Wednesday, February 26, 2020

L es Stars


Tchekhov aussi, après la Cerisaie, voulait faire une pièce sur rien. Il voulait faire une pièce sur le pôle nord, des gens sur un bateau qui se retrouvent coincés dans les glaces, entourés du silence, mais il y avait aussi cette « pièce sur rien »… qui est peut-être la même chose, je ne sais plus où j’ai lu ça, sa correspondance sans doute…
J’ai vu hier le spectacle de Phia Ménard aux Bouffes du Nord qui m’a beaucoup plu (c’est en bas de chez moi, c’était comme si on me l’apportait dans mon lit) — qui s’appelle Maison Mère. Je suis content de connaître maintenant Phia Ménard. Là aussi, c’est un cas où, ses discours politiques, je les trouvais tellement minables que ça m’avait découragé d’aller voir ses spectacles. Mais je vois qu’elle a un talent immense (Vortex et, maintenant, ça). Et, même, que c’est une star (c’est-à-dire une personne qui parle — ou cherche à parler — au cœur des gens, du public). Ce qui fait que ses discours changent de « genre », ce n’est plus du bla-bla, tu me suis ? si c’est une star qui les prononce. Les stars ont le droit de dire ce qu’elles veulent. A mon sens, il y a prescription à l’instant même où elles ouvrent la bouche, ça ne compte pas, c’est pour le cœur, l’émotion, la communion, l'osmose. Là, d’accord. Tout le monde devrait avoir le droit de dire toutes les bêtises qu'il lui passe par la tête, d’ailleurs, mais, bon, c’est faire la leçon à partir de rien, à partir de monsieur Tout-le-monde (les innocents) qui est tragique. Ça coupe, ça cisaille au lieu d’apaiser. Mais il faut que j’arrête, la dernière pièce de Peter Handke est sur le sujet — et, lui, il est vraiment, vraiment intelligent, je ne vois même pas quels acteurs pourraient jouer ça. Depardieu, évidemment, mais… et qui ? Audrey Bonnet… Toi, peut-être… 
A Room of One’s Own, je viens de le lire aussi. C’est le seul essai féministe que je trouve inouï, inoubliable (mais si tu en connais d’autres, conseille-les moi !)
Quel dommage que je n’ai pas le droit de mettre tes mails sur mon blog, ça l’enjoliverait !
A bientôt, 
Yves-No

Labels:


Oui, c’est vrai, c’est beau, cette citation ! J’ai peut-être lu les Lettres, sans doute, mais franchement, non. Je ne sais pas trop pourquoi, j’ai mis de côté Rilke avec dédain (jusqu’à quand ?) Peut-être parce que tous les auteurs disent une seule et même chose et qu’on peut donc choisir, sans craindre d’en manquer, un style ou un autre pour la dire. Mais je suis entouré d’amis qui adorent Rilke (Dominique Issermann, par exemple).
Alors, moi, je n’ai plus trop d’amis à Berlin, mais j’en ai quand même deux. Laurent Chétouane, pour le coup vraiment « chtarbé » comme tu dis, et avec qui j’ai malheureusement manqué de travailler (nous n’avons que co-dirigé un stage chorégraphique ensemble) et il est mon idole. (Je vous en ai parlé déjà.) Français, il vit à Berlin depuis longtemps et aura sûrement pistes, indications, directions, aides à te soumettre. Laurent, je m'adresse à toi maintenant : prends soin de ce petit Valentin avec qui je viens de travailler à l’école du TNB, à Rennes, et qui est une merveille sur plusieurs plans, mais surtout sur celui d’une très bonne volonté (that means : cœur). (« Une certaine formidable bonne foi », dit à l’instant à la radio Georges-Arthur Goldschmidt à propos de Peter Handke.)
J’ai aussi Felix Ott, comme ami, à Berlin — alors, là, rien à voir avec Laurent (dont il ne comprend pas du tout le travail — j’ai des amis souvent très séparés). J’ai beaucoup travaillé avec lui et j’imagine qu’il a toujours encore ton âge — mais, en fait, non, parce qu’il paraît que le temps passe. Je te donne son email (lui aussi en copie), mais il faudra plus facilement lui parler anglais (ou allemand ? tu le parles ?), je crois qu’il lit seulement le français, il m’a toujours fait croire qu’il me comprenait, mais c’était, en fait, avec, là aussi, le cœur. Je me souviens lui avoir fait prononcer dans le premier spectacle pour lequel nous nous sommes rencontrés, à Berlin — lui encore à l’école —, des paragraphes de Rimbaud auquel il ne comprenait pas une syllabe et qu’il criait avec enthousiasme et assez de fautes de prononciation pour les rendre incompréhensibles, mais en réussissant quand même à rendre compte d’une énergie pure qui aurait pu être Rimbaud, j’étais impressionné — et que sait-on de Rimbaud, n’est-ce pas l’inaudible, l'iraisonnable qui le prononcerait le mieux ? Je te salue, Felix (miss u), et, si tu comprends ce que je dis : aide le jeune Valentin prêt à construire et à bouleverser le monde...
Voilà, Felix m’amène à Jeanne Balibar (avec qui il a vécu). Peut-être elle aussi qui travaille (ou a travaillé) avec Frank Castorf depuis toutes ces années pourrait te donner des pistes d’atterissage… Je ne sais pas si elle aura le temps… Peut-être aussi joignable par Insta, dis-moi et je lui envoie un mot...
Felix vient de jouer un spectacle avec son chat (qui s’appelle Corbusier) qu’il a appelé (en français) Les Imprédictibles.
Je vous embrasse tous les trois avec infiniment de tendresse, 
Yves-Noël
J’y pense, j’ai connu aussi Falk Richter, très sympathique (mon assistant, Arnaud Bourgoin, était son amant). Il était déjà directeur de la Schaubühne, mais comme je n’ai pas suivi sa carrière depuis quelques années, je ne sais pas trop si ma voix porterait ni comment le joindre facilement...

Labels:

P etite annonce


Salut Yvno, Toi qui es si fort pour découvrir et voir les acteurs, tu aurais peut-être une idée… Pour un projet qui va jouer au festival d’Automne avec un gars qui s’appelle Marcus Lindeen, on recherche une actrice avec un accent américain, 50/60ans, noire éventuellement, qui n’est pas forcément actrice ni connue. Et un jeune acteur dans le genre de Dimitri Doré (qui n’est pas libre, lui) (pas forcément un acteur non plus, d’ailleurs) Je peux peut-être t’en dire un peu plus si tu veux… T’embrasse, Mathieu
Je pense à Lisette Malidor que Kate Moran qui a travaillé avec elle m'avait conseillée. (D'ailleurs, Kate aurait peut-être d'autres idées.) Pour l’enfant, je ne vois pas. Dimitri est tellement unique… Y a un petit que j'aime bien, mais il est censé être encore à l'école (du TNB) la saison prochaine, c'est Aymen Bouchou, on le voit dans le trailer de J'ai Menti, la pièce que j'ai faite avec eux...
Merci ! Pour l’acteur, c’est quelqu’un qui aurait une étrangeté avec un physique jeune et une trop grande maturité… Je vais regarder pour Lisette, mais elle n’est pas américaine… Je regarde le trailer
Demande à Kate
Tu me passerais son contact ?
...
Merci, c’est adorable !
C'est toi qui es adorable, tu sais bien. Aymen, dans le trailer, c'est, bien sûr, celui qui prend la neige en rêvant (torse nu) 
Je me suis douté. Il a un air profond. Les yeux brillants
Oui, il est vraiment touchant. Il chante comme un dieu aussi (ou plutôt, on dit, comme un ange)
Je te dirai ce que ça donne. Bonne journée ! J’espère que tu vas bien
Oui, très bien, merci !

Labels:

C oalescence


« En 2017, deux étoiles à neutrons ont fusionné à des centaines de millions d’années-lumière de nous. Ces objets sont si denses (une seule cuillerée à café pèserait à elle seule 100.000 tours Eiffel) que leur coalescence a fait vibrer la structure même de l’espace-temps, donnant naissance à des ondes gravitationnelles. » 

Labels:

J amais fini


« Nous sommes tous quelque part — heureusement pour nous — frappé d’incapacité verbale. L’humanité, ce qui la sauve, c’est qu’on n’en a jamais fini avec le langage. […] On peut pas aller au bout de ce qu’on veut dire. Si on a pu aller au bout de ce qu’on a voulu dire, c’est qu’on n’a rien à dire. »

Labels:

D 'une certaine manière dans l'infantile comme moi



H ier


Ça nous a beaucoup plu, le spectacle de Phia Ménard, hier, chez vous, bravo ! Très surprenant, très fort avec le lieu, ce réel toujours plein de fiction, aux Bouffes, mais le lieu laissé intact comme j’aime, intouché, et la force de cette action réelle qu’a imaginée Phia ; c’est très fort, très dramatique aussi sous son dehors contemplatif, il y a un suspense hitchcockien, curieusement, on est vraiment collé comme des enfants (en tout cas, moi) à la construction de cette maison, très profond, très profond dans l’enfance…
Merci, 
Yves-Noël

Labels: