Sunday, July 29, 2018

« Idiote idiot
On est fait au
Moins pour la vie »

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C hier


Qu'as-tu déjà fait de transgressif sur scène ?

Ah, tu remets ça ! J'ai tout fait. Chier sur scène, j'ai fait. Mais j'ai eu souvent la sensation que si je mettais seulement un interprète tout habillé debout au milieu d'un tapis de danse sous un plein feu, si c'était bien fait, on nous tomberait encore dessus. L'être est transgressif sur scène (et d'ailleurs partout) où on ne supporte que l'apparence. On ne peut rien faire, rien montrer. J'étais il y a quelques jours dans un camping naturiste dans les gorges de l'Ardèche et il y avait des jeunes adolescents (mâles) juste avant la puberté, allongés comme des asperges (tout en verre, aurait dit Duras) qui jouaient à se battre avec des épées et des boucliers en bois sans doute achetés dans une boutique de château ; c'était si beau, si dessiné dans la lumière près de l'eau, sous la falaise, mais si tu montres ça sur scène, c'est de la pédophilie, tu vas en prison...

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L es Interviews sont débiles


Pablo chéri, excuse-moi de t'importuner (et je suis conscient que je ne le fais que parce que je suis Phèdre et toi Hippolyte), mais est-ce que tu as vu un spectacle de Phia Ménard et qu'est-ce que ça vaut ? Ses interviews sont débiles, c'est peu de le dire, mais ça ne veut rien dire, y a-t-il du talent dans ses spectacles ?

Yves-Noël, je ne sais trop quel avis me faire sur le travail de Phia Ménard si tant qu’il faille toujours avoir un avis. J’ai vu 3 de ses spectacles dont le dernier à Avignon la semaine passée et je suis toujours dans le flou : à la fois je vois bien que certaines choses m’accrochent dans son travail, je sais que l’endroit d’où elle parle est juste, que ce qu’elle veut dire l’est tout autant, que la façon dont elle le dit lui appartient et que la poésie qu’elle convoque à grands renforts d’effets est souvent pertinente. Seulement, je n’arrive pas vraiment à y croire, en fait. Les effets restent des effets, je cherche en vain la puissance — alors que je fais des efforts pour l’y trouver —, les lieux communs que je voudrais voir transcendés restent des platitudes et, à dire vrai, le tout fait moyen avancer le schmilblick...

Ah, merde, c'est ce que je pressentais... Merci. J'ai pas vu, mais d'après ce qui est raconté dans les interviews (et cette manière vaguement rêveuse de dire des conneries — personne pour les rectifier bien sûr —), ça fait régresser. Heureusement, il y en a qui bosse : notre François. Bisous

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L es Filles de Montaigne


Oh, c’est vrai que tu as des filles ! Quelle merveille ! Oui, les résidences, je sais pas demander. Là, c’est cet ami qui m’a demandé de m’associer avec lui (mais je connaissais depuis des années l’existence de cette résidence à Ouessant sans bouger le petit doigt). Tu pourrais la demander l’année prochaine, c’est pas très difficile, je crois (mais sans moi, forcément), et je prendrai une location à côté, j’adore Ouessant, comme tu sais. Le problème, c’est que les résultats de ces résidences viennent très, très tard et louer en été à Ouessant il faut le faire au contraire très très tôt… enfin, bref. Ou ailleurs. Les étés sont trop courts. Le travail, j’y connais rien, mais il y a forcément plein plein de choses, tu vas trouver… Moi je suis dans Phèdre, là, t’embrasse de Beaubourg, 

Yvno

Et aussi un peu dans Montaigne (pour le métro).
Montaigne, presque définition du blog (il aurait pu écrire son livre en latin qui était sa langue maternelle — on ne lui parlait volontairement qu’en latin quand il était gosse —, mais il a choisi le français qui, à l’époque, c’est vrai, était très changeant) : « J’écris mon livre à peu d’hommes, et à peu d’années. Si ç’eût été une matière de durée, il l’eût fallu commettre à un langage plus ferme : Selon la variation continuelle, qui a suivi le nôtre jusques à cette heure, qui peut espérer que sa forme présente soit en usage, d’ici à cinquante ans ? Il écoule tous les jours de nos mains : et depuis que je vis, s’est altéré de moitié. Nous disons, qu’il est à cette heure parfait. Autant en dit du sien, chaque siècle ». Le commentateur ajoute que, s’il décide d’écrire en français plutôt qu’en latin, c’est aussi qu’il veut être lu par les femmes, moins familières des langues anciennes, c’est joli, non ? « Je m’ennuie que mes Essais servent les dames de meuble commun seulement, et de meuble de salle. Ce chapitre me fera du cabinet. J’aime leur commerce un peu privé : le public est sans faveur et saveur »

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« sur le chemin de l’Enfer et donc du Paradis » 

« enfant en pleurs, apprenti courageux »

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L es Vers


« Savoir tout et le vivre quand même. » (autrement dit : « Savoir et tout oublier. »)
« Ne pas marier le texte et le personnage. »
« Il y a des choses trop terribles par moments et, là, le vers arrive pour adoucir ça — il y a trop de douleur et on a besoin de la forme pour ne pas s’arrêter. »
« Le vers est comme un confort pour survivre. »
« Le vers : extrême élégance pour éviter le silence, c’est un cadeau. »
« Quand on vous entend : il faut se taire et puis il y a la forme et il faut vivre, il faut continuer. »
« Rimer devient une arme de survie. »
« Dans la pièce il y a les cris avant de se taire. »
« Le comédien est là pour consoler ou guérir le personnage. »
« La beauté d’avoir peur, la peur de se perdre et de continuer l’alexandrin. »
« C’est plus efficace si ce n’est pas donné à fond. »
« J’ai une conception religieuse du théâtre et je veux voir combien elle résiste au sacrilège. »
« Vous n’êtes pas des personnages, vous êtes des porteurs de message. »

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