Wednesday, September 11, 2019

T he Photographer


« Comme le disait un de ses amis bouddhiste : « First thought, best thought » » 

« Il faut être très rapide, ne pas réfléchir — la vie passe trop vite pour ça. »

« « Moins d’Art, plus de Vérité », ai-je dit… Etre assez libre pour faire des choses authentiques, plus rugueuses, plus spontanées, moins calculées… »

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U n texte de Mathieu Menghini à propos de RESTER VIVANT



Vendredi 9 Août 2019

Voici quelques semaines, alerté par la rumeur — celle d’une reprise de Rester vivant de Michel Houellebecq par l’artiste français Yves-Noël Genod —, je me rends au nord-est de Paris, dans le quartier des Quatre-Chemins à Pantin. Le lieu qui accueille ladite lecture est, en fait, un café associatif et participatif tenu par la danseuse Kataline Patkaï. Joliment nommé Pas si loin, l’endroit propose un menu bon marché, des expositions, des projections, des séances de yoga et même des distributions potagères!
Devant l’huis — tandis que le soleil s’attarde sur l’Île-de-France et que les heures s’étirent —, bleu de travail sur les hanches, casquette argentée sur un chef décoloré, le comédien devise avec quelques habitués en attendant le chaland. Le temps pour moi de commander une assiette aux saveurs vives à deux jeunes garçons très appliqués et de m’asseoir sur une banquette de moleskine rouge. Les convives deviennent plus nombreux et, sans crier gare, chacun prend place autour d’une longue table de bois – Yves-Noël Genod s’asseyant, lui, à l’une de ses extrémités.
Sans plus de cérémonie, il saisit un livre de poche écorné — le texte du jour —, passe les premières pages, les tournant tranquillement, méthodiquement, délicatement puis s’attarde sur l’épigraphe, la partage. Le ton est donné. La langue de Houellebecq nous sera transmise dans un phrasé nonchalant. Ouvrant par là-même sur une intéressante tension: de fait, Rester vivant forme une sorte d’art poétique, une lettre à un jeune poète de notre temps. Plusieurs formules claquent comme des arrêts ou des leçons souvent impératives. Ainsi: « Développez en vous un profond ressentiment à l’égard de la vie. Ce ressentiment est nécessaire à toute création artistique véritable » ou « Accumuler des frustrations en grand nombre. Apprendre à devenir poète, c’est désapprendre à vivre ». La tension évoquée vient du contraste de ces sentences et d’une interprétation indolente. Sous la normativité se déploie alors la bienveillance de l’auteur à l’endroit des futurs inspirés, l’empathie et l’observation profonde des choses humaines d’où sourdent ses recommandations. La probité de Houellebecq — dans cette préface à ses poèmes — exhale de ces préventions désenchantées.
La réception de l’œuvre ne peut manquer d’être conditionnée par la situation : le gosier humecté par un vin sans prétention, le parfum des cuisines au nez, tout aiguise les sens et transforme ce moment apparemment dévolu à la plus stricte spiritualité (la lecture d’un ouvrage à table) en un moment esthésique aussi bien. Le flegme de Genod ajoute par ailleurs de la densité à l’atmosphère ; sa manipulation de l’objet-livre en souligne la matérialité. Son pli est annoté, froissé — mémoire de relectures nombreuses, attentives et critiques. Familier du texte, le comédien quitte, parfois, la page des yeux et termine sa phrase en vous l’adressant sans pesanteur mais avec netteté. Liberté suprême – qui appuie la singularité du moment —, le diseur s’autorise même l’interruption du «récit» pour se lancer dans une anecdote brève ou susciter une attention maximale. Ce faisant, il rapproche le texte-source de chacun des convives, lève toute inhibition, aiguillonne les intelligences.
Houellebecq enchaîne les constats âpres (« N’ayez pas peur du bonheur ; il n’existe pas »), les conseils ascétiques (« Chaque fragment de l’univers doit vous être une blessure personnelle » ou « Le séjour prolongé en hôpital psychiatrique est à proscrire : trop destructeur. On ne l’utilisera qu’en dernier ressort, comme alternative à la clochardisation ») mais aussi l’humour amère : « Si vous ne fréquentez pas de femme (par timidité, laideur ou quelque autre raison), lisez des magazines féminins. Vous ressentirez des souffrances presque équivalentes. »
On s’interrogera peut-être sur la raison incitant Genod à porter ce texte par-delà le périphérique parisien. Sur le motif d’un théâtre si peu dépensier en effets, un théâtre-l’air-de-rien. Peut-être la poésie authentique y renoue-t-elle avec ses ambitions d’immédiateté; peut-être renoue-t-elle, là, avec les choses en soi. Avec la présence. La primauté de l’être sur la représentation contribue à instaurer une modeste communauté, nous rappelant — comme le fait l’auteur lui-même — que « les mots sont sous la responsabilité de l’ensemble de la société ».
Dans ce quasi-rien « théâtral », le poème sourd de la quotidienneté, l’extraordinaire de l’ordinaire, la forme de l’informel, le beau du banal. L’essence des choses ne parait alors plus si loin.

L’auteur est historien et praticien de l’action culturelle (mathieu.menghini@lamarmite.org).

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S ouvenir d'une espèce de vitre


« Le souvenir de notre rencontre me renvoie à un autre temps. C’est précisément durant ces semaines-là que mon texte a quitté son état gazeux pour devenir tangible. Il y a d’abord eu cette lecture à Montévidéo, pour Actoral. J’avais rencontré Yves-Noël quelques mois plus tôt à l’atelier des écritures contemporaines de la Cambre, à Bruxelles, il m’avait entendu lire quelques pages de ce manuscrit encore en cours d’écriture et avait proposé à Hubert Colas d’imaginer quelque chose partant de là.
La recherche qui m’a mené jusqu’à Rétine avait déjà donné lieu à diverses tentatives au-delà des bornes du livre en gestation, en faisant déborder ma pratique vers un régime artistique plus étendu, mais l’expérience proposée par Yves-Noël reste fondatrice non seulement car il était parvenu à donner une présence particulière à mes mots, à les baigner de cette sorte de grâce qui le suit dès qu’il est en scène, mais aussi parce que c’était la première fois que le roman était mis en œuvre. Je me souviens de ces après-midi passés à écouter Yves-Noël en train de chasser, dans mes phrases comme dans l’espace, tout ce qui pourrait lui servir de combustible quand il n’y aurait plus que son corps sur une chaise, son visage coloré par un iPad, un halo de lumière venu de l’extérieur, quelques bruits diffus, et puis mon texte. Il faisait très chaud, c’est vrai, la salle tout juste rénovée sentait encore la peinture, l’acoustique semblait étrange, et en parlant d’un entretien de Paul Virilio, décédé quelques jours plus tôt, nous avions senti que nous étions pris au piège d’une espèce de vitre, entre le public et l’écriture, les gradins et Yves-Noël, et que c’était justement là que pouvait émerger un des aspects les plus importants de mon texte, face aux images, aux illusions ou à la distance, d’où le titre retenu pour ces deux soirs de représentation, L’écrit contre l’écran. Bien sûr, entendre le texte dans ces conditions me mettait dans une posture inédite et vertigineuse, je percevais distinctement les longueurs, les raccourcis, les erreurs ou les trouvailles, j’avais tantôt la sensation que des phrases écrites, raturées puis rapiécées se matérialisaient enfin sous mes yeux, tantôt la sensation que tout l’élan venait buter sur une expression malvenue ou un effet trop démonstratif. Je lâchais prise, je voyais tout, je prenais du recul avec ce que cela implique de doutes et d’insatisfactions, mais d’un soir à l’autre et au sein de la centaine de personnes présentes, je discernais des réactions très hétérogènes face aux mêmes situations. Des gens fermaient les yeux, d’autres s’accrochaient très directement aux paragraphes, ou certains riaient parfois, comme toi si mes souvenirs sont bons. Tout ça me plaisait beaucoup, j’aimais ces attitudes dans leurs différences et les espaces d’interprétation qu’ouvrait le texte. Quelque chose était là. »

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L a Conversation entre amis


« C’est pouvoir dire ce qui a été dit. Donc vous avez besoin de tout ça, vous avez besoin de créativité, de fantaisie, d’idées, d’esprit, d’humour, de tout. Vous avez besoin de comprendre tout ça. Au fond, je sais pas, mais on a un métier qui est très proche de celui de l’acteur. Moi, j’aime bien me comparer aux acteurs. Parce que tous les grands acteurs que j’ai vus dans ma vie, ils avaient exactement les mêmes qualités et les mêmes caractéristiques des musiciens qui sont des très bons musiciens. C’est la même chose.
— C’est-à-dire se mettre dans la peau.
— Oui, et c’est ne pas ajouter. C’est intéressant de réfléchir à ça. Moi, j’imagine toujours l’interprétation comme une conversation entre amis où chacun écoute l’autre. On s’entr’écoute et on se comprend. 
— Mais on écoute l’œuvre et l’œuvre vous écoute : chacun doit avoir sa place aussi.
— Mais c’est là où est le doute. Le doute ou le mystère. C’est où la limite pour l’interprète — ou pour l’acteur — où il peut mettre de soi-même. Ce n’est que quand le soi-même n’existe pas qu’il peut interpréter. Mais en même temps le soi-même revient à sa place au bon moment. Et, à ce moment-là, il arrive et il ne détruit plus l’auteur. Ou le désir de l’auteur ou la transmission de l’auteur. Mais, là, il y a des choses qui sont très mystérieuses parce qu’elles sont tellement fines et difficiles à atteindre d’une certaine façon. Parce que où est-ce que j’ai mis de moi-même dans cette interprétation. »

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Comme tu m'inities à la cul-ture ! (et donc au sexe !) J'ai cru (mais je ne le crois plus) que le Lav Diaz était une boîte de nuit d'un genre un peu hardcore, apocalyptique, comme tu dis. Je lis dans le train et dans « Libé » une série de portraits d'oiseaux de nuit (ceux qui font les fêtes) et c'est pas bien optimiste pour notre futur (e passion l'un pour l'autre)... La meuf d'aujourd'hui dit : « Mais la fête aujourd'hui, t'es obligé de la faire dans ta tête ». Nooooonnnhh ! Je veux le monde réel ! Je te veux en vrai ! pas au cinéma, pas dans la tête. Plutôt dans la peau. Tu me dis si tu me trouves trop explicite. Avec cette période Metoo, je ne voudrais pas me retrouver en taule... (quoiqu'une perspective de fête, peut-être, entre garçons...)

Ma pauvre petite chatte, je m'en veux de t'avoir fatiguée, mais j'ai été si heureux de te serrer dans mes bras (ta forme pleine) de cette manière inattendue 

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B rière


La Baule

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I ntercourse Apparently


« Thus Murphy felt himself split in two, a body and a mind. They had intercourse apparently, otherwise he could not have known that they had anything in common. But he felt his mind to be bodytight and did not understand through what channel the intercourse was effected nor how the two experiences came to overlap. He was satisfied that neither followed from the other. He neither thought a kick because he felt one nor felt a kick because he thought one. »

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« Quand quelqu’un regarde mes images, déclare Robert Frank au magazine Life en 1951, je veux qu’il ait la même sensation que face à un poème dont il voudrait relire le même vers deux fois. »

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