Monday, October 11, 2021

 

Bonjour Jean-Marc !

Je t’écris de Neuchâtel. Comme tu sais, je suis souvent en Suisse (romande), à mon grand plaisir, je dois dire, et toujours bien accueilli. J’ai donné en juillet dernier au festival de la Cité, à Lausanne, une performance sur la poésie suisse — intitulée Vers le soir. J’étais invité par la plasticienne Nadia Lauro pour peupler une œuvre qu’elle a réalisée sur la place du Château, un plein-air donc, mais il a plu tellement que j’ai rapatrié la quarantaine de personnes qui avaient bravé les éléments dans la (grande) loge — et ça a marché. Voici le lien de l’article de Marie-Pierre Genecand qui me maltraite de « superstar sensible ». Ensuite, j’ai pensé que cette performance dans laquelle j’avais mis beaucoup de belles choses (des citations), très mouvante, très improvisée, pouvait se jouer n’importe où, chez qui le voulait et, profitant de ma petite notoriété ici, j’ai mis une première annonce sur IG et j’ai joué mi-juillet dans la grange d'une ferme de Chapelle-sur-Moudon, c’était extra, encore dans son jus, qui plus est à dix kilomètres à vol d’oiseau de la ferme où Gustave Roud a quasiment passé toute sa vie. Hier j’ai joué dans une maison au-dessus du lac de Neuchâtel, cette fois à l'heure de la messe, à 11h. Il faisait beau, on a collationné dans le jardin. Bref, c’est une sorte de « réunion Tupperware » de la poésie suisse (Roud, Jaccottet, Rilke…) Très agréable. Ce rapport direct. On prévoit une autre séance mercredi à Lausanne et une autre jeudi de nouveau à Neuchâtel, mais, à Paris, c’est impossible à jouer, ça n’aurait pas de sens — le local, enfin ! — sauf chez des Suisses en exil ou chez toi, au CCS (salle que je connais). Le jouer au CCS n’aurait pas beaucoup de sens non plus, mais, au moins, je pourrais expliquer pourquoi (nulle part ailleurs je le pourrais) : PARCE QUE C'EST UN PEU DE LA SUISSE A PARIS !

Bref, voilà ce que je voulais te dire. 

Bien à toi, 

Yves-Noël 



Yves-Noël Genod, superstar sensible

Le charme n’est jamais rompu avec lui et on lui dit mille fois merci. Lecteur passionné, dandy inspiré, Yves-Noël Genod est de ces comédiens qui élèvent l’esprit. Déjà apprécié à l’Arsenic ou au Théâtre Saint-Gervais avec sa lecture nonchalante et hypnotique de La Recherche, l’ex-élève de Marguerite Duras et de Claude Régy a de nouveau ravi ses aficionados mardi. D’abord assis dans le très beau, mais très humide, Jardin du Temps – des collines verdoyantes aménagées par Nadia Lauro sur la place du Château –, les spectateurs ont été invités dans les loges de l’artiste et ont reçu en prime un verre de prosecco.

Le nectar était ailleurs. Déambulant à flanc de poésie, le fin lecteur qu’est Genod a cueilli les fleurs du paradis de Coleridge, a évoqué «l'énergie du sans-force, Ferme les yeux afin que s’ouvre le regard intérieur» de Gustave Roud ou «le rien, mais avec splendeur» de Francis Ponge. Un survol à la fois léger, indolent et intense. Comme un élixir de jouvence à savourer encore ce mercredi à 18h30.


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