Thursday, May 20, 2021

 

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L uigi Lucheni


Tiens mon bel ami, je crois me souvenir que tu étais tout particulièrement ému de l’assassinat de la princesse Sissi par un anarchiste, en voici les mémoires




Tu connais le mot de Mallarmé lorsqu’il répondait à des journalistes à propos des attentats anarchistes : « Je ne sais pas d’autre bombe, qu’un livre » (la virgule semble d’origine) ? Voilà, c’est fait. (Obsédé du LIVRE qu’il était.)

Je lis les Carnets du sous-sol sous ton influence, mon Seigneur, et à propos (de ce livre), je trouve ça : « Le « récit », comme espace infini de contestation, pourrait effectivement ouvrir la possibilité paradoxale d’un partage. Si le narrateur de La Folie du jour refusait le récit, c’est, explique Levinas dans ses « Exercices sur La Folie du jour », parce que « l’invitation au récit est sommation ». Refusant de raconter, il refuse de se soumettre à la Loi qui veut faire justice à son agression. Et Levinas ajoute : « parler c’est déjà rédiger un rapport de police  ». Contre la parole toujours déjà policière, il y aurait donc peut-être une littérature, presque impossible, qui, en détruisant tout, jusqu’à la possibilité du langage lui-même, permette de communiquer sans justement « déjà rédiger un rapport de police ». Une parole libérée du pouvoir, en somme, qui accomplirait comme un « passage au-dehors » ; là résiderait peut-être le sens de cette « parole vaine », incertaine, désespérée, et pourtant, on le devine, riche de promesses. Le narrateur de La Folie du jour suggérait peut-être déjà sa puissance révolutionnaire lorsqu’il disait : « Chaque personne a été un peuple pour moi ». Parce que chaque lien, aussi bref et lointain fut-il, chaque parole, même silencieuse et vaine, ouvre déjà, dans cet espace littéraire, neutre, qu’est le « récit », un horizon politique. »


Alors je lirai le récit de ton individu emprisonné quand j’aurai fini les Carnets et qu'éventuellement tu me prêteras le bouquin (je ne suis pas encore prêt à donner à la cause). Pourtant il est bien vrai qu'avec sa jolie tête de pendu qui plaît à Genet (ou à Genod), j’aurais, je crois, particulièrement aimé qu’il me BIFLE et même sans égard du tout (n’ayons pas peur du viol, on en dit tellement de mal...) et même sa photo me donne vraiment l'envie (certes je l’envie) d’être la Sissi du moment qu’il l'assassine si délicatement sur le lac de Genève (une simple bousculade, une pénétration indolore et pourtant fatale, bref, un amour...) Oui, je l’aime déjà et presque absolument (fais gaffe).


Tu connais Kierkegaard ? Je trouve ça, simplement sur Wikipédia : 


« La moitié des travaux de Kierkegaard a été écrite sous le masque de divers personnages-pseudonymes qu'il créa pour présenter différentes manières de penser. C'est là une partie de la communication indirecte de Kierkegaard. D'après plusieurs passages de son travail et de ses journaux, tel Point de vue explicatif de mon œuvre d'écrivain, Kierkegaard écrivit de cette façon afin d'empêcher ses travaux d'être traités comme un système philosophique avec une structure systématique. Dans cet ouvrage posthume, il écrit : « Dans les travaux pseudonymes, il n'y a pas un mot simple qui est le mien. Je n'ai aucune opinion au sujet de ces travaux sinon en tant que tierce personne, aucune connaissance de leur signification, excepté comme un lecteur, pas la moindre relation privée ou distanciée avec eux ».

Afin de dépasser ce que Kierkegaard appelle « une expérience de papier », il propose non pas l’exposé systématique d’une doctrine, mais des récits (à double fond) pris en charge par des pseudonymes, il ne donne pas de clefs de lecture conceptuels ; Jacques Colette parle de Kierkegaard comme « l’ange exterminateur de l’immédiateté » et le présente comme un chrétien incognito armé de neutralité.

Kierkegaard se distanciait de ses textes par une variété de dispositifs, (y compris typographiques comme l’utilisation du tiret ou du point d’interrogation), qui servaient à problématiser la voix de l'auteur pour le lecteur. Il a divisé les textes en préfaces, avant-propos, interludes, post-scriptum, annexes. Il a attribué la paternité de parties de textes à différents pseudonymes, et a inventé d'autres pseudonymes pour les éditeurs ou les compilateurs de ces écrits. Parfois Kierkegaard ajoutait son nom en tant qu'auteur, parfois en tant que responsable de la publication, parfois pas du tout. Parfois, Kierkegaard publiait plus d'un livre le même jour. Ces publications simultanées incarnent des perspectives étonnamment contrastées. Il a également publié les Discours d’édification sous son propre nom.

Tout ce jeu avec le point de vue narratif, laisse le lecteur très désorienté. Combiné au jeu incessant de l'ironie et à la prédilection de Kierkegaard pour le paradoxe ou l'opacité sémantique, fait que le texte devient ainsi une surface polie pour le lecteur dans laquelle le sens premier à discerner est son reflet propre.

Kierkegaard a employé la communication indirecte pour empêcher ou gêner ceux qui chercheraient à s'assurer que l'auteur soutient réellement les idées présentées dans ses œuvres. Il a espéré que les lecteurs liraient simplement son travail pour sa valeur informelle, c'est-à-dire sans chercher à l'attribuer et l'interpréter selon certains aspects de sa vie. Kierkegaard cherchait également à éviter que le lecteur considère son travail comme un système faisant autorité. Il voulait plutôt que le lecteur trouve par lui-même des manières de l'interpréter. Kierkegaard pensait aussi que la communication indirecte était le seul moyen de mener le lecteur au-delà de l'auteur, à l'éveil. Dans la mesure où l'enjeu de son œuvre n'était pas de faire du lecteur son disciple, mais un disciple du Christ, le mode de communication ne pouvait qu'être indirect (voir les Miettes philosophiques). De même les discours, ne sont pas des sermons, parce que leur auteur n'a pas autorité pour prêcher ou enseigner, puisqu'il n'a pas été ordonné. »


Formidable, non ? Quelque chose s’ouvre à moi (à défaut de ton cul). Je t’embrasse, 


Yvno


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