Friday, June 29, 2018

C onversation dans le train stressant


Je suis très heureux de rejoindre une nouvelle fois le festival Extension Sauvage animé par mes amies Latifa Laâbissi et Nadia Lauro ! Latifa, je l’ai aimée dès la première seconde de notre rencontre, je vous raconterai pourquoi. C’était il y a déjà bien longtemps, à la Fonderie, François Tanguy avait réuni la fine fleur de la danse contemporaine française pour faire ensemble une soirée-spectacle en soutien aux gens de Sarajevo assiégée (voyez que ça remonte !) Elle était là, belle et vive, en robe de mariée, s’amusant, par exemple, des égos de Diverrès et de Nadj qui essayaient contradictoirement de travailler ensemble (l’un allait voir un danseur pour lui dire : « Il faut que ce soit beaucoup plus doux », l’autre, quelques secondes après : « Il faut que ce soit beaucoup plus violent », on n’est jamais à l’abri d’un duo de clowns). Je préfère les jours de grève (annoncés) à la SNCF, c’est moins stressant. On sait que c’est du sport, on est dans la même galère, le personnel qui travaille est plus gentil, compréhensif, on peut même voyager sans payer tandis que, quand ce n’est pas la grève, les retards incessants, les pannes, les annulations sont légions, on n’a qu’à s’en prendre à « pas de chance », tout se présente comme « normal ». Ce normal constamment  catastrophique, ça qui est stressant. Comme s’il y avait la guerre, le fonctionnement des trains, des métros (des avions) est complètement aléatoire. « A la place de la guerre, nous avons ça, nous avons la poisse », disait Claude Degliame dans Grand et petit de Botho Strauss. Les syndicats, je lis dans le journal, ont eu gain de cause, ils ont obtenu une cinquante-troisième semaine de salaire pour ceux des quatre cent quatre-vingt salariés de l’association de lutte contre le sida Aides qui ne l’avaient pas encore. Avant même qu’il y ait un centime de vos dons qui aillent « aider » qui que de soit en situation dramatique, il faut payer la cinquante-troisième semaine, n’est-ce pas ? Claude Régy me l’avait fait remarquer, quand j’étais arrivé à Paris, comment c’était une arnaque facile et efficace que de fonder une association humanitaire, investir d’abord dans des affiches pour récolter des dons ; quand les dons arrivent, se louer un bureau, une voiture, une secrétaire, un comptable, les voyages, les défraiements, les cocktails… Ainsi, avant même qu’un seul premier centime ne parvienne en Afrique, on peut vivre grassement de la combine. Sans compter que les associations de ce genre (« d’utilité publique ») sont très largement subventionnées par l’Etat (sans qu’on nous demande notre avis), comme l’horrible association féministe dirigée par l’épouvantable Caroline de Haas, combien se paye-t-elle, la reine des victimes ?

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