Thursday, January 08, 2009

Vent de satin

Ce sera donc Paloma

Ce sera donc Paloma. Paloma Picasso, même. Hélèna, c’est plus Hélèna, c’est Paloma Picasso, vous me suivez ?






Perte du sens commun

Encore une journée étrange – qui n’est peut-être pas sur le calendrier… Si écrire est une garantie de santé, il n’est pas sûr que chercher à revivre ce qu’on décrit ne soit pas un signe de grande folie, c’est toute l’astuce… Donc, aujourd’hui, journée revival (pendant ce temps que fait Paloma ? – Elle m’envoie l’enregistrement du carillon de Saint-Germain-l’Auxerrois, mais son message date d’il y a un bout de temps, la fois où l’on s’était disputé – Mais quelle fois ? – La fois où j’étais aller à La Hune et où j’avais acheté tous ces livres de Jorge Luis Borges que je suis encore en train de lire – enfin, quand je le peux, parce qu’une journée comme aujourd’hui – on a fait les soldes ! J’ai dit à Olivier : « Oh, je suis content qu’on aille faire les folles ! » C’était un lapsus, je voulais dire « les soldes ». Maria-Luisa, Dior, Gucci, on a renoncé à Colette parce qu’entre-temps, il y a eu le piège de Yamonvélo (comme se moquait Marguerite Duras) – oui, vous avez bien lu ! – jamais je n’aurais, jamais, même songé… Mais le jeune Olivier avait entendu parler d’une nouvelle boutique près de la Concorde, et, tout d’un coup, on n’a même pas eu besoin de chercher, elle était en face. Marlène m’a appelé, j’étais très heureux de lui parler, j’ai laissé Olivier s’engouffrer à l’intérieur de la white box avec son pathétique sourire inaltéré tourné vers moi – et, là, le trou – je ne sais plus ce qu'il s’est passé entre ce moment où je le vois partir dans le blanc et disparaître – où Marlène m’appelle – je me souviens d’une conversation très agréable avec Marlène, mais de quoi était-il question ? – et le moment d’où je vous parle maintenant grâce à mon téléscripteur.

Essayons de reconstituer. (Pendant ce temps que fait Paloma Picasso ? – Dans quel espace-temps la gamine se tient-elle – à la soupe ou au bordel ?)



Est-ce que au début la scénographie n’aurait pas pu être si magiquement conçue et miroitée qu’elle aurait produit l’illusion que même le moindre herpès à la lèvre (puisque j’en ai un) apparaissait dans son élégance de création divine – et toute fraîche encore, ne vous appuyez pas ? Est-ce que le gris olive des yeux du garçon sorti du mur après un long silence quand j'étais finalement parti à sa recherche, agrandis, quant aux yeux, à la taille de ceux d’un enfant, voire, aussi, l’échancrure d’un pantalon essayé et un peu lâche agrandie peut-être aux dimensions d'un désir trop ouvert, n'auraient pas dû être perçus comme l’espace et l'heure pour s’y abandonner ? Plus précisément imaginé, est-ce que je n’aurais pas pu demander, par exemple, dans un tourbillon d’élocution, si le pantalon n’était pas en forme de sarouel ? Est-ce que l’on aurait pu me répondre, en balbutiant, comme d’un autre monde, que, non, le pantalon était plutôt en forme de jodhpur ? Est-ce qu’au moment d’essayer la chemise et le gilet, je n’aurais même plus rien dit, mais bu des yeux ou peut-être : « Ah » ? Est-ce que le rêve d’acquérir d’Olivier n’aurait pas rempli, brutalement peut-être, comme un gaz, les dimensions muséographiques et métaphoriques de l’échoppe et n’aurait pas pu alors me contaminer sans que j’en ressente la moindre frayeur (cette absence dû à l'anosmie) ? Est-ce que le désir d’Olivier des habits asiatiques n’aurait pas pu entraîner la victime consentante dans des circonstances atténuantes ? Est-ce que – plus analytiquement –, d’une part, les souvenirs que je raconte en ce moment pour que Pierre me connaisse (et que Paloma en profite) et, d’autre part, ma vision d’adulte survivant, d’adulte au miroir, tandis qu’Olivier, lui, aurait très bien joué mon rôle d’il y a vingt ans, n’aurait pas pu troubler l’eau de la dépense de ma carte encore bleue de ce début d’année ? Est-ce qu’Olivier aurait pu, finalement, ne rien emporter (effrayé soudain comme un faon raisonnable par la folie des prix) et moi... ? Est-ce qu’Olivier ne m’aurait jamais dit que, sur moi, ça faisait « misère » et jurer que c’était de toute façon importable, qualité quant au vêtement qui m'aurait toujours bouleversé au-delà de l'avouable ? Est-ce que je sais maintenant comment je vais faire pour trouver l’argent pour payer la moitié de la marchandise qu’il reste encore à payer ? Est-ce que, dans la nuit sacrale, Olivier ne m’aurait pas parlé de sérendipité et n’aurait pas voulu ainsi me faire comprendre que malgré les dépenses inattendues dont j’allais souffrir, j’avais néanmoins fait là l'acquisition d'une jolie trouvaille ? Est-ce que nous n’aurions pas été ensuite, comme partageant un secret, dans le magasin de la rue Étienne Marcel, historique, celui-là même que je hantais plus qu’une église il y avait maintenant vingt ans et dans lequel je n’étais jamais revenu ? Est-ce que Olivier, là, n’aurait pas rencontré le bonheur, mais beaucoup moins cher, parce qu’il se serait agi de soldes tandis que le premier magasin plus moderne n’aurait, lui, rien eu à « solder » car il n’aurait présenté que la très nouvelle collection de Beijing, pièces uniques d'un premier défilé pour les Chinois, magiquement (ou par vaisseau spécial) délocalisées rue Cambon ? Est-ce qu’Olivier n’aurait pas, de plus, au moment de payer, reçu un coup de fil de sa colocataire lui annonçant qu’il avait été cambriolé dans l’après-midi ? Est-ce que ça n’aurait pas pu nous apparaître comme une « coïncidence surprenante » ? Est-ce qu’Olivier n’aurait pas néanmoins gardé le même sourire comme éternel et sans affect ? Est-ce que je n’aurais pas pu entraîner Olivier, que j’aurais tenu en mon pouvoir à présent – et alors qu’il aurait dû rejoindre d’urgence les lieux du crime – dans la cour de l’hôtel particulier dans les combles duquel logeait et loge encore Claude Régy, « entre les pompiers et le 69 », comme il aimait souvent à l'dire, au 68, donc, rue Jean-Jacques Rousseau, juste derrière la poste du Louvre ? Et même ensuite dans l’escalier monumental qu'empruntait Jean-Jacques Rousseau pour aller donner une leçon et qui avait fait dire à Marguerite Duras après le jour où elle était passée avec Yann Andréa, pour une fois, sans doute pour déposer un manuscrit, mais Claude Régy probablement en vadrouille : « On a admiré ton standing ! » Est-ce qu’il n’aurait pas fallu, dans cet escalier monumental, que nous nous cassions le dos, Olivier et moi, en aidant le père de Fifi Chachnil (dont la boutique est dans la cour) à porter son bois au premier ? Est-ce qu’ensuite, en ayant tourné par les couloirs qui laissaient apercevoir le haut de Saint-Eustache et enfin arrivés chez le maître, je n’aurais pas pu essayer immédiatement de vendre Olivier à Claude pour montrer comment j’étais devenu grand et fort puisque je pouvais, exactement comme lui l’aurait fait, exhiber mon esclave à la douceur émaillée et disponible d’eau et de feu car vêtu de pied en cap en Yosji Yamamoto comme lui, Olivier, allait le faire admirer à ma demande et à ma place ? Journée shootée. Est-ce que je n’aurais pas pu demander à Olivier de développer devant Claude son concept de serendipity (pour Pierre qui aime le mot « pity ») et est-ce que je n’aurais pas pu avoir la sensation qu'Olivier Normand n'était qu'un petit singe savant, une poupée automate, qui m’aurait appartenu comme ça en avait été la mode dans les châteaux du Grand Siècle ?

Et puis, hier (vers Voltaire), Matthieu Doze avait dit de moi à l’anniversaire de Cecilia : « Non, il n’est pas homosexuel, il est homosensuel. » « Hétérofolle ? » « Pas bête ? »* Et Liliane Giraudon m’écrit aujourd’hui de Marseille enneigée : « Non, tu n’es pas une ex-Claudette mais un homme+femme qui connaît de l’intérieur le sérieux mortel de l’art et qui fait tout pour échapper à son bûcher. » Oh, oh ! L’art… Non, l’art, c’est Pierre. Mais, moi, j’ai été si gentil avec Claude Régy pour cette visite de courtoisie et de nouvel an ! Visite à l’impromptu. Qui l’aurait cru ? À sept heures du soir. Nulle attente, saisie. Et, pendant ce temps, que fait Paloma ? Ça fait un moment qu’elle m’envoie des messages sur mon téléscripteur – ou alors je les reçois dans le désordre – elle veut que je lise sa nouvelle – Je promets pour cette nuit, qu’elle ne s’inquiète pas… Mais il est déjà tard.

Dans quel ordre sommes-nous ? Est-ce qu’il y a la guerre ou la paix ? Qui est riche, qui est pauvre ? Qui est modeste ? Où sont les fleurs ? Qu’est-ce que voler ?

Comment baises-tu ?

À cette question (la question manquante du questionnaire de Proust), Pierre a répondu : « Je baise, je dirais, en m’agrippant, ou « je baise par agrippement ». Je vois rien d’autre. » Ce qui a rappelé à Olivier – qui a admiré et qui, lui, a dit : « Moi, de manière romantique, « je baise comme je me noie », ou un truc comme ça. » – la très belle chanson de Nina Simone, Wild Is The Wind (que chante aussi David Bowie** et que Paloma Picasso doit certainement connaître) :

Like a leaf clings to a tree
Oh my darling, cling to me
For we’re like creatures in the wind
And wild is the wind







Quelqu’un ronfle dans l’immeuble, ce n’est peut-être pas dans l’appartement en dessous car c’est très ancien et très bas.






* Le mot de Marguerite Duras à mon propos (que m’avait rapporté Claude Régy), « Il est pas bête. ».
** http://www.youtube.com/watch?v=90u1IV4dw8o&NR=1

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Ce que je fais (crainte de Dieu)

La fille qui me posera des questions (et il faudra que j’ai les réponses)






J’ai cherché sur Internet ce que c’était qu’un sarouel, c’est un pantalon du désert. Puis je suis allé sur L’Habit fait le dandy, j’y ai lu : « La tendance de l’hiver : mêler noir et plusieurs nuances de bleu. The trend of the season : blend black and different shades of blue. » Là aussi, j’ai appris deux mots que je ne connaissais pas : « trend » et « blend ». Le désert… Ce s’rait p’t-être une idée… Au lieu de ça : l’emmanchure des rues, la psychanalyse jouet, nez immense.






Aisselles qui montent, épaules qui flottent






J’ai un ami, bon, il se trouve qu’il est psychiatre, de métier, mais c’est circonstanciel, il s’appelle du nom de mon acteur préféré, Thomas, du nom aussi de ce type dont j’ai été amoureux cet été – une parenthèse, peut-être, là : j’ai rencontré Thomas hier au soir, Thomas, l’acteur, mais dans des circonstances pénibles – bien que tout à fait par hasard (je le dis à Bénédicte) – il venait de passer la soirée avec Ludovic qui boit comme un trou, et, en effet, ils avaient tous les deux roulé dans le caniveau, Thomas, l’acteur, quand je l’ai rencontré, était d'ailleurs tout seul, ensuite quelqu’un a proposé de la drogue et je suis parti, c’était sordide, mais, bref, fin de la parenthèse – donc, qu’est-ce que je voulais dire ? Oui, mon ami Thomas, le psychiatre (Pierre travaille bien au ministère de l’Éducation), qui, par la plus grande des coïncidences, porte le même nom que mon acteur préféré et que le garçon hétérosexuel dont je suis tombé amoureux cet été après Oh, pas d'femme, pas d'cri, le spectacle que j'ai fait avec Thomas l'acteur, – ça m’avait bien touillé la tête, quand même, cette histoire ! Heureusement qu’il s’appelle pas Pierre ! – non, le prénom Pierre est neuf ! – c’est déjà ça ! – cet ami psychiatre, donc, à qui je racontais qu’Hélèna écrivait un livre en me prenant comme modèle et les problèmes de gravité que cela semblait poser dans not’e couple, m’a suggéré, il y a un moment déjà, d’écrire sur elle, moi aussi. Comme je lui disais récemment (je l’avais revu) que « ça semblait marcher », je mettais les textes sur mon blog qu'elle lisait, et comme je lui disais – c’est un ami, n’est-ce pas ? – que je pensais que, de toute façon, je pouvais bien écrire tout ce qu’i'm'passait par la tête, du moment qu’il y avait le nom d’Hélèna dedans, ça passait – vous me suivez ? – du moment qu’il y avait le poinçon du nom d’Hélèna dans n’importe quel bout de mon blog même qui sent la pisse – ou mieux encore d’Hélèna Villovitch – ou même d’Hélène Villebasse (les mauvais jours) – ça passait comme une lettre à la poste – eh bien, Thomas, l'ami, m’a suggéré que je lui propose, à elle, que je change son nom pour plus de discrétion... Qu’est-ce qu’on rigole avec ce copain qui s'appelle Thomas ! Qui est, par des circonstances complètement exceptionnelles, aussi l’ami d’ma sœur que j’ai retrouvée dans le caniveau, heureusement qu’il s’appelle pas Pierre, d’ailleurs, l’ami que j’ai retrouvé dans le caniveau et dont je suis récemment tombé carrément amoureux, etc.






Des seins ou des pectoraux, qu’est-ce que j’aimerais ?






Au Café de L’Industrie, les serveuses qui sont engagées sont BELLES. Je me demande si ça se fait naturellement que ne se présentent, par miracle, que d’adorables créatures – dont le client solitaire s’émerveille – ou s’il y a une sélection. Quand on regarde le ballet fluide et contemporain de ces serveuses (qui ont l’air de faire ça comme un job d’été), on se demande – toujours le client solitaire – pourquoi, par quelle folie, il ne faudrait, dans sa vie, ne toucher qu’une seule femme. Je veux dire toucher et pénétrer. Dans le cas, la scène que nous décrivons, bien entendu le verre de Morgon n’est pas accessoire (ni non plus le stylo et le carnet) ni non plus la perspective, après un canard au miel – avant une partouze il faut bien manger –, d’aller enfin à l’anniversaire de Cecilia et d’y retrouver peut-être, si ce n’est Pierre en personne, au moins ses frères et ses sœurs. L’homme à côté de moi : « Faudrait que j’aille voir Hélène … proposer mes services... (Moue. Sens : Je peux toujours essayer, qu’est-ce qui m’en empêche ?) Vous savez, quand vous êtes patron de restaurant, vous avez tout un ensemble de serveuses délicieuses, eh bien, vous mettez une black sublime qui se balade dans le restau comme dans la savane, une black aux cheveux courts, eh bien, ça érotise tout ! – une black un peu garçonne, sans hanche, en Levi’s Hedi Slimane, l’air d’une star – mais noire. Ce que je dis là, on ne peut pas le dire en Amérique, j’en suis bien conscient, nous, en France, on a un wagon de retard. À côté de moi, si vous aimez les freaks, une fille à gros seins. Mais magnifiques, hein ? De la lourde branlette, Fellini, pardon, espagnole. Celle qui dit : « Moi, j’vais prendre une entrée un plat ou un plat un dessert. … Oh ! des escargots ! » Et c’est un p’tit blanc avec des locks* qui se la tape ! (avec des p’tits yeux d’obsédé, aussi) (et de drogué). La fille est plutôt gothique, un corset à lacet qui place son avantageuse poitrine en porte-à-faux fascinant.

Une phrase pour Pierre (de Jorge Luis Borges) : « Avec le temps, tout poème se transforme en élégie. » Le temps, l’imparfait.

Alors, ça, j’ai regretté de ne pas avoir mon appareil photo, restauration de la fontaine de la Roquette par PIERRENOEL !






8 janv 09.

*Les dreadlocks ou cadenettes, appelées parfois tout simplement dreads ou locks ou encore rastas (à tort), sont des mèches de cheveux emmêlées qui se forment seules si les cheveux sont laissés à pousser naturellement, sans l’utilisation de brosses, peignes, rasoirs, ni ciseaux durant une longue période. Le mot vient lui-même de la Bible et de la crainte de Dieu (dread of God). (Wikipédia.)






Thomas va au Mexique. Je l’ai vu hier tout à fait pas hasard, mais dans quel état ! Il m’a dit qu’il était avec Ludo, qu’il avait dit à Bénédicte qu’il était avec Ludo, mais je me suis demandé comment Béné pouvait le laisser sortir avec Ludo : ils étaient dans le caniveau.

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