Thursday, January 05, 2023

J 'existe, moi aussi






 

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A cross the ocean


Cher Martin ! Mes meilleurs vœux pour toi et tes proches qui grâce à toi me le sont aussi…


Oui, sans le théâtre… c’est compliqué… Ce qui est compliqué, c’est que mes journées sont pleines… Tant d’informations toujours à gérer, tout me dépasse. Ce que je voudrais, si je ne fais plus de théâtre, c’est de faire ce que je veux, c’est-à-dire lire quelques livres encore avant de mourir, voilà ce que j’aimerais faire — et vivre encore plus pauvrement, oui, j’aimerais — et peut-être marcher, aller à pied, oui, j’aimerais… Et puis les rencontres, mais de qui ?

Bref, il me faudrait tout le temps, je ne demande pas moins… 

Mais c’est encore du rêve… Il faut que je trouve une ascèse… une bonté… Ne plus faire que rien, ne plus s'occuper que de rien. C’est très difficile… ou apparemment difficile, je ne sais pas encore...

Le temps compté et pourtant il faut chaque moment une nouvelle jeunesse. Dans un livre que j’ai trouvé et que j’ai lu et que je relis (moi qui en lis si peu) — que j’aurais pu écrire presque tout,  je recopie : « La vie est jeunesse ou n’est rien ». Je suis d’accord. 

D’ailleurs, voilà mon projet : trouver les bons livres (très rares, hélas, pour moi) qui donneraient le sens — par exemple : penser sans arrêt à la mort, ça aide. Ça m’a aidé gentiment aujourd’hui, en tout cas, avant peut-être pourtant déjà d’être débordé de mon présent... 

La phrase de Pascal : « Le dernier acte est sanglant, quelque belle soit la comédie en tout le reste. On jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais ».

Ou les poèmes « de la folie » d’Hölderlin que tu connais certainement. En bleu adorable, en français… In lieblicher Bläue...


T’embrasse (c’est si peu ce que je te dis, pardon), 


mfr, 


Yves-Noël




Thank you for your letter!


It’s funny you should be quoting Hölderlin and Pascal; I’m rereading Girard’s book on Clausewitz — which you might find a shade too dark! — and he talks about them (and H's “folly,” which RG understands as a deliberate withdrawal, almost in the way you describe yours: “demeurer dans le retrait de Dieu”) as two thinkers who accompanied him during his discovery of mimetic competition (in H’s case with Goethe, Schiller).


Also rereading Kleist, whom you know much better than I do, no doubt.  Odd feeling to revisit the heroes of one’s youth.  It’s comforting and a bit saddening at the same time: how many people are still reading those same lines?  All these writings are on their way underground, into the sands of time, to make room for today's self-importance and ignorance.  You’re right, had we but time enough and space, it wouldn’t matter….


Let me know what books you find.  I read too many student papers!


M.

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P hilippe Cognée









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R estes


Comme tous les ans, hélas, depuis si longtemps déjà, je me retrouve à faire bombance pour le réveillon de Noël avec des gens qui ne croient pas en Dieu, il n’y a plus aucune traces de rien. Moi non plus, je ne crois pas en Dieu, mais, quand même, quel pincement au cœur, quelle honte (que je confesse ici), quelle mémoire du religieux que je n’honore pas ; je me sens sale. C’est allé si vite, la fermeture des églises, la disparition, la fin des coiffes, des chants, l’autoroute de l’information. 

Pourtant, Jésus, personnellement, ses paroles, ses actes, le fait qu’il n’ait jamais écrit, j’y pense encore tous les jours. Je ne crois pas que c’était le fils de Dieu, mais, quand même, on peut vouloir fêter comme son apparition, vous vous rendez compte ? le « Sauveur du Monde »…

Je garde de mon enfance — et sans doute de plus loin encore — « une vieille fascination » (comme dit Jean-Pierre Ceton)




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T’es trop mignon, ahah ! non, je n’ai pas « beaucoup » donné hier… C’est quoi, le petit retour que tu voudrais ? genre : J’ai bien aimé cette séance avec Benji, un type sensible et délicat à la présence rassurante ?  « Présence rassurante », ça veut dire que t’es baraqué ; on a besoin d’imaginer (les femmes surtout, mais il y en a quelques-unes en moi !) qu’on pourra être défendu par un costaud quand l’heure viendra… Sans rire, dis-moi ce qui serait bien pour ton site et je te le dirai. Ça pourrait être : « Comme c’est agréable, une séance de shooting avec un photographe professionnellement délicat qui sait mettre en confiance et se présente lui-même comme quelqu’un qui ne sait pas, qui n’impose rien, qui a l’ambition de la rencontre, mais qui sait que la rencontre — comme l’éclat d’une photo — ne surgira jamais que de sa propre disponibilité. ». Ça t’irait, ça, mon bébé ? Ne me dis pas merci, c’est cadeau. (Je m’admire moi-même.) Pour répondre à ton deuxième message : Certes ! Mais ils sont — pour beaucoup — décédés ou à la retraite !   



 

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J’aime beaucoup la scène du cimetière où tu ne dis qu’une seule phrase à la fin, mais, pour moi, c’est ta scène — peut-être parce que j’attendais de savoir pourquoi tu étais là sans dire un mot, alors quand tu as parlé, j’ai senti que, pour moi, c’était ta scène que tu venais de jouer (dès qu’on comprend qui est qui, c’est toujours moins profond, moins investi (de la place de spectateur) que quand on n’est pas sûr de comprendre)




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Vous croyez ? Je n’en regarde jamais, des captations, même pas les miennes. J’ai regardé La Cerisaie de Brook parce que c’était Brook et parce que je travaillais sur Tchekhov, mais, même, je crois que j’en ai peut-être sauté des passages — et vu plusieurs fois d'autres. Niels Arestrup tellement incroyable…  Mais vous rencontrer, avec plaisir (ce sera tellement mieux que vous me racontiez)

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Je rentre à la rue JK mercredi soir. J’ai pensé à toi au bord de la mer tout à l’heure parce qu’il y avait un jeune chien qui te ressemblait de visage. Mais je n’ai pas osé demander à la famille propriétaire de pouvoir le photographier (et tu ne te serais sans doute pas reconnu anyway). Je pense aussi à toi quand je vais au yoga, ici, à Nantes et j’y vais dans 20 mn justement — mais après m’être un peu trop jeté sur le pâté et la confiture de retour de la mer (et m’être rapidement baigné) 😘


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