peux plus danser.






























J’ai connu l’époque du moulin en bois avec une manivelle au-dessus du couvercle, on la tournait à la main en tenant le moulin calé entre les genoux.


Fin de l’acte II. La scène du Prince. Ils boivent. Elles enfilent leur manteau. Je ne suis pas pour l’enfant dans cette scène.


Le garde-champêtre, le raccommodage et son œuf pour les talons de chaussette, la béchamel, les jurons, la poésie blanche, l’hyperréalisme, la machine à écrire.


Depuis un an j’ai un genou qui fuit et un talon qui déconne. Je ne danse plus.


Il y a une année où je me suis aperçu qu’on ne voyait plus d’hirondelles, ni en ville ni à la campagne, elles ont disparu, très subitement à ce qui m’a semblé.


























Toujours la première, toujours la dernière, la Vénus française
n’est jamais nue mais habillée ou déshabillée.


C’est elle. Encore elle. Elle écoute la valse Boston de Franz Lear dite « Rose sauvage ». Elle danse seule au milieu du salon.


Ensuite il y a eu le moulin électrique en plastique blanc, qui faisait un bruit différent du moulin en bois, l’électrique c’était un grésillement plutôt que la série des craquements plus ou moins pétaradants du moulin en bois.


Elle crie
Chargement de barges sur la Seine !!


Elle crie encore plus fort
La vérité a structure de fiction ! Un exemple s’il vous plait !!





























Les poissons de Sophie, ça y est, ils sont congelés …Les petites cruautés, c’est terminé. Maintenant on change de registre.




Une couleur, un nom, un objet un article, un point de vue.




« Mon bien-aimé, par qui donc alors ? par qui peut-il avoir été poussé ? »


Maintenant le café soluble c’est plus pratique.



Il la suit. Il est derrière. Juste derrière. Après elle.
Quelle horreur !





































C’était une femme encore jeune, ce qu’il lui restait de cuisse, plusieurs hommes disaient l’avoir vu mais ils mentaient. Dans cette vallée, tous les garçons mentaient. Mouflons abattus ou femmes sautées, tous devaient mentir.





Et les gants de peau la taille fine les cheveux noirs… A quinze ans elle déclamait Sophocle dans les champs au lieu de sarcler les pommes de terre. Je lui écrirai bien un jour un kaddish.





































Je ne lis plus Paul Valéry ni Paul Verlaine d’ailleurs. Pourquoi à quatorze ans ai-je accroché la photo de Paul Valéry dans ma chambre. Pourquoi pas Johnny ou Françoise Hardy ?





De temps en temps on entendait une explosion, et les adultes disaient : tiens, un avion qui passe le mur du son.
Comme le point d’interrogation, elle me soutenait : c’est un point d’exclamation tordu !


























Il me semble que finalement quelqu’un, mais je ne me rappelle plus qui, a bien voulu me donner un petit cours d’acoustique, ce qui m’a soulagée.





On traverse et on est traversé. Pas de maîtrise. Plutôt un exercice incessant comme avaler de l’air. Mais le mot exercice ne convient pas.





































J’ai toujours voulu que chacun de mes livres soit nouveau pour moi un autre ton un autre type de discours une nouvelle façon d’entrer dans le vif un nouveau cadrage.





Quand à moi qui suis dans le rayon poésie, je ne connais que la fiction. Je vis dedans depuis l’enfance, vivant dans les mots. Je n’ai jamais su où était le réel. « La réalité en face ? la quoi ? »






Musique. La lumière baisse jusqu’à disparaître. Fin de l’acte II





















Apparition de La Grande Noire

« Moi je ne rêve que d’une chose : sucer un terroriste. Le détourner de son acte par une seule fonction. Contrairement à ce que tu crois ils ne sont pas les préposés fatals, ceux destinés au Mal. Ils ne sont pas nés pour ça. La terreur. Simplement, pour eux, une necessité. Pas d’autre issue. Sucer du sans issue pour lui en donner une, voilà mon programme.

Personne ne leur a gravé la marque « terroriste » dans le dos. C’est seulement une forme atroce de désespoir et de névrose qui les pousse à un tel choix. Et peut-être qu’une petite expérience différente dans sa vie, une simple rencontre aurait suffi à changer son destin… »


Apparition de La Grande Blanche

« Une étreinte. La complexité d’une étreinte…Non ! Non ! Non ! Pour moi les terroristes ne sont que des femmes à barbe. Eros scintille uniquement dans le camp des terrorisés. C’est là que se trouvent les plus belles filles, les meilleurs amants !!! »






























Acte III
Musique. Eclairages différents. Actrices ou poupées ont échangé leur posture.



Et le rossignol dans tout ça ? le rossignol est de revue. C’est un revuiste. Un récidiviste en revues. Une revue de citations (surprises, reprises, sons différés plutôt que chant, coups d’état ratés, pilotes morts, guerriers fantômes…)






Par amour, jusqu’où irai-je ? dilapider une fortune je dois en être capable, voler aussi, tout casser aussi, faire un scandale aussi, mais irai-je jusqu’au meurtre ? en être complice ou le commettre ?



























Je me sers de « tout bois » de presque tout ce qui passe, ce qui surgit à l’horizon, aussi des prestataires de service, des pages jaunes de l’annuaire, de mes amis, de mes ennemis, de ce qui me plait, de ce qui me fait plaisir, de la chaleur.





Un jour j’ai entendu le mot septicémie, que je ne connaissais pas. J’ai tout de suite compris ce que ce mot signifiait, non pas dans le détail médical précis, mais en référence à ma sœur, la plus jeune de nous, les cinq filles.





Ne sais plus la mettre. Ne sais plus pourquoi je ne la mets plus. Je sens bien qu’il s’agit d’une mode, que je suis tombée dans une obligation de service, et il me semble que venir à la prose serait retrouver la ponctuation…Mais je lis le livre de Drillon sur la ponctuation comme un roman.























Le vrai roman le seul roman est le roman de la ponctuation…Et me pourlèche de :
« elle rentrait la chaise abîmée »
« elle rentrait la chaise, abîmée »
« elle jetait la rose fanée »
« elle jetait la rose, fanée »
Comment la virgule vous expédie de la chose à la Dame.













En fouillant encore les recoins de ma mémoire, de ce côté-là, j’arrive à en extraire le mot sulfamides.




























Peut-être existe-t-il des couples qui, après avoir commis ensemble un meurtre ne se sont jamais fait prendre et coulent ensemble des jours d’autant plus heureux ? Ceux là on ne les connaît pas, on n’en entend pas parler.






Le bruit d’une jambe de bois il l’entend
Toujours la nuit lorsqu’il s’éveille








Bifurquez vite ! c’est la Dame qui est fanée, pas la Rose…



























J’ai trop longtemps parlé trop vite avalé mes mots on me faisait répéter, je vois que maintenant cela est passé il me semble que je parle à peu prés normalement.




Moi je m’en fous, je m’appelle Maurice… Ce que cela signifie ne m’intéresse pas. Moi quand on me dit ça signifie que, ça cesse de m’intéresser.




C’était peut-être l’année 1995 ou 1997, certainement pas en 1997 ni plus tard, j’en suis sûre, parce que je me souviens que c’est à Rennes que je me suis aperçu de cette disparition des hirondelles.




Le vif, les voix des deux cavaliers chevauchant dans la forêt en cette période intermédiaire

































La première fois que j’ai entendu cette expression, elle m’a plongée dans une profonde perplexité.




Je suis dans la rue de la littérature. Elle est pleine de spécialistes. Je distribue mes livres. Je dis : « Tenez, prenez, c’est mauvais pour vous ».


































Et nous voilà. Voilà les nous !





Ça s’écrit encore avec des mots et des lettres, une lettre qui tombe, une qui vient à sa place change le cours de l’histoire … Vérité fictive du lapsus.





Elle rejoint son hôtel. Il a promis de la tuer s’il la croise à nouveau.






C’est épuisant de ne pas comprendre.

































Or le recul des glaciers a augmenté depuis vingt ans. Pluie-neige sur mon cœur etc… etc… saison humide atlantique et précipitations neigeuses, opération de passation des nuages, leur superficie s’est réduite de trente à quarante pour cent.



Il parait que les citadins, surtout ceux de la capitale, en manque de village – ils ne voient plus, en entrant dans l’autobus, l’ensemble de tous ceux qui s’y trouvent.








Musique. Les lumières s’éteignent progressivement et laissent place à une vidéo d’autobus en flamme. Fin de l’acte III

Labels:

Le poème dit à la Ménagerie (envoyé par Pierre, lundi)

Dire que rien
et ne plus rien voir d’autre
que l’impossible image
de toi et le silence
toi et la vie
à peine ouverte
et confus le paysage de ton cœur
et comme les semences et les reflets bizarres
ton bracelet qui prend les couleurs du monde
ton bras sombre encore et ta chair si pâle sur les photographies

Dire encore
plus rien n’est possible
il vaut mieux ne pas
ça ne sert à rien de
on se protège mieux

le drap des mots absents

la mémoire fatiguée
n’en peut plus de se dire

Défaire les liens
toujours recommencés
les liens du monde

le lien de toi et moi
qu’en reste-t-il

(J’ai retrouvé mes rêves un matin d’hiver
qu’il n’y avait plus rien à dire
que la plaine d’amour rase et sèche disparaissait
à l’oreille engourdie
déversant pêle-mêle
insectes colorés
rouges et tournoyants
ailes blanches aux nervures fines
comme pétales oblongs
déployant le silence)

― tête penchée

paupières entrecloses ―

Si lente
l’alarme étouffée
si extravagante et belle
qu’on touche les saisons
en livre des adieux riants
aux pages feuilletées doucement
à la lueur d’un silence
où l’ombre se tait
en traits incertains
biffures d’oublieuse raison
images aux rayures comme de l’autre siècle
taches d’encre
vieilles gouttes à la brillance depuis longtemps gardée
précieux regards du lointain
aux indistincts contours
et formules inabouties
qui flottent là
sur le papier mal découpé

Labels: