Tuesday, December 13, 2011

Un titre

Il n'y a aucune honte à demander de l'aide

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Suspendre le langage

(deux haïkus)



« C'est le soir, l'automne,
Je pense seulement
A mes parents







Comme il est admirable
Celui qui ne pense pas : « La Vie est éphémère. »
En voyant un éclair !
»

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« L’incroyable frivolité des mourants », écrit Proust la veille de sa mort.

One man





Marcus Vigneron-Coudray.

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« On vit dans une société bardée de messages contradictoires, d’injonctions intenables. »

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A Benoît Pelé




J'aimais beaucoup la tempête dans les dernières représentations, je crois que j'ai oublié de te le dire (j'écrivais sur mon papier – au moins deux fois – « j'aime beaucoup la tempête »), alors, comme François Chaignaud a parlé de « ciel de Brest » – mais L'Invitation au voyage parle plutôt de ciel du Nord, villes de canaux, etc. – je recopie pour toi ce bout de poème de Victor Hugo qu'un ami brestois vient de poster sur son mur (parce que ça secoue, en ce moment…) :

« Assoupissez-vous, flots, mers, vents, âmes, tandis
Qu'assis sur la montagne en présence de l'Être,
Précipice où l'on voit pêle-mêle apparaître
Les créations, l'astre et l'homme, les essieux
De ces chars de soleil que nous nommons les cieux,
Les globes, fruits vermeils des divines ramées,
Les comètes d'argent dans un champ noir semées,
Larmes blanches du drap mortuaire des nuits,
Les chaos, les hivers, ces lugubres ennuis,
Pâle, ivre d'ignorance, ébloui de ténèbres,
Voyant dans l'infini s'écrire des algèbres,
Le contemplateur, triste et meurtri, mais serein,
Mesure le problème aux murailles d'airain,
Cherche à distinguer l'aube à travers les prodiges,
Se penche, frémissant, au puits des grands vertiges,
Suit de l'oeil des blancheurs qui passent, alcyons,
Et regarde, pensif, s'étoiler de rayons,
De clartés, de lueurs, vaguement enflammées,
Le gouffre monstrueux plein d'énormes fumées.
»

Dis-moi, quand est-ce qu'on retravaille ensemble ? Mon prochain projet a lieu à la Ménagerie de verre (du 13 au 17 mars, répétitions in situ du 23 janvier au 4 février et à partir du 5 mars)... Restent toujours les questions de disponibilités et financières... Reste aussi la nécessité quant au projet. Le lieu, je l'ai souvent utilisé sans technique car il sonne, en particulier pour la voix chantée, comme un instrument... (C'est là que j'ai fait le spectacle dans le noir.) Mais enfin, j'avais envie de te le dire comme ça : hâte qu'on retravaille ensemble !

Bises

Yvno

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Et c'est de nouveau reparti ! Il s'agit de bâtir une distribution pour le prochain travail qui aura lieu à la Ménagerie de verre... Une distribution sur du vent pour un projet sur du vent... période délicate... Une seule certitude : le lieu. Mais le lieu est très fort et on l'a déjà fait beaucoup sonner, l'instrument... (Moi et tant d'autres...) Faut trouver ce qui naîtra. Toutes les idées sont bonnes, même les plus stupides : tout le monde à poil peint en blanc, lumière blanche très forte, brouillard blanc et démerdez-vous pour nous faire un spectacle ! J'aimerais que Philippe Quesne m'aide, tiens...

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Publié par Chopina94

http://lairedutemps.blogspot.com/2011/12/je-peux-oui-de-yves-noel-genod.html



– je peux / – oui, de Yves-Noël Genod n'est pas vraiment une pièce de théâtre, pas vraiment un spectacle, c'est plutôt une « expérience sensorielle » teintée de poésie.

C'était agréable de se laisser entraîner par Yves-Noël Genod lui-même dans le théâtre de la Cité internationale universitaire, de s'installer dans la salle où les gradins avaient été enlevés et des chaises et coussins disposés en carré autour d'un espace vide. Comme dans une exposition d'art contemporain, on se demande pour chaque objet et certaines personnes s'ils sont factices ou réels, notamment un vieux curé qui déambule parmi les spectateurs qui s'installent, puis s'évapore discrètement.

« Si un homme traversait le Paradis en songe, qu'il reçut une fleur comme preuve de son passage, et qu'à son réveil, il trouvât cette fleur dans ses mains ... que dire alors ? »

Cela commence par un fumigène qui crache doucement une fumée blanche et dense, elle évolue lentement dans le noir, et prend la forme d'un nuage scintillant d'une lumière changeante : image impressionnante et très belle qui nous transporte dans l'illusion d'être dans le ciel et où l'observation des volutes qui évoluent lentement et gracieusement dans l'espace nous plonge dans un état d'apesanteur.
L'accompagnement sonore est composé de silences, de mélodies douces au piano, de chants, de lectures de textes, d'extraits de bulletin méteo d'une radio américaine, ...

« Que reste-t-il d'un spectacle quand il a disparu et peut-on en parler sur scène ? »

Puis Joëlle Gayot, journaliste de radio, entre dans cet espace pour lire le texte qu'elle a rédigé sur ce spectacle. Démarche surprenante d'écouter une critique directement dans le cadre d'une représentation mais qui capte l'attention tant le texte est intéressant et sensible.

Pas d'applaudissements à la fin, car il n'y a pas vraiment de fin, mais une lente dislocation des spectateurs, à l'image des volutes de fumigènes qui évoluaient parmi les spectateurs, après que les artistes de cette performance soient venus servir du champagne aux spectateurs ...

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Objet aux yeux étrangers




Bon, les plus belles choses qu'on m'ait dites sur les deux spectacles viennent de m'être dites – mais par téléphone – par Laurence Mayor... C'était beau d'ailleurs qu'elle choisisse le téléphone (mais il aurait fallu enregistrer). La manière dont elle a perçu le spectacle est idéale, Laurence est d'une sensibilité hors pair, très pure, très disponible, fraîche. Elle a parlé de qqch de radical, qqch qui est dit jusqu'au bout, qui reste sauvage, qui ne fléchit pas, elle a parlé du hasard qui est le vrai endroit du vivant, qqch comme une éponge qui absorbe et se nourrit et se renforce de tous les hasards, elle a parlé de – c'est le plus beau – de l'incarnation, que ça a à voir avec l'incarnation, c'est le mot qui me vient, qqqch s'incarne dans des bouts d'histoires, des bouts de choses, mais il y a ce phénomène qu'on peut nommer, je ne trouve pas d'autre mot, d'incarnation... Elle a dit sûrement d'autres choses plus importantes encore que j'ai déjà oubliées, et c'est sa manière à elle, surtout, sa manière d'être vivante et de me donner tant de forces... Elle m'a demandé si je pouvais l'aider pour des textes de Nietzsche qu'elle compte dire bientôt à la Maison de la Poésie, à Paris, oui, plutôt mille fois oui, quel cadeau !


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L’amitié avec Olivier Steiner...




L’amitié avec Olivier Steiner date exactement d’un moment précis. On était – c’était l’été – dans l’appartement bourgeois de la rue Michelet qui était vide pendant cette période de l’été et Olivier m’a fait écouter son ACR* et, en particulier, la lecture d’un bout de texte de Duras demandé à Fanny Ardant, ce qu’elle avait fait très gentiment sur son répondeur parce qu’elle était en tournage en Roumanie. Et alors, j’ai tellement ri, tellement ri : je suis tombé instantanément amoureux de Fanny Ardant et ami – en amitié vraiment – d’Olivier Steiner : on rit si rarement, tout est tellement sérieux, tragique, la misère humaine, l’administration. Alors, quand on rit, eh bien, c’est, ça, l’amitié : on a été capable, une fois, de rire ensemble. J’étais assis à côté de Nadia Lauro pour la dernière de – je peux / – oui et, grâce à elle, j’ai ri, je ne me doutais pas qu’on pouvais rire à un spectacle fantôme comme celui-là – où il y a si peu – mais on a ri plusieurs fois, oui.



Ce qui est drôle, Fanny Ardant disant du Duras, c'est que Fanny Ardant a déjà tellement une diction extrême (pas toujours, pas dans la pièce qu'elle joue en ce moment, mais enfin, souvent), tellement déjà baroque et qu'elle veut en plus, là, avec Duras, comme elle le dit dans l'émission que je viens d'écouter (Projection privée) : elle voudrait (en plus) parler comme elle. Fanny imitant Marguerite, moi, je trouve que c'est à se tordre (surtout sur le répondeur d'Olivier Steiner dont j'ai appris que c'était d'ailleurs un pseudo, Olivier Steiner, par Marlène, je l'ai appris, hier, je me disais aussi...) Trop de Duras tue (mais crée du sketch).






* Atelier de création radiophonique
La plus belle chose peut-être qu’on ait jamais dite à propos d’une actrice, c’est François Truffaut parlant de Fanny Ardant : « Elle vient d’un pays qui n’existe pas. »

La Liberté a toujours un prix

Olivier Steiner m’a dégotté une merveille (cliquer sur le titre)



« Le théâtre, c'est tellement violent, c’est tellement sauvage que ça ne peut être que l'amant. »`

« La vie, c’est comme une savane, puis y a des lianes qui tombent, mais elles tombent au bon moment et, hop, on les prend. »

« Un scénario, ça se lit comme on boit un verre d’eau, on va jusqu’au bout, on va pas commencer à trois p’tites gorgées. »

« Oui, mais à quoi bon vivre libre si on vit sans amour, quand même. Voilà. Vous savez bien que la liberté a toujours un prix. Vous vous rappelez La fable de La Fontaine Le loup et le chien, c’est tout ça. »

« Moi, j’pense toujours que je nage. Je rentre dans l’eau et j’sais pas nager. Voilà, dans l’eau noire, quelque chose avec l’instinct. Je n’aime pas l’idée de tout contrôler et de tout savoir. Je crois à la préparation mais à une forme de préparation plutôt comme un vide, plutôt comme une disponibilité. Une disponibilité justement au metteur en scène, à ce qui arriverait, au jeu de l’autre acteur parce que, une scène que vous apprenez, puis tout d’un coup on vous regarde d’une certaine manière et tout vacille. Je pense toujours, voilà, à qqch qui est toujours en préparation et disponible et pas fermé dans une certitude. »

« Un acteur, c’est un vase. C’est tout c’que la vie aura remplit. »

« Moi, j’n’aime pas les répétitions, j’aime pas l’idée qu’ça mouille la poudre. »

« Moi, j’n’ai pas d’amis dans la vie. »

« C’est toujours ces lianes de la savane qui traînent et qu’il faut prendre. »

« Moi, j’me dis toujours on danse pas bien tout seul. »

« L’urgence donne des choses magnifiques. Parce que y a des fulgurances dans l’urgence. On se jette, on se jette à l’eau. Parce que quand on réfléchit trop… c’est comme dans la vie… Faut pas réfléchir, souvent… Il vaut mieux se dire Bon allez ! Que sera sera… (…) Souvent la trop grande réflexion est un frein. (…) Faut pas être trop, trop prudent parce qu’on a qu’une vie et il vaut mieux s’être trompé que d’avoir été comme une caisse d’épargne en disant Faut voir…»

« Plus on s’éloigne loin de son p’tit village et plus on peut parler de ce qui est profond, profond ou de c’qui vous est arrivé. »

« Moi, j’aime bien exagérer pour provoquer. »

« Marguerite Duras, j’aurais aimé parler comme elle. »

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