Sunday, December 01, 2019

L e Militant


Tu as été très dur hier soir, ça m’a réveillé, cette nuit, plusieurs heures. Je me console en me disant que j’aime les machos et que, si je t’aime, c’est donc aussi pour ça. Toi, si doux dans la vie, ton machisme éclate dans ta pensée. Mon métier de poète (excuse du peu), c’est de mettre de l’air entre les choses, pas écraser, pas simplifier, mais révéler la complexité, la contradiction, l’incompréhension, le mystère, son clair-obscur. Et surtout mon métier (de poète), c’est de distinguer constamment le vrai du faux. C’est aussi le même métier que pratique les auteurs de génie avec lesquels je travaille depuis seize ans (et qui l’ont bien entendu infiniment mieux exprimé que moi et incessamment) : Proust, Woolf, Tchekhov (« Seuls les imbéciles et les charlatans comprennent et savent tout »), Shakespeare, Baudelaire, Duras, Racine, Rimbaud, Dostoïevski, Sarraute, Cunningham, etc. Et aussi, avant cela, François Tanguy (et tous les auteurs qu’il m’a fait connaître), Claude Régy (et tous ceux qu’il m’a fait connaître). On ne peut pas avoir appris à lire avec Claude Régy et François Tanguy et admettre la brutalité de la pensée militante. J’espère qu’il y aura un jour un Metoo de cette violence, de cette bêtise infiniment traumatisante et extrêmement dangereuse et meurtrière (l’histoire ne le démontre que trop), contre laquelle tous les poètes ont eu la survie et la liberté de se battre, de se défendre, de rester indépendant — ou de mourir — et que je ressens, chaque fois qu’elle m’est assénée, comme un véritable traumatisme. Tout militant est un militant d’extrême droite.
En revanche, j’aime les utopistes, que tu es aussi un peu. Ceux qui construisent des mondes. Pas ceux qui veulent le renverser.
A bon entendeur, salut, 

YN

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C ette fine, à peine perceptible beauté de la douleur humaine



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