Texte 28
texte 28
Yves-Noël Genod - Théâtre National de Chaillot
du 14 mai au 6 juin 2009
par Jean Pierre Ceton
Ici dans le studio du Théâtre, sous les grands escaliers de Chaillot, on ne fait pas son théâtre. Il n' y a pas de séparation qui fait le théâtre, plus d'instance fermée et fermante ou pas vraiment, les comédiens sont déjà là en jeu lorsque le public arrive, et d'ailleurs est-ce bien du public qui est accueilli par le metteur en scène lui-même. La pièce s'appelle du nom de ce dernier, la pièce? Deux pièces, pour dire en deux parties. Un spectacle oui. Dont on pourrait presque penser qu'il s'invente sous nos yeux, mais comme dit Yves-Noël Genod, tout est calculé.
Le public n'est plus vraiment du public, pour preuve le renversement scène / gradins à la pause du milieu de spectacle qu'on n'ose plus appeler entr'acte, ainsi les acteurs en 2ème partie jouent là où se trouvaient les gens en 1ère partie. Les gens, pas du public, dans le sens où on ne sent pas traités comme ça, ni de grand ni de petit.
Des gradins donc, des murs de squatt, de l'éclairage, oui des floods, parfois sur les spectateurs... Pas de coulisses ni de loges, celles-ci sont sur les côtés, là où sont entassés les accessoires que les comédiens viennent piquer, puis en acteurs ils s'habillent ou plutôt se déshabillent sur les gradins de la scène, où ils déboulent avec des sacs de voyage ou de ville contenant leur matériel, et ils les déballent ces sacs autant qu'ils en dévident ce qui va avec, un sketch, une saynette, un numéro, un moment peut-être...
Des moments entrecoupés ou bien soutenus par une bande son active et la musique de Pierre Courcelle, parfois classique, parfois durassienne, parfois romantique, en fait de cette musique qui renvoie à celle que nous tous ne pouvons pas passer une journée sans écouter, quoi? en vivre...
Sur scène? Comme sur un plateau, un parvis, une place, où ces drôles de corps se jouent autant qu'ils le peuvent de la pesanteur des temps. Sont-ils des SDF comme à l'origine du projet il était prévu? Ou bien plutôt des novo corps, qui expriment un mode d'être présent, et complet surtout. En effet tout du corps doit y passer, des petits riens du corps aux grandes enjambées sur les murs verticaux, des corps habités de leurs pensées plus qu'à l'ordinaire, en fait des corps plus habités de leurs propres pensées qu'hier.
Peut-être manque-t-il du texte, enfin il y en a, souvent partiellement compréhensible, un peu à la Jacques Tati, il y en a du cynique ou drôle a travers des anecdotes, des petites histoires, qu'est-ce qu'il y a d'autres en général?... Il manque peut-être, ce qui manque partout, du texte structurant le possible sinon le potentiel que l'on perçoit et ressent.
Mais le spectacle d'Yves-Noël G. est un spectacle, pas un manuel de philo, un spectacle – avec de l'invention, parfois des trucs avec rien- qui s'il est un peu trash ou cynique ou dérisoire ou sur le fil... reste fin, car le déroulement toujours se joue classe! Ce qui ailleurs serait plus ou moins bonne provocation est là comme champagne proposé à l'entrée, autant dire qu'il provoque une sorte d'exaltation montante et jouissive.
Une fin particulièrement réussie produit une sorte de fusion avec le public, le public? Enfin ceux qui étaient là, qui n'étaient pas acteurs certes, peut être des comédiens malgré eux et grâce à eux, Marlène, Felix, Kate, Yvonnick, Mohand.
JPC
Yves-Noël Genod - Théâtre National de Chaillot
du 14 mai au 6 juin 2009
par Jean Pierre Ceton
Ici dans le studio du Théâtre, sous les grands escaliers de Chaillot, on ne fait pas son théâtre. Il n' y a pas de séparation qui fait le théâtre, plus d'instance fermée et fermante ou pas vraiment, les comédiens sont déjà là en jeu lorsque le public arrive, et d'ailleurs est-ce bien du public qui est accueilli par le metteur en scène lui-même. La pièce s'appelle du nom de ce dernier, la pièce? Deux pièces, pour dire en deux parties. Un spectacle oui. Dont on pourrait presque penser qu'il s'invente sous nos yeux, mais comme dit Yves-Noël Genod, tout est calculé.
Le public n'est plus vraiment du public, pour preuve le renversement scène / gradins à la pause du milieu de spectacle qu'on n'ose plus appeler entr'acte, ainsi les acteurs en 2ème partie jouent là où se trouvaient les gens en 1ère partie. Les gens, pas du public, dans le sens où on ne sent pas traités comme ça, ni de grand ni de petit.
Des gradins donc, des murs de squatt, de l'éclairage, oui des floods, parfois sur les spectateurs... Pas de coulisses ni de loges, celles-ci sont sur les côtés, là où sont entassés les accessoires que les comédiens viennent piquer, puis en acteurs ils s'habillent ou plutôt se déshabillent sur les gradins de la scène, où ils déboulent avec des sacs de voyage ou de ville contenant leur matériel, et ils les déballent ces sacs autant qu'ils en dévident ce qui va avec, un sketch, une saynette, un numéro, un moment peut-être...
Des moments entrecoupés ou bien soutenus par une bande son active et la musique de Pierre Courcelle, parfois classique, parfois durassienne, parfois romantique, en fait de cette musique qui renvoie à celle que nous tous ne pouvons pas passer une journée sans écouter, quoi? en vivre...
Sur scène? Comme sur un plateau, un parvis, une place, où ces drôles de corps se jouent autant qu'ils le peuvent de la pesanteur des temps. Sont-ils des SDF comme à l'origine du projet il était prévu? Ou bien plutôt des novo corps, qui expriment un mode d'être présent, et complet surtout. En effet tout du corps doit y passer, des petits riens du corps aux grandes enjambées sur les murs verticaux, des corps habités de leurs pensées plus qu'à l'ordinaire, en fait des corps plus habités de leurs propres pensées qu'hier.
Peut-être manque-t-il du texte, enfin il y en a, souvent partiellement compréhensible, un peu à la Jacques Tati, il y en a du cynique ou drôle a travers des anecdotes, des petites histoires, qu'est-ce qu'il y a d'autres en général?... Il manque peut-être, ce qui manque partout, du texte structurant le possible sinon le potentiel que l'on perçoit et ressent.
Mais le spectacle d'Yves-Noël G. est un spectacle, pas un manuel de philo, un spectacle – avec de l'invention, parfois des trucs avec rien- qui s'il est un peu trash ou cynique ou dérisoire ou sur le fil... reste fin, car le déroulement toujours se joue classe! Ce qui ailleurs serait plus ou moins bonne provocation est là comme champagne proposé à l'entrée, autant dire qu'il provoque une sorte d'exaltation montante et jouissive.
Une fin particulièrement réussie produit une sorte de fusion avec le public, le public? Enfin ceux qui étaient là, qui n'étaient pas acteurs certes, peut être des comédiens malgré eux et grâce à eux, Marlène, Felix, Kate, Yvonnick, Mohand.
JPC
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