Sunday, May 27, 2012

Casting sauvage


C'est pas toujours facile de trouver un grillon.

Déjà, il faut qu'il fasse chaud. Chez nous, en Bretagne, ce matin, ça s'était un peu rafraîchi.
Et puis, comme souvent, le ciel se dégage en un quart d'heure et ça monte à 28°.  Je pars dans les chemins avec mon pot de confiture.
J'en repère un à l'oreille. Il faut s'approcher très doucement pour localiser le plus précisément son trou, mais, au moindre bruit, il se tait, se planque, et pour un bon moment.
Une fois qu'on l'a trouvé, il y a une petite astuce qui consiste à introduire dans ce trou gros comme l'index, une herbe fine que l'on fait tourner.
Va donc savoir pourquoi, peut-être que ça l'asticote, en tout cas parfois, il sort. 
Et, cette fois, ça marche. Paf ! Je le recouvre avec mon pot à confiture que je referme avec précaution.

Lorsque je le mets avec la femelle que j'ai trouvée hier, et qui donc ne chante pas, il va tout de suite sous la feuille de salade où elle s'est dissimulée, je vois qu'il remue ses élytres à l'arrière, et il me fait un petit crui ! crui !

Allez, hop ! Engagé.

Je rapporte les deux. On va pas interrompre une histoire naissante comme ça.

S’ils survivent, je les mettrai dans la cour de mon immeuble où on vient tout juste, la semaine dernière, de creuser des grandes bandes pour y planter des arbres et des plantes.

(Jean-Baptiste Lévêque)

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Mon plaisir...



J’ai été transporté pendant le Manège du Parc. Transporté dans un autre monde, beau, simple, apaisant. Un monde où la lumière, maîtrisée et magnifiée par Philippe Gladieux, va d’un subtil jaune orangé en fond de plateau jusqu’au plein soleil sur les trois fenêtres, lorsqu’elle ne s’éteint pas progressivement au passage de M. V.-C.
Lumière qui s’enflamme, aussi, lorsque le diable revêt ses habits de feu, où quand une allumette élancée illumine et se fume.
Ça fume mais pourtant, oh surprise, pas de fumigènes à l’horizon. Dans le Manège du Parc, ils sont substitués par de l’eau vaporisée et la fumée d’un feu (encore un) de papier au bout d’une branche.
Des souvenirs de ce manège, j’en ai plein la tête qui tourna sous les effets des bulles offerte à l’entrée (merci !) : une délicate scène de toilette d’Alexandre Styker, le dos crawlé de M., les sourires de Valérie Dréville, la pluie timide sur les vitres, les soyeux cheveux blonds de Dominique Uber et sa nuisette qui épouse si joliment ses fesses, le spontané incontrôlable des poules, les ailes omniprésentes de ces mêmes poules, celles roses des poules luxueuses que tu sais si bien choisir et celles de l’éventail-papillon dans les gradins.
Les gradins, parlons-en ! Pendant que le beau irradie le plateau, il se propage également dans les gradins. Par tes acteurs d’abord leur proximité, leurs montées des marches. Mais, plus remarquable et involontaire, par le public. Je pense à ce fin rayon de lumière qui coupe la chaussure à talon aiguille de la spectatrice du 2ème rang côté cour et les gracieux mouvements de pieds, jambes et mains – chorégraphiés sans le vouloir – de la ravissante critique assise derrière elle.
Le manège s’est arrêté, les bulles cessent leur effet. A quand le prochain tour ?
Merci de t’être si bien occupé de nous personnellement,
Sébastien
(le voisin de palier)

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Titre du spectacle de ce soir


MANEGE DU PARC 

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Cherche une cage pour un petit animal comme ça

Pour qu'il chante pendant le spectacle
Cherche aussi, toujours, des chanteurs, musiciens (trompettistes...) de haut niveau et capables de venir en dilettantes  pour qu'ils chantent ou qu'ils jouent pendant le spectacle


Photo Jean-Baptiste Lévêque.

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Cher Jean-Michel Ribes,

Très heureux d’être dans ton théâtre par une aussi belle saison ! J’avais conçu, c’est vrai, un spectacle pour Jean-Pierre Thibaudat qui, il faut dire, m’avait, lors de mon dernier spectacle à Paris (à la Ménagerie), comparé à Bob Wilson ! On sait que la flatterie rend l’homme faible. Au lieu d’un one man show, c’était donc un spectacle assez étrange. Un spectacle – Stéphane qui travaille avec nous (qui a une hémiplégie) me faisait rire en disant de temps en temps (avec sa difficulté d’élocution) : « Je vois déjà la tête de Jean-Michel à la première ! » Depuis que je sais que Jean-Pierre Thibaudat ne viendra pas, j’essaye d’orienter le spectacle – dans ses dernières répétitions – pour qu’il te plaise à toi ! Je retourne ma veste – comme le chante la chanson. En aurai-je le talent ? Rien n’est moins sûr…

On ne s’en voudra pas, j’espère… J’ai beaucoup d’admiration, quant à moi, pour l’œuvre que tu as développé au Rond-Point !

Yves-Noël Genod

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La Comédienne



« Ne se fiant à personne, ou si peu, elle trime comme une paysanne pour plaire à tous. »

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Poétique du jeu chez Yves-Noël Genod

      par Jean Pierre Ceton


Comment parler du spectacle d'Yves-Noël Genod, Je m'occupe de vous personnellement, au théâtre du Rond-Point, Paris ? Sachant que ça ne ressemble à rien d'autre et que l'improvisation qui s'y pratique chaque soir, fait que le spectacle n'est jamais tout à fait le même...

Il y a de l'herbe verte au sol, à l'entrée de la salle, et beaucoup de plantes vertes près des fenêtres qui bordent l'un des côtés du plateau. Série de fenêtres qu'on dirait être celles d'une maison de maître de province et qui donne sur l'extérieur, proximité des Champs-Elysées dont on capte les sons, y compris des oiseaux, doublés par ceux de la bande-son, présents le long de la représentation.

Des fenêtres, vers quoi en effet les comédiens vont parfois, se pencher, hurler ou tenter de s'échapper.

Les comédiens ne se préoccupent en général pas des spectateurs, ils peuvent tout aussi bien faire leurs affaires entre eux, partir vers la sortie de secours ou à l'arrière du plateau.

Ils peuvent se parler, se joindre en général pour un bref échange, je te remets tes cheveux, qu'est-ce que tu dis ?...

Sauf Valérie Dréville qui vient lire des textes de Hélène Bessette. Elle, elle s'adresse aux gens d'un sourire inspiré, enthousiaste, porteur de foi (dans la beauté, la littérature, la vie), en fait elle ne lit pas, elle rit les textes.

Bon, pas du rire des comiques, du rire des gens vivants. Elle exprime de la joie en même temps qu'elle profère le texte d'une voix égale.

Le plateau n'est pas toujours occupé, ou il l'est par des êtres qui ont chacun leur activité, ou bien par quelques accessoires improbables, quand ce ne sont pas deux poules, des vraies, échappées d'une basse-cour qui l'occupent.

Sinon, on fait un peu sur ce plateau ce qu'il ne faut pas faire.

Par exemple, de l'eau répandue sur le plateau fait qu'on peut glisser. Eh bien un comédien glisse, tombe, s'écroule, se casse la figure, et comme il est expert danseur il ne se fait pas mal. Il peut tout aussi bien nager sur cette fine couche d'eau, tout comme il peut danser bouger rouler le long d'une largeur et retour.

Dominique consulte son téléphone, ou va le charger, et puis répond au téléphone, oui elle a une longue conversation au téléphone, on ne serait pas surpris qu'à un moment elle dise : excuse-moi, tu sais, là je joue au Rond-Point, faut quand même que je revienne vers les gens.

Elle revient plus tard avec un couteau pour s'occuper d'une poule... Marlène mange, erre, ou décore toujours un sapin imaginaire, un autre je suis sûr cherche quelque chose qu'il a perdu, on ne sait quoi et lui non plus, c'est sûr.

Oui mais les autres jours, il y a surement d'autres anecdotes, d'autres petites séquences, c'est bien ça Yves-Noël ?

Alors donc ce n'est pas dans l'anecdote qu'il faut chercher la piste de la magie du spectacle.

Il y a le feu, depuis le précédent spectacle le feu est là, la tentation du feu. Pour l'ardence ?

Allumer un feu au milieu du plateau, essayer d'allumer quelques brindilles comme dans le désert.

Faire un peu ce qu'il ne faut pas faire ?

Je ne sais pas s'il existe d'autres spectacles où l'on peut laisser le plateau vide pendant un temps durant. Juste meublé des accessoires (peu) et des traces laissées par les comédiens en allés ?

Un théâtre de sale gosse riche de conscience extralucide ? 

Il y a les images, les déplacements, les accointances, la lumière... C'est ça, la mise en scène.

Ce qui fait que nous, spectateur, on se prend au jeu. On se prend à la durée, on se prend à l'instance que pourtant Yves-No pourchasse. On se met à rire, pas forcement avec une raison précise.

On se met à être bien, d’être là.

Une sorte de théâtre poétique. De poétique du jeu…

Je crois savoir qu'on lui avait demandé de reprendre un spectacle donné à Avignon il y a deux ans, je peux me tromper. Mais Yves-No n'est pas genre à reprendre, tout simplement parce que ses spectacles sont liés à sa vie. Pas à sa vie privée, à la vie qui va, qui bouge, qui transforme, modifie, emballe, désespère, celle qui nous projette toujours vers un avant à venir, sans jamais nous laisser en repos à la table grise des officiels bien pesants.

Un théâtre d'introspection extériorisée, peut-être.

Je ne raconte pas la fin, ça ne se fait pas. D’ailleurs, il n'y en a pas.

« Elle était stimulante la pièce que tu as vue ? » / Oui !



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