Monday, September 12, 2011

« Savoir » être un autre




Curieusement soudain – dans mon état, il y a des accalmies –, je voyais Paris comme plein de gens qui veillaient sur moi, prêts à veiller sur moi, des gens qui m’entouraient, je recopiais un texte, je me suis dit : il faut que je le note, cela. C’est si rare, si rare, en ce moment : penser que les vivants sont les veilleurs. Oui, Paris, même le bruit de la fenêtre qui battait ne m’agressait pas – ce qui est si rare – c’était le bruit de la fenêtre – une fenêtre néanmoins – qui s’amusait par le vent – le vent léger, les voix légères, comme sur Mars ou septembre – sur Mars ou septembre, les bruits légers, les nerfs calmés, un peu calmés, ce sont les nerfs, le malheur, je voyais que tous ces gens à Paris, ceux que je connaissais – il y en avait – allaient s’endormir aussi avec moi. Pierre s’était remis à Barbara – peut-être. Luigia. Thomas et Thomas. Kate. Etc. Il y avait beaucoup de gens perdus, mais il y en avait qui veillaient sur moi – oui, comme sur mon berceau. Mes parents, bien sûr, j’y pensais, leurs noces d’or – mais pas que mes parents, beaucoup étaient mes parents, beaucoup étaient doux, beaucoup étaient – dans cette forêt naturelle, la ville –, beaucoup étaient… Nous n’étions que le douze septembre, il y avait la ville, il y avait encore de la douceur – la villle douce et mariée – avec la nuit. La lune est son anneau.






« Naît-on acteur ? Le devient-on jamais ? Quand faudrait-il commencer à jouer la comédie ? Et pour qui ? Quand s’arrêter ? Et pour qui ? L’activité qui consiste à sans cesse être un autre peut-elle constituer une identité ? Suis-je bien le personnage ? Qui a écrit le scénario ?... Je connais cette histoire… Mais où est la caméra ? J’ai cru voir un objectif, là-bas, au bout du couloir. Ou bien dans la fenêtre en face. Et là, derrière ce miroir… (Frappant contre la glace et s’adressant à l’équipe de l’autre côté.) Excusez-moi, quel film tournez-vous ? Avec qui ? A quelle heure est la wrap party ? »

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