Saturday, October 26, 2013

P aris, au bord


Qu’est-ce que j’ai fait aujourd’hui ? J’avais veillé toute la nuit. J’étais K.O. surtout à cause de la cigarette, de m’être baigné dans cette horreur (je suis multichimicosensible), mal de crâne, muqueuse du nez gonflées, impossibilité de respirer. Alors je suis sorti dans l’air pollué au diesel de Paris et j’ai acheté de la bonne nourriture, du poisson, des légumes frais et bio (je sais où trouver) ; je suis rentré, j’avais des réserves. J’ai mangé une frisée avec des crevettes bio de Madagascar et un merlan. Le merlan était délicieux, la frisée un peu énorme. Au marché, j’avais déjà pris un bar (bio) et j’en voulais un autre, de poisson. J’hésitais entre la sole (Marcel Proust) et le merlan qui me rappelait une vague impression d’enfance en Bretagne (où tout est oublié) : « Vous avez déjà un poisson noble, prenez le merlan… » En effet, je remarquais qu’il y avait 20 € de différence… L’après-midi, je ne suis pas ressorti. Il y a eu une pluie magnifique qui m’a consolé de n’être pas dehors et d’avoir un toit et de ne pas vivre cette ville fabuleuse à 100%.

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L ’Automne de l’écriture


« Ne pas être le contemporain de sa vie, c’est-à-dire opposer le printemps de la vie à l’automne de l’écriture impose peut-être ou expose à être le bourreau de soi-même. C’est une image qui revient fréquemment chez Baudelaire et qui n’est pas sans rapport avec l’idée de l’intime, cet autre qu’on porte en soi et qui peut alternativement féconder l’œuvre ou bien nous manger le cœur. »



« L’art est long et le temps est court. »

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Photo Boris Czrzsrtaenaksevcsrzss (appelez-le Boris).

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A utant de chatoiements


C’est très difficile de parler de ce qu’il s’est passé au stage. Comme ça. Et c’est déjà passé, en allé… C’était su comme ça. Alors, bien sûr, les plus grands poètes… y répondent… Comme cette citation de Nietzsche que j’entends à la radio… ou ces poèmes de Charles Baudelaire… L’impression (mais elle aussi déjà passée) d’avoir été sur le bon chemin (que figurait Pietro avec son petit sac à dos…) Le chemin de la vitesse qui fait qu’on peut le ralentir à l’infini — pareil. On a parlé des courants des oiseaux dans le ciel, des poissons dans la mer, des chemins, des bras multipliés du fleuve. On a parlé de la vie avec les mots en anglais de Virginia Woolf (The Waves) ou avec les mots en italien de Dante. Des mots en français… Wallace Stevens… La pièce de Peter Handke, L’Heure où nous ne savions rien l’un de l’autre… Et puis de ce mystère, le vrai sujet du stage, pourquoi l’excellence immédiate se perd. L’excellence de la mise à disposition sur un plateau d’un groupe bien habillé, ce qu’il se passe lors des « auditions ». Je mets des guillemets à ce mot parce que tout le monde ne le comprend pas. C’est un phénomène de l’époque que les gens ne savent plus qu’il y a plusieurs manières d’employer les mots — une infinité de manières...
Il y a comme une sensation amoureuse, c’est vrai, d’avoir frôlé — et manqué — l’amour. Il y a ce temps de vivre et le temps d’écrire. Le temps de l’art et le temps de la vie. Etre ou savoir. Ou être. 

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E lle et lui


« Elle connut l’humiliation des textos sans réponse. »


« Il connut la mélancolie des paquebots. »

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P ietro


Photo Boris Czrzsrtaenaksevcsrzss (appelez-le Boris).

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L 'Amoureuse


Soleïma Arabi
Merci, merci et encore merci pour ces magnifiques instants passés avec toi ! Aujourd'hui : fatiguée, mais heureuse. Ton travail me fait me sentir belle ! Voire même amoureuse ! Envie d'encore plus de libertés et de sortir ma robe verte plus souvent... La bise, une très belle journée à toi et à bientôt, j'espère !

— Ah, oui, toi, tu es une amoureuse, c'est clair ! Ravi aussi de cette rencontre ! Porte-toi bien et prends soin de tes robes... Oui, à bientôt

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C itation du jour d’après (ce sont des pensées d’après-midi…)


« Qu’écrivons-nous, que peignons-nous avec nos pinceaux chinois, nous autres mandarins, éterniseurs de choses qui peuvent s’écrire, que sommes-nous capables de reproduire ? Hélas, seulement ce qui va se faner et commence à s’éventer ! Hélas, seulement des orages qui s’éloignent et s’épuisent, des sentiments ternes et tardifs ! Hélas, seulement des oiseaux las de voler, égarés, qui se laissent prendre dans la main – dans notre main ! Nous éternisons ce qui ne peut plus vivre ni voler très longtemps, des choses exténuées et trop mûres !
Et ce n’est que pour votre après-midi, ô mes pensées écrites et peintes, que je possède des couleurs, beaucoup de couleurs peut-être, beaucoup de teintes délicates, cinquante jaunes, bruns, verts, rouges : mais nul, à vous voir, ne devinera votre éclat matinal, étincelles subites et merveilles de ma solitude, mes vieilles, mes chères — mes mauvaises pensées ! »

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M on cœur est un palais flétri par la cohue


La richesse éclatante. Un loft près de la place des Victoires. En fait, au 5, rue du Mail, juste au-dessus de chez Martine Sitbon. Des œuvres d’art contemporain, des grands noms. Beaucoup de jeunes hommes très grands. Des mannequins ? ou simplement des gens riches ? Les filles aussi, grandes. Et moi qui écris dans ce carnet. A un moment, les lumières se sont éteintes. J’ai eu peur. C’était immense. J’étais sur la terrasse. Ce qui me fait peur, dans ces endroits, c’est la circulation de la drogue. J’ai l’impression de ne voir que ça, de ne comprendre rien au monde et — d’ailleurs — pourquoi vous en parler ? La lumière est revenue. J’ai décidé de refaire un tour des œuvres d’art. Un jeune acteur de cinéma est passé, celui qui ressemble à un loup, qui fait la pub pour le Chanel… furtif… eh bien, il est aussi très beau dans la réalité… l’enfance d’Hannibal… « Gaspard Ulliel, m’a dit Marion, c’est le meilleur ami de Damien » — Damien qui, bien qu’il me dépassât d’une tête, n’avait pas pu faire entrer Boris et Florent bloqués par le portier : « Il lui a carrément ri au nez. » Marion avait réussi en disant au vigile que j’étais un metteur en scène célèbre et que, si je n’entrais pas, il allait perdre son poste. Elle est comme ça, Marion (et ça avait marché). Malheureusement, Boris et Florent n’étaient visiblement — même pour un portier — que des jeunes éméchés (au presque tout dernier degré) et ça se voyait. Eduardo Arroyo, Jacques Monory, François Morrelet, Jacques Villeglé, Tom Wesselmann, Jean Prouvé… On était censé être chez le « petit-fils à Picasso ». C’était curieux, cet endroit, j’avais du mal à en comprendre le charme, c’était comme dormir dans un musée. Après tout… Il est vrai aussi que c’était aussi habiter un château, la hauteur sous plafond, les plafonds peints sacrément 18e, les canapés profonds… Comme tous ces gens étaient grands ! comme ils allaient vite ! Ce peuple de dominants, comme il allait ! Ils étaient tous à courir comme en plein jour dans cet immense territoire de savane. Je me demandais si le fait que ces gens aillent si vite… à cause de la drogue… Ils ne dormaient donc jamais ? quand ? c’était inimaginable, à les voir. J’avais une pensée émue pour les homos. Il n’y en avait pas un seul. Les pédés ne faisaient décidément pas partie des dominants (je devrais faire plus attention à eux). Je remarquais un Black ; au moment où je le remarquais, il ramassait mon verre et tous les verres : c’était le serveur évidemment. Il portait la file de verres empilés plus haut que lui dans la lumière d’un projecteur et c'était beau — une idée pour la Ménagerie ? mais qui le ferait ? C’était vide : on m’avait amené là, on m’avait fait entrer : j’étais tout seul. Mes amis avaient dû croire que j’étais parti. Je l’avais dit à Marion que je n’allais pas rester. On s’était perdu dans ce 800 m2 sous éclairé. Je partais, ça n’avait juste servi à rien. Il y avait encore quelqu’un qui me parlait : « You’re all right ? — Yeah. — You’re sure ? ». C’était sur les pavés dans la cour. Il faudra que je demande à Marc Ascoli chez qui j’étais, en fait. En Vélib’, je passais devant d'autres fêtes, d’autres musiques, c’était comme un printemps. Ma poésie — devais-je m’en inquiéter ? — était de plus en plus orientée vers le secret, le plaisir que j’avais de ne rien savoir des gens avec qui je travaillais — comme la rue —, ne rien deviner, ne rien savoir, vivre et sentir le monde des apparences. Les églises massives et éteintes étaient magnifiques. 

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