Wednesday, April 09, 2025

Je n’ai pas assez d’amis. Je m’aperçois que je charge la mule Legrand. Trop. Il a trop à tirer, Legrand. Bobo bien sûr, mais Bobo est lui aussi arrivé à saturation. Parce que c’est ça, le problème, Legrand s’attire, non, pas ça tire, SATURE ! Bobo fait son film (je n’ose même pas lui demander comment ça va de peur qu’il le prenne comme une intrusion). Moi, j’en peux plus de moi-même, pourquoi Legrand arriverait-il à me supporter, je veux dire ce que je ne supporte même pas de moi. Ni Bobo. Il en faudrait d’autres moins usés. Des que je pourrais encore embobiner, des naïfs, des clairs, des lumineux… mais je ne trouve pas, je ne cherche pas non plus, mais ça pourrait apparaître, des anges…

Mon isolement avance la guerre

Je suis dehors. Je vais à la bibliothèque. La bibliothèque a fermé. Le chemin de chez moi à la bibliothèque est un sentier. Le sentier, le fréquenterai-je encore ? Non. L’habitude en est prise. Mais la bibliothèque a fermé. Quelles lignes dans la cité, quelles vignes ? C’est la nuit, c’est le sentier. Je suis dehors comme Pasiphaé, comme Mrs Dalloway…

J’étais pris dans son rêve
Dans les années où j’ai commencé mon isolement
Il était pris dans mon rêve
Les rêves s’enchâssaient
Il et elle et moi

« like the flap of a wave; the kiss of a wave »

Je veux qu’on me respecte, je veux qu’un écrivain (comme on le disait, sans distinction de genre) me respecte, dans le sens qu’il me croit, qu’il m’imagine capable de le lire, qu’il me sente capable de me concentrer. L’autre soir, j’ai vu un film documentaire de plus de 4h sur une petite ville de la côte Est des Etats-Unis. Bon. Ça a été dur au début, parce que qu’est-ce que j’en ai à foutre de tous ces gens de cette petite ville de la fin des années 90, mais au fur et à mesure que le temps s’installait, je sentais le cinéaste comme me faire confiance, préparer pour moi son film, même pas son film peut-être : qqch, qqch qu’il était précieux de partager, de découvrir ensemble. Même si lui avait quelques longueurs d’avance, il revenait à ma hauteur car il voulait connaître la sensation avec moi de voir pour la première fois ce film, de lire pour la première fois ce livre, de découvrir. J’étais coincée dans la salle de cinéma, je l’avais accepté (assez peu de gens partaient) et je me disais : Mon Dieu, si j’étais capable de passer 4h à lire un livre sans distractions, je serais sauvée, nous serions sauvés… Dans le cinéma du film ennuyeux, pas de smartphone, pas de réseau a-sociaux, un sevrage… 4 h ! Merveilleuses heures pas perdues

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04:44
J’étais amoureuse d’une femme qui racontait sa vie à haute voix. Pourquoi parler au passé ? Je préférerais dire : Je suis amoureuse d’une femme qui… Parfois je pense que l’histoire avec Legrand cache mon véritable amour par devers moi. L’histoire de cette femme. Avec Legrand il n’y a pas de réciprocité. Il paraît que dans le film d’Alain Guiraudie, le curé se confesse et avoue son amour « pur » qui n’attend pas de réciprocité.

Simplement, cet amour pur va permettre au curé de ne pas dénoncer le meurtrier. C’est dans un confessionnal que cela se dit, le curé demande au meurtrier de le confesser et donc il lui avoue qu’il sait qu’il est le meurtrier, qu’il ne le dénoncera pas et qu’il l’aime.

C’est Legrand qui m’a raconté ça, à l’église Saint-Louis tout à l’heure, on a failli jouer à ça, au confessionnal, mais je n’ai pas osé. Juste assise, vite relevée. J’avais peur que Legrand m’avoue des choses inavouables. Ou le contraire. Je n’ai pas voulu voir le film car je n’ai pas fini le livre (j’en ai lu 600 p sur 1000), mais que j’ai l’intention de le finir — en imaginant — puisque ce sont les mêmes personnages — mon propre curé, etc. Imagination changeante d’ailleurs à mesure des rectifications du livre. Ici aussi je voudrais que Legrand change. Oh, comme je voudrais qu’il change ! Je voudrais qu’il soit assez vide, comme une coquille vide, pour se remplir de choses et d’autres, de lui et d’autres.

Maintenant Legrand est soi-disant à l’étage. Je n’y crois pas. Il est possible qu’il y ait qqn, tout à l'heure j’entendais comme des pages tourner, des pages de journal. Mais Legrand lui-même, non, je n’y crois pas. Je n’en peux plus de Legrand, il met trop de limites. Je ne peux pas, par ex, le lécher partout sur le corps ou même à certains endroits qu’il m’indiquerait, mais il ne m’indique rien, il m’indique de ne pas le faire. Alors, que faire ? Moi, je propose et, lui, qu’est-ce qu’il propose ? Eh bien, il ne propose pas grand chose, force m’est de constater. Cet amour absolu que j’ai pour lui (mais qui cache un autre amour, je le crois), je ne peux que l’exprimer ici, sur ce faux papier, mais pas à lui.

Je suis un peu gênée dans mon épanchement par tout un tas de gens, la famille… qui croient le reconnaître. Ahah ! Mais de qui parle-t-on ? Il a dit à sa mère qu’il venait me voir et sa mère a ironisé : « Comme ça, j’aurais le récit de ton week-end ! » Jamais je n’écrirais sur Legrand si Legrand lisait ce que j’écris (sur lui ?), mais il y a tout un tas de bonnes âmes qui le lui rapportent, c’est pénible. Source de malentendus sans fin. A la Christine Angot. Même si, je lui reconnais ça, Legrand s’en fiche de ce que je peux écrire ici car il ne m’aime pas. Il ne m’aime pas, c’est aussi simple que ça. Et mon amour n’est pur qu'en érection — comme celle du curé qui finit par mettre le meurtrier dans son lit pour « l’alibi » et se retrouve par « crédibilité » à la montrer aux flics qui déboulent : meurtrier sauvé
05:27


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