Monday, July 07, 2014

Ce soir, troisième représentation de Rester vivant, récital de poèmes de Charles Baudelaire qui se donne dans le noir total de la salle ronde de la Condition des soies. Entrée gratuite / sortie payante. A 19h. 13, rue de la Croix. 04 32 74 16 49.

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3/12



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P rière de reconnaissance


Et c’est l’orage encore une fois quelle chose magnifique ! j’ai pris une douche et maintenant c’est la ville entière. Je voulais aller à la rencontre prévue avec Anne Alvaro à 11h, pas tellement pour Anne Alvaro que j’adore, mais pour tracter, eh, oui, quel métier ! il faut distribuer ces cartes superbes (et qui plaisent) que m’a faites Ronan Le Régent (à partir de l’œuvre de Bruno Perramant), il y en a 18 000. Mais alors, quelle joie ! je ne peux pas y aller ! La ville est à seau, la ville est à verse… c’est miraculeux. Rien n’est plus beau qu’une pluie du Sud. Faites qu’elle dure toujours, ô mon Dieu ! que toujours je sois à la fenêtre, dans la chambre abritée, dans la grotte abritée, à regarder ton œuvre, ô mon Dieu ! et en avoir peur de plaisir ! Ne relâche jamais ton attention sur nous, Prince des Ténèbres ! nous sommes si petits, si liquides, si rêveurs, si dénués de méchanceté au fond, même Sarkozy, cet imbécile, pardonne-lui tous ses péchés.

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24 représentations, du 5 au 27, générale le 4


« Il y avait 24 interprètes de rêves à Jérusalem. 
Un jour, j'ai fait un rêve et je suis allé auprès de tous.
L'interprétation de l'un n'était pas l'interprétation de l'autre.
Or toutes se sont accomplies pour moi.
Comme il est dit :
« Tous les rêves suivent la bouche ». »
(Midrash du Talmud de Babylone.)

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Charles Baudelaire parlant des Fleurs du mal : « comme une explosion de gaz chez un vitrier ».

Ou encore : « Je tâche de faire comme Nicolet, de plus en plus atroce ». Nicolet était un homme de théâtre connu pour ses excès (l’originalité accrue de ses excès).

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M a chambre silencieuse et dans l’orage


« Oui, j’écris, mais je parle pas. Quand j’écris, c’est le contraire de parler. Quand j’écris, il y a aucun mot qui sort de moi. Je pourrais jamais… Il y a, par ex, Flaubert, on dit toujours qu’il a récité ce qu’il a écrit à haute voix, il a hurlé la nuit le rythme de ses phrases, moi, je pourrais jamais. Quand je n’écris pas, quand je lis un livre, parfois, je parle à haute voix, mais, quand j’écris, je suis absolument muet. Alors, je ne parle pas, pour vous dire. En écrivant, je suis muet, absolument silencieux. C’est ça, ce qui est beau, pour moi, écrire, parce que, enfin, je peux être absolument silencieux et muet. Mais, en même temps, je mets des phrases, des mots, je mets des rythmes, mais je ne chante jamais mes phrases. »

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1 er Avril, toujours (Ce cortège dont l'un des noms — c'est sûr, est le Théâtre)


Je rencontre beaucoup de gens à Avignon qui me parlen de 1er Avril, par ex, Nicolas Struve me dit qu'il avait l'impression (dans la première partie) de voir la « naissance du théâtre à l'œuvre », avec ces 2 chanteurs, ce couple, et « il reste le fils, déjà chargé de toutes les choses épuisantes »... Il m'envoie ensuite ce qu'il avait écrit sur son mur à l'époque et qui m'avait échappé, je crois... J'ai rencontré aussi un Olivier avec sa Chupa Chups qui me dit carrément que c'est ma présence qui lui avait fait prendre un abonnement aux Bouffes du Nord ; il travaille à la fondation Yves Saint Laurent, mais je lui dis que la fondation ne m'a pas donné de réponse à ma demande d'aide...

Nicolas Struve
1er Avril de Y. N. Genod
A travers noir et fumée, nous voyons (enfin, j'ai vu !) passer quelques millénaires (ce à quoi le théâtre des Bouffes du Nord est propice comme peu et ce à quoi Yves-Noël Genod est sensible et dont il est, comme peu, capable) Nous assistons, à travers l'étreinte de deux corps chantant, émerveillés, à la naissance du théâtre, enfin produit par ce qui nous importe : les profondeurs des désirs et des besoins humains (qui n'incluent pas seulement les droites et le courbes des corps qui ne sont pas les nôtres mais aussi la justice). Un enfant en vient qui nous ressemble, jeune éternellement et coupable. Car le théâtre est fait de cette jeunesse-là — qui ne passe pas. Et l'on s'attend alors au défilé de tout ce que le théâtre compte de fantômes, c'est-à-dire, de tout ce que la dramaturgie (et le règne des seuls professionnels) en a exclu, l'on s'attend à la longue cohorte de nos passions et désirs trahis mais vifs encore, au triomphe du plus haut désespoir, celui qui, en dépit de l'existence injustifiable, est (éternellement aussi ?) allègre !
J'ai vu passer des pieds de faunes, un tombé de paupières où toute la vie d'une femme s'était réfugiée. Et, après qu'un homme ait crié (paradoxe) : « Il n'y a pas de spectacle », j'ai vu passer notre attente, notre communauté à la dérive, quelques monstres et les effrois et la joie de la connaissance et de la perte de connaissance. J'ai, un instant, vu, lorsque des cloches se sont mises à sonner, cette Piazza di Spagna où le poète John Keats est mort solitaire de tuberculose et j'ai pensé, à son épitaphe, « Ici repose celui dont le nom était écrit sur l'eau » ; j'ai vu un trompettiste las, un homme masqué, une femme (dont le nom n'est pas dit, mais qui est jouée par Dominique Uber) tenir un revolver et beaucoup d'êtres encore — de hauts faits d'arme et d'éclatantes trahisons.
Reste, bémol, que le long cortège de nos fantômes ressemble parfois, ici, à sa figure un peu affadie, la mythologie lasse (mais sympathique) de notre oisiveté (Vita NovaDolce Vita ?) Mais, peut-être, nous est-il désormais impossible de faire défiler le véritable cortège de nos fantômes : tout ce qui et de tous ceux qui sont sacrifiés par notre besoin de rationalité et l'avarice du monde. Ce cortège dont l'un des noms — c'est sûr, est le Théâtre.



Nicolas Hibon
Pour moi ce spectacle est un rêve. Les passages dansés sont d'une extrême beauté et débordent d'émotion. Les acteurs sont beaux. Les actrices sont rayonnantes. Le lieu est sublimement mis en valeur. Vous sortez du cadre avec une intelligence remarquable.

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3 D

« Continuer d’un endroit presque inconnu vers un autre endroit absolument inconnu une journée vers le soir, marcher jusqu’à la tombée de la nuit… »
« Il y a plein de choses à découvrir à l’extérieur déjà, mais, à l’intérieur, c’est encore plus intéressant. »

« En étant fatigué, c’était comme une danse. En étant immobile. »

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