Thursday, March 13, 2014

Je pense beaucoup à toi, l’audition un peu brouillée par de multiples occupations dérisoires (je voudrais ne penser qu’à toi) dans le Paris pollué, mais sublime (la lumière mexicaine). Je suis passé tout à l’heure au Conservatoire pour chercher des costumes pour Sigrid Bouaziz (tu te souviens d’elle ?) et, en la suivant dans ces dédales qu’elle connaît si bien (elle y a passé 3 ans), nous avons longé la salle de spectacle et par les portes fermées des loges nous parvenait la répétition d’un musical (une sorte de comédie musicale, m’a dit Sigrid) que je ne verrai jamais, me suis-je dit (et nous n’avions pas le temps d’entrouvrir l’une des portes) et je me suis dit : c’est ça que j’aimerai aux Bouffes, qu’il y ait une ouverture sur un spectacle (ou plusieurs) qu’on ne verrait jamais, qu’on ait le sentiment de passer le long d’un chemin peuplé de beaucoup de portes qui gardent le spectacle (ou plusieurs) qu’on ne verra jamais… (Evidemment Kafka a parlé beaucoup mieux que moi de ce genre de phénomène.) Ce que je peux te dire aussi concernant ces 3 jours de la semaine dernière, c’est que nous avons travaillé en silence, donc, et qu’il y a beaucoup de choses très belles qui s’y sont faites (seront-ils les retrouver ? tu sais que je n’aime que les première fois…) Je me disais que nous pourrions avoir de temps en temps le silence pur (quand il est calme et onirique comme la présence de Simon le crée ou quand c’est Bertrand, Jeanne et Mario qui travaillent en trio par ex, parce que, quand c’est beau car bien ensemble sans hiérarchie (pas toujours), ça remplit tellement le lieu que ça semble démultiplier les voix (c’est comme 3 voix très similaires qui dans l’harmonie semblent plus nombreuses, semblent s’engendrer) ou quand Bertrand vide le lieu de sa voix pure... Mais tu inventeras ça, quand tu l’entendras, silence ou pas silence…
Qq notes déjà anciennes et dérisoires : car fais tout ce que tu veux ! Mon talent est pauvre et le tien immense…
« la montagne rose de la musique » (Paulina, 84)
« O parole énorme éternelle on ne t’entend pas. » (Paulina, 89) « Ma voix, ma gorge éclatante crient l’immense l’immense Gloria. Aucune sonorité. Les mondes de la nuée brillent comme le diamant. » Création d’un silence ? de cet ordre : cosmique, mystique.
Orgue ! (C’est un ordre !)
Pérotin ? (que me fait connaître Damien…)
J’aime tes fesses de Philippe Katerine ?
Saisons, petits oiseaux, feuilles mortes, montagne rose, accablement 
L’orage, la pluie, la grêle
Les insectes, beaucoup d’insectes…

Bises, je me recouche (insomnie),


Yves-No

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W ateau pour Soleïma




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P etit poème du matin, me souffle Nicolas Moulin


« « La démonstration que des virus enfouis dans le sol il y a plus de trente mille ans puissent survivre et être encore infectieux suggère que la fonte du permafrost due au réchauffement climatique et l'exploitation minière et industrielle des régions arctiques pourraient comporter des risques pour la santé publique », souligne Jean-Michel Claverie (laboratoire Information génomique et structurale au CNRS à Marseille), coauteur de l'étude. »

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« Rien ne devrait avoir un nom, de peur que ce nom même le transforme. » Virginia Woolf

Aujourd’hui, dans ce temps mexicain, lumière sublime et polluée, sublime car polluée… cette brume, cette grisaille de lumière de bord de mer, fraîche, exactement Mexico en décembre ou les très belles journées d’été en Bretagne, j’ai appris que je n’avais pas la maladie d’Alzheimer. Presque déçu. J’ai vu le docteur Fain, c’est un très grand ORL, je l’ai vu pour faire le point sur l’anosmie et aussi pour me faire faire des prothèses auditives qui réduiront la nocivité des klaxons surtout en Vélib’, je supporte pas, c’est comme si on me donnait une baffe à chaque fois. Sur l’anosmie : rien à faire, il m’a dit que la recherche n’était pas très avancée sur l’odorat, on ne sait pas vraiment comment ça fonctionne, il n’y a pas de solution actuellement — comme j’aime quand un médecin parle comme ça : la vérité ! on ne sait rien, rentrez chez vous... Le régime, oui, c’est, en effet, ce qu’il y a à faire. Les 2 plus grandes causes des allergies alimentaires sont le lait de vache et le gluten. Etc. Et puis alors, j’ai dit que j’avais lu que l’anosmie était l’un des signes avant-coureurs de la maladie d’Alzheimer, il m’a répondu : « Oui, ça, c’est moi qui l’ai dit dans « Paris-Match »… — Ah, c’est vous… — Oui, mais pas à votre âge, n’y pensez plus… — Oui, mais je perds la mémoire et il m’arrive de confondre les mots… — Ça, ça nous arrive à tous ; la mémoire, ça se travaille… » Au passage, il m’a pris pour beaucoup plus jeune que je ne suis (à cause sans doute de la lumière mexicaine tamisée de son cabinet à midi et demie avenue Matignon), je lui ai dit : « Je mens sur mon âge, en effet… mais pas à vous, docteur… j’ai 100 ans… » Puis j’ai rejoint Sylvie pour les racines au 400, rue Saint-Honoré dans le Paris sublime, comme plongé dans de l’eau et de la transparence, cette lumière mortelle, cancérigène… et Gildas est venu me faire répéter mon texte dans le salon… et j’ai réussi à rejoindre Sigrid au Conservatoire pour lui trouver une robe. Au Conservatoire, c’était les auditions du concours d’entrée — quelle angoisse ! En sortant à 18h, j’ai rencontré Geoffrey Carey qui faisait partie du jury, puis Stanislas Nordey réellement en grande beauté et en grande jeunesse, je le lui ai fait remarquer, il m’a dit : « Eh bien, je fais comme toi, je fais des injections… » sur le ton de la plaisanterie, mais je crois que, dans son cas, ça doit être vrai, c’est réellement phénoménal : il n’arrête pas et il a l’air d’être en vacances. Oui, Vacances dans la réalité...

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P as commercial (manifeste)


« C'est l'ironie de l'âge moderne que les foules puissent se ruer dans des endroits qui, dès qu'elles y sont, perdent leur attrait et même toute existence. » Philippe Muray

Ici, nous voulons le contraire. Comme le nom de mon association l’indique, Le Dispariteur, c’est le contraire. Ce n’est pas pour être systématiquement hors du coup, mais, au contraire, parce que nous pensons que la télévision, la société du flux continu et bombardant des images, c’est cela qui est hors la loi ; « Faire un pas hors du rang des assassins », comme le dit Franz Kafka (saint moderne). Le spectacle se crée en résonance avec ce qui est. Non pas le bombardement d’un remplissage (de l'avoir plein nos armoires), mais le creux d'un son et lumière. Rien ne prendra la place de ce qui est. Ce qui est, c’est ce lieu vide et disponible, cet admirable décor créé par Peter Brook pour ses expérimentations d’alchimiste et de partage. Le théâtre des Bouffes du Nord est le lieu le plus hanté du monde (que je connaisse). Nous ne ferons que redoubler cette perfection flottante déjà existante (la vie) comme le fait la machine fantastique de L’Invention de Morel, le roman d’Adolfo Bioy Casares. Quelques présences — fantômes ? — hanteront ce lieu « vide comme un jardin fleuri » (image proposée par l’astrophysicien Michel Cassé). Le potentiel infini, les plurivers, les murs qui nous parlent, voilà ce sur quoi nous travaillons. Nous réduisons volontairement la jauge pour que cette résonance du théâtre même laisse gonfler la voile. (On a soif d’idéal.) Considérez-vous ici comme nos invités. Vous prendrez bien un peu de champagne ? C’est une soirée… « Soirée »... mot magique. 1er avril.

« Souvent dans l'être obscur habite un dieu caché
Et comme un œil naissant couvert par ses paupières
Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres ! » Gérard de Nerval

Yves-Noël Genod, 13 mars 2014

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Le Mexique à Paris

    
Depuis une semaine il y a exactement, à Paris, j'en témoigne, la lumière de Mexico de décembre, sublime, polluée, sublime car polluée…






















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