Mon défaut est que je voudrais revivre ce qui est passé. Alors, je suis avec une femme sous « la haute houppe des pins, sans un souffle ». L’air, la lumière qui, en déclinant, se révèle nue et fière. Il y a la mer pas loin, bien près, on n’est pas obligé de la voir, mais on l’entend. On dort sur place avec le strict minimum. On a volé quelques livres dans une maison en ruine, on les a sous le vide du hamac, il faut tendre la main.
On a une femme aussi pour dormir sous la tente.
Je ne peux pas imaginer d'être plus heureuse (autant qu’un écureuil ou qu'un papillon ou qu'une coccinelle car il y a de la place pour tous). L’emplacement est le dernier emplacement avant plus d’emplacement. On peut, si l’on veut, gagner le village, mais on peut, si l’on veut, gagner la plage immense.
C’est à égale distance, comme un seuil, dedans-dehors, vie-mort.
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Legrand me propose une relation que j’accepte. Je lui en propose une qu’il n’accepte pas. Néanmoins, dans un univers parallèle, il ne pourrait nier, même lui, que nous sommes des amants furieux, débridés, d’une jeunesse pas de maintenant, pas de la génération Z, bien avant, d’une jeunesse de la nuit des temps. Ce qui se passe entre Legrand et moi ne peut pas se décrire ici. Rien de ce qui se passe dans la vie ne peut se décrire ici. Alors, que faire, puisqu’il n’y a qu’ici.
« Toutes les utopies millénaristes se fondent sur un dangereux déni du réel et de la vulnérabilité humaine. »
Je voudrais être inconnue de moi-même.
Alors, je serais bien.
« Vous vieillissez, nous vieillissons tous. »
Comme si la vie n’était pas possible
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