Friday, January 11, 2013

Les Terreurs de la duchesse



J’ai voulu faire ce que les autres ne faisaient pas. Et j’y suis arrivé. Maintenant, ma carrière est finie parce que j’ai fait ce que les autres ne faisaient pas. Entendez-moi bien : ce que font les autres est intéressant, chacun dans son genre...  d’ailleurs, nous, moi, j’ai voulu faire ce que les autres ne faisaient pas. Une question d’orgueil ou je ne sais quoi, de prédestination. Vous écrivez Les Mains sales, vous écrivez Les Mots ; pendant longtemps vous ne connaissez que les titres de ces livres. D’une main, vous regardez un film, de l’autre, vous vous branlez. Il fait nuit noire, nuance. Nuance nuit noire dans la bibliothèque Sainte-Geneviève. Le livre s’appelle : Inventer le rêve. C’est un livre en français. Il y a des textes et des faux textes. Les gens ont peur quand arrive la loco.

Je suis dans un car avec Romain. Je pense que la vie est belle. Il m’arrive de penser que la vie est belle. Je suis dans un car avec Romain. Il m’arrive de penser ça. Ça m’arrive. Un peu n’importe quand. Je ne peux pas savoir. Là, je suis dans un car avec Romain.

Le beau lac sur lequel se reflète la lumière.

Il y a des images diffusées devant mes yeux, un film de Martin Scorcese, et il  y a un livre sous mes yeux. Un livre de Dennis Cooper. Dans la nuit noire mexicaine, j’ai envie d’écrire dans la nuit noire mexicaine en lisant le livre de Dennis Cooper (Un type immonde) et en regardant le film de Martin Scorcese (Hugo Cabret) assis à côté de Romain qui lit, lui, Americana, de Don DeLillo, et regarde aussi le film de Martin Scorcese. La transparence de l’image quand je n’en comprends pas le sens. La beauté comme la nature. Enfin. Quel voyage étrange ! Il fallait traverser tout un tas de baraquements, heureusement pour la plupart fermés, comme une village fantôme qui s’étalait en hauteur, je veux dire, en grimpant, et l’on était déjà haut, mais il fallait ensuite monter grimper un immense escalier d’1 km 5 ou qqch comme ça et l’on arrivait ensuite à l’endroit des papillons (j’espère que j’ai fait qq photos passables). — J’allais louer des dvd, en France, et les regarder sans sous-titres. J’allais disparaître de France par les films et les événements et les fêtes. La musique réfugiée au cœur du monde. Il faut tellement d’argent pour vivre à Paris. Et si je vis, je ris. Nous arrivions dans la grande ville, le film se finissait. « Costume designer : Sandy Powell »...



La Déposition dans le réel

Tomber dans la merveille à chaque situation. Oui, toi. Oui, toi. Oui, toi.

J’étais en face du Monarca *. Les papillons ne s’appelaient-ils pas Monarca ?

Quand on arrive dans un pays, c’est la page vierge. Et puis on commence par mettre qq drapeaux, à coloniser.



* L’hôtel sur le bd Álvaro Obregón.



« Et loin de moi de désirer que ces choses ne soient pas, bien qu’à les voir séparément je les puisse désirer meilleures ! Mais fussent-elles seules, je devrais encore vous en louer, car, du fond de la terre, « les dragons et les abîmes témoignent que vous êtes digne de louanges ; et le feu, la grêle, la neige, la glace et la trombe orageuse qui obéissent à votre parole ; les montagnes et les collines, les arbres fruitiers et les cèdres, les bêtes et les troupeaux, les oiseaux et les reptiles, les rois de la terre et les peuples, les princes et les juges de la terre, les jeunes gens et les vierges, les vieillards et les enfants glorifient votre nom. »
Et à la pensée que vous êtes également loué au ciel, « que dans les hauteurs infinies, ô mon Dieu ! vos anges et vos puissances chantent vos louanges ; que le soleil, la lune, les étoiles et la lumière, les cieux des cieux, et les eaux qui planent sur les cieux, publient votre nom », je ne souhaitais plus rien de meilleur : car embrassant l’ensemble, je trouvais bien les êtres supérieurs plus excellents que les inférieurs, mais l’ensemble, après mûr examen, plus excellent que les supérieurs isolés. »

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Mardi (15), soirée de gala, j’anime la tombola de soutien à « Mouvement ». Le principe : on achète un ticket à 600 euros et on remporte un tableau ou une sculpture que des artistes ont offerts. Certains lots sont vraiment très beaux — je le dis pour mes amis riches, il y a encore des tickets — comme un tableau sublime de Damien Cadio que je m’aurais bien chopé pour chez moi (qui doit valoir dans les 3000 euros). Bien sûr, le risque est aussi de ne pas tomber sur ce qu’on voulait puisqu’on tire les numéros les uns après les autres et que le premier servi... et il y a en effet, mais un seul, lot minable (qui devrait être retiré de la soirée, je trouve) : une affiche dédicacée d’Anne Teresa de Keersmaeker ! Ça, ça craint. Vive Beyoncé, au fait ! (Faute de goût.) (51 lots.)

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Yo tambien te amo


Dans le métro, il y avait une publicité pour dire que les sodas rendaient aveugles (los refrescos). Tout se mélangeait absolument. Il y avait ce film avec ce soldat américain (mais c’était l’acteur qui avait joué aussi Spider-Man), ce paysage qui ressemblait à la Suisse (placée en plein ciel) et ma surdité qui faisait que j’étais encore dans la boîte. Il y avait 2 ânes qui passaient dans le paysage éclatant, « plus grand que l’homme ». Le film me rappelait le stage d’Actors Studio que j’avais fait, il y a bien longtemps, avec Blanche Salant. Ils jouaient exactement comme nous jouions, les acteurs. Actors Studio est une méthode pour tout jouer. C’est vrai que ce n’est pas très magique. « Je suis devenu presque complètement séparé de la réalité. » Le paysage est surnaturel comme sur une planète étrangère. Il est plus grand que... bigger than life ! Je n’en excerpt que des bouts. La réalité, c’est ce qui est fantastique. Il y a des guépards qui coursent des autruches très belles — l’une en habit de marié. D’ailleurs, il y avait une histoire qui m’était arrivée quand j’étais en stage Actors Studio — qui se passait maintenant. Comme je n’arrivais pas à jouer comme je le voulais, je m’étais mis à traîner, un soir, en attendant un signe de Dieu, sans autre but. A 2 h du mat, à la fermeture d’un café avenue Jaurès, des types ivres-morts m’avaient proposé de me raccompagner. Puis ils étaient partis à 150 à l’h sur le périf en disant qu’ils allaient me « faire sucer des bites au Bois ». L’un avait un couteau. Je m’en étais sorti après pas mal de péripéties et Marion, une fille du stage s’était inquiétée pour moi quand j’avais raconté ça le lendemain. « Mais, Yves-Noël, il ne faut pas monter dans les voitures avec des inconnus. » Oui, mais il faut bien raconter qqch, alors. Chaque texte efface le précédent. Nous voici arrivés au lac, lac d’Hélène Bessette. Après le Bois, ils avaient été voir les putes, bd Ney, et, là, je m’étais échappé. 

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