Monday, February 29, 2016

Frank Smith
Quand il ne restera plus rien sur la terre, il restera des forces silencieuses, celles qui supposaient qu’on n'en avait pas déjà fait librement abandon. Il restera l’affirmation non réduite à deux, trois gestes à la Fred Astaire, il n’y aura plus de lutte contre des adversaires, non il n’y en aura plus, on ne se défendra plus et on n’attaquera plus personne. Il restera un tourment de vie, une tâche infinie à retraverser et à porter loin, une trouée aux regards triomphants, des pieds de jeunes femmes et de jeunes hommes qui tressailliront dans la poussière d’or. Un rêve si joyeux naîtra de ce qui a résisté, une mémoire intacte des corps, une limite qu’on déplacera devant soi. C’est à ce point-là, éclair, quand les muscles auront vidé leur électricité dans des manteaux longs et noirs, qu'un frisson rira. Une marche indélébile dans quelque songe étrange. 
On ne peut pas le nier, on ne souhaiterait rien d’autre à présent, au présent. C’est à ce point qu’il nous faudra nous lier d’une manière plus réelle. 
Merci à Yves-Noël Genod et à ses interprètes (Adrien Dantou, Anne-Sophie Lancelin & Cléo Geyer)

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« Mon écriture reste jointe à mon trouble »

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De toute façon, nous n’y pouvons plus rien. Les miettes, ne te verrai-je plus d’ici dix ans, tu m’en as laissées assez, de ton empreinte, pour me tenir lieu d’un amour le plus entier, le plus dévastateur (certes pour moi). Et ce n’est pas en lisant Marcel Proust que je vais me calmer, à presque chaque ligne il parle de toi : « pouvoir émigrer un moment dans les rares parties de lui-même restées presque étrangères à son amour, à son chagrin »
Oui, je me contredis, je parle d’amitié et d’amour fou. C’est ça qui ne va pas…

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Ce n’est pas que je m’ennuie, je profite de cette situation où je peux enfin lire (je passe mes journées et soirées à la bibliothèque), mais je sais qu’il va venir un moment où, peut-être, je m’ennuierai 
« coucher est ce qui peut arriver de mieux quand on n’a pas de sentiments envers quelqu’un »

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« les lentes alternatives de la lumière et de la nuit »

« que le poète sublime n’est qu’un comédien raté qui prend son rôle au sérieux »

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L es Alternances du destin


« Mort et vie, conservation et destruction, succès et échec, pauvreté et richesse, compétence et incompétence, calomnie et apologie, faim et soif. Ce sont toutes les alternances du destin. Elles opèrent jour et nuit et on ne peut connaître leurs sources. À quoi bon donc, les laisser troubler notre paix. »

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P etite musique


Il est si difficile de faire du théâtre à Paris. J’en ai fait à Lyon, mais c’était dans des conditions bien particulières,  il ne me semble pas que ces conditions soient réunies à Paris, sauf, hier, au Théâtre de la Cité internationale, théâtre en pleine déréliction, à vau-l’eau, émouvant (théâtre sans direction où l’équipe assiste, impuissante, à sa prochaine disparition), théâtre à l’avant-garde, en un sens, car tout le monde a maintenant compris que, quand Marine Le Pen sera au pouvoir (ou Laurent Vauquiez), ce n’est pas un, deux, trois théâtres qui seront foutus à bas, c’est tous (sauf la Comédie française). Bref, les conditions du réel semblaient réunies, hier,  à la Cité internationale pour présenter quelque chose d’inattendu (comme devrait toujours l’être le théâtre), quelque chose de surprenant (comme devrait toujours l’être le théâtre), quelque chose de plein d’espoir (comme devrait toujours l’être le théâtre qui n’est vieux que parce qu’il a peur), c’est-à-dire d’un réel autre que celui qui se joue en ce moment dans la société, qui est à se flinguer, mais une musique tout aussi réelle, mais clandestine, en sourdine, qui ne va pas pouvoir avoir droit de cité (sauf dans un théâtre en perdition), il faut 

« Je vois des mouvements dans des espaces perdus. Je vois comme la vastitude, si simple, est un lieu pour les larmes. Qu’on nous laisse la place 

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A la jointure


« A la jointure des pierres, entre l’ombre et la poussière, en tous lieux de coincement où craque mon squelette et pourrit ma mémoire ; c’est là que je me tiens, indélogeable, indéfectible. Désormais, je ne suis plus rien dont tu puisses faire ta pâture. Je n’arrive plus nulle part. Je marche sur les yeux crevés de ma pensée. Éclat d’obus volant dans la nuit noire. »

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Regarder toute chose dans un état de « mélancolique indifférence » qui leur donne « le charme de ce qui, étant plus un but pour notre volonté, nous apparaît en soi-même ».

P eur d’être libre


« Dans la vie, explique Descas, si on est un peu intime avec lui, c’est quelqu’un qui parle, qui rigole, qui est très joueur. Mais c’est vrai qu’il ne s’épanche pas beaucoup. Sur le tournage, ça peut devenir difficile si on s’attend à avoir un échange permanent avec le metteur en scène. Avec lui, on ne sait jamais rien. Pour beaucoup d’entre nous, ça a été terrible. Moi, je n’avais pas cette pression-là parce que j’ai un rapport privé avec lui et parce que j’avais absolument confiance. Sur un film de Bartas, tu n’auras pas plus d’attention parce que tu es comédien professionnel que le jeune homme ou la jeune fille qui sont filmés pour la première fois. Sharunas regarde tout le monde de la même façon. Mais c’est vrai que c’est difficile et douloureux, qu’au fil des jours on a envie d’en savoir plus. Et puis il n’y a pas de scénario. Il faut avoir vraiment envie de travailler avec lui, tu ne fais pas ça pour tout le monde, il faut avoir une confiance totale pour faire ce qu’il te demande. A partir des quelques indications qu’il te donne, tu peux toujours tenter de déduire quelque chose, avant de t’apercevoir deux jours plus tard que tu étais dans le faux complet. En fait, il ne veut pas de jeu, il ne veut pas de numéros d’acteurs. Parfois, je faisais un geste et il me disait que c’était déjà trop. Il veut réduire l’acteur à sa présence physique, il faut s’abandonner pour être le plus vrai possible. C’est parfois très pesant, rien que le geste d’allumer une cigarette devient une cérémonie qui te dépasse. Tu as parfois l’impression d’être abandonné, Sharunas reste assez insondable. Et pour se défouler, il déconne, joue avec ses assistants, donne des coups, comme un gamin qui voudrait évacuer trop de tension. »

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