Thursday, October 02, 2014

T he Rip


J’étais plongé dans ma passion. Droit, j’écoutais la musique des secondes, la musique qui pouvait être une musique ancienne — qui avait peut-être résonné aux oreilles de Michel de Montaigne — ou de Gilles de Rais — ou de Jorge Luis Borges, là-bas, en Argentine, là-bas… Et la musique montait, montait… Une roue dentelée… Ça parlait de « white horses » et de la « tenderness » — mais qui ne comprenait pas l’anglais ? Je vous exprime et je vous écris… Il n’était pas de nuit, il était minuit, l’heure du goutte-à-goutte… Les dents fragiles, blanches, éclatantes… Je pouvais coucher avec tous mes amis….

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J ohnny !!!


Je suis très, très fier ! Johnny reprend Rester vivant, le spectacle dans le noir (Noir c'est noir) sur des textes de Charles Baudelaire que j'ai créé en juillet dernier au festival d'Avignon. J'aime ce lien privilégié que j'ai avec Johnny Hallyday. Par ex, vous savez, cette veste argentée Christian Dior (dessinée par Hedi Slimane) que je portais lors du concert des Saint-Augustin On Ice à Aubervilliers (évidemment je parle là d'un temps que les moins de 10 ans ne peuvent pas connaître), eh bien, Johnny la portait aussi, je l'ai vu une fois avec dans « Paris-Match » (mais, alors, je peux quand même dire que ça lui allait moins bien qu'à moi, il est trop costaud, Johnny pour porter du Slimane...)

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J ouer Dieu (p'tites photos) (7)



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R etrouvé en cherchant autre chose


« Le moment où je parle est
Déjà loin de moi. »

Avoir du vide, avoir de la lumière, avoir à sa fenêtre la nature. La nature n’est rien, elle est ce qui est. Je suis qui je suis, dit la nature. Il est possible que la nature soit incréée. Ou que la nature ne soit pas la nature, pas sa vraie nature. Il est possible que la nature projette dans un ciel sans lumière son archétype, sa vraie nature incréée. Il est possible que le monde soit double. Il est possible que paraître soit être. Il est possible.

Il est possible qu’écrire ne soit pas écrire. Il est possible qu’être riche ne soit pas voyager. Ni étudier à Patmos. Il est possible qu’avoir de la chance ne soit pas fuir les colonels. Il est possible qu’en face, il y ait le monde — double — et qu’on le voit. Il est possible de marcher sur les crêtes. Il est possible de rêver en marchant. Voire de tomber de cheval — ou du lit.



C hampagne imprévu (imprevisto champagne) 

Pour nous, le temps était concave et protecteur, nous étions en voyage. Nous avions la voiture et le pays étranger. Nous avions choisi l’Italie, l’Italie du Sud, la côte amalfitaine, c’était désuet et aimable, elle marchait sur les marches, elle montait là où avait marché Greta Garbo, dans la villa hollywoodienne, une histoire d’amour, une idylle, Wagner… Sólo luz para la eternidad

Si j’ouvrais — maintenant dans la nuit — si j’ouvrais le livre de celui qui avait rencontré Anton Tchekhov, l’arrière-grand-père, si j’ouvrais L’Etoile bleue ?

« Qqch sans début ni fin sur le bruit fracassant du train, sur le brouillard, les étoiles, les prés ; en aucune façon une nouvelle pour la revue « La Pensée russe », mais un essai tendant à rendre, par l’ordonnance des mots, l’impression de la nuit, du train, de la solitude. »

Faut-il être fou ?, avait été la pensée du jour. Pouvons-nous, sans en devenir fou, supporter la pensée de l’Apocalypse ?
Ce que j’ai dans la tête ne sera jamais posé sur le papier.

« Mon parti, proclame Christophorov, est celui des indigents-aristocrates. »



Regarde, tu t’es vu par la portière, toi, ton réveil, ton songe…

Bien sûr, ça allait être facile. Tout se correspondait. Tout allait ensemble, allait aller ensemble, comme la mer qui réunit les fleuves et les rivières, les grands et les petits, les ruisseaux, les filets d’eau de la source où nous avions rempli une bouteille, par ex, l’autre jour, tandis que le randonneur-chômeur parlait de son malheur et de sa douce perdition, se perdre dans la nature, s’enterrer vivant plutôt qu’être perdu par la société, échapper à la ville et à ses « gangs » (j’avais fait répéter le mot, il le prononçait avec un accent prononcé, c’était un mot nouveau, « guingue »). Il y avait qqch qui tissait tout cela. Une connaissance, une habitude, une habitude liquide, un océan. Un océan de verdure et d’amour, nous étions tout cela. Audrey parlait, Audrey partait, Audrey attendait un enfant. Les filles engendraient des filles, les garçons de passage. Comment disait-il ? « ma fade masculinité »… Oui, Don Juan…



« L ’Empire familier des ténèbres futures »

Je suis dans la montagne. Cela seul suffit à mon bonheur (massif). « La montagne ». Cela suffit pour dire. Mais on veut toujours plus. On s’étale, on devient plaine. Non ! « Je suis dans la montagne. » C’est la nuit et je suis dans la montagne. On ne devrait pas, le soir, répondre au courrier. On parle plus faible. On ne s’aime pas. On s’aime moins. Il faut s’aimer.

Je suis dans ces maisons toujours nu, ces maisons à flanc de collines, où je me cache — où je suis accueilli en leur creux — où je suis caché, le plus étonnamment caché, où vous ne savez pas ce que je lis, ce que je fais, ce que je construis. Je suis dans l’état d’invisibilité. C’est cela, la littérature. La part du songe, mais le songe, le songe où l’on s’arrête, où l’on descend de cheval : on est arrivé, c’est la pause, on descend de cheval, on embrasse du regard, sur la terrasse du regard, c’est la maison, on est là. C’est la maison, temps d’arrêt : reprendre ses esprits. Oui. Et la nuit est massive et nue, pauvre, les atomes de l’air, les animaux, tout dort. Dormir, rêver peut-être...

« A propos de poésie : l’essentiel, et le très mystérieux, est qu’il y a une façon de dire « la montagne », par ex, qui laisse apparaître de l’Etre, et une autre qui ne le fait pas. »

A propos de poésie, la plupart du temps, on ne me laisse pas lire. C’est pour ça que je lis des poèmes. Qqch est lu pendant le peu de temps qui m’est imparti. Qqch de rapide et d’essentiel, c’est trop tard pour m’en empêcher. Mais lire Guerre et Paix, Cent ans de solitude, qui me le permettra ? Il me faudrait du temps des richesses des maisons, l’insouciance. Je n’ai jamais pu lire que du court, c’est-à-dire du frugal, de ce qui a pour thème : l’impossibilité de dire, de tout dire. La Bible, quelques versets. On ne me laisse pas cavaler. Cavaler à mon allure. Il y a une telle pression pour ne pas. Si j’ai bien compris, la région où je suis ne s’est pas réellement « soulevée » (comme l’ont fait les Alpes) ; ce sont les fleuves et les rivières, les filets d’eau, les sources adorées qui ont creusé le terrain pour aller vers la mer qui s’était retirée.

Oui, cette méfiance les uns les autres, on se dégoûte, on est vieux avant l’âge. On veut ne pas se connaître. Ces détails pénibles. Aucune existence n’est enviable. Et puis, il y a les jours avec et les jours sans. Les détails du pacemaker. Il y a 20 ans, le cœur avait lâché. Sans les malheureux progrès de la médecine, l’histoire d’amour aurait fini là. Pouf ! d’un coup. Elle part avec un autre — pas n’importe quel autre. Un coup de poignard. Cet autre qui avait racheté le village. Il allait falloir, pour une durée de 7 ans, supporter l’insupportable, puis 7 années encore, puis nous en sommes à la troisième pile, chacune d’une durée de 7 ; la première résonnant dans tout le corps, une horreur, « Et vous l’avez supportée ? — C’était ça ou crever » ; la deuxième beaucoup plus silencieuse et la troisième parfaitement silencieuse. Ainsi on s’habitue à l’éternité… « Je pourrais partir paisible, je m’y prépare tous les jours… » Ces vieux hommes qui parlent de la mort…



« Je lis, dès les premières pages du grand roman de Cowper Powys, Les Sables de la mer : « Il y a dans presque toutes les vies, des moments étranges… tout se déroule comme si un écran, spirituel et pourtant plus impénétrable que le bronze, séparant l’univers d’un autre univers […] était devenu tout à coup extrêmement mince… »
Décidément : que d’écrivains, aujourd’hui, auront tourné autour de cette expérience qui, pour le poète, est au centre, à la source de tout ! »



« Aujourd’hui l’illimité fait rage et beaucoup de maisons sont en ruines. »

« En vérité, nous ne savons pas ce qu’est la poésie — et même pas les amants. »



A ller et venir

« Ir et venir por el predestinado camino »


R evanche des Juifs / « L’âme est tout ce qu’elle connaît »
R evanche des Juifs (livre d’Esther)
Même dans les rêves, je suis furieux d’avoir laissé sans surveillance mes lourds bagages, mais aussi mon téléphone, mon portefeuille, mes clés, mes papiers, mon argent dans le double-fond de ma valise et je me réveille grognon. (Je ne veux pas me réveiller sans avoir résolu en happy end ce dur problème.) Marc ne me parle que de Dieu toute la journée ou de la Bible, d’histoires saintes ; je lui réponds sur la même diapason (bien élevé), ce qui fait qu’à un moment (au bout de 2 jours) Audrey me demande : « Es-tu croyant ? — Non » et que je lui demande en retour si elle l’est — non — et que donc (ceci, plus important) si Marc l’est : « Non ». Ah, bon… Parlons de Dieu, alors, parlons en miroir. Peut-être que Marc me parlait de Dieu parce qu’il croyait que je l’étais et pour me plaire. De quoi me parlera-t-il maintenant pour me plaire ? Il est parti, je ne saurai pas. La nuit, je tourne la clé à cause de Jacques, mon voisin immédiat qui me fait un peu peur. Les histoires que l’on m’a racontées sur ce village me font penser à Millénium. C’est la question de la morale, dès qu’on s’en préoccupe, vient une telle erreur (horreur). Qui veut faire l’ange, fait la bête, l’a pourtant bien spécifié Pascal. Jacques parle de progrès de la médecine, « Mais du côté de la morale, aucun progrès ». Dieu soit loué ! Je renchéris : « Amoralité totale ! » J’ai de la nourriture pour tenir un siège. Je vais lire. Et peut-être préparer mon voyage de demain au Mont Aigoual (ou le rêver). Je n’ai pas si bien dormi que je l’aurais voulu, cette nuit, je me suis réveillé, j’ai rêvé ces sales rêves où je courais à travers la ville en ayant laissé mes bagages sans surveillance. La ville grouillante. Peut-être d’avoir inversé la tête du lit et de m’être endormi la tête au Sud, pas au Nord… cela aurait-il donc une importance ? peut-être, peut-être… il suffira de tourner le lit la nuit prochaine — ou de persister dans l’erreur (Cioran : « Vivre : se spécialiser dans l'erreur »). Allons voir la beauté. Je me lève, j’ouvre la porte, je sors sur la terrasse herbue. Je pisse peut-être contre la paroi de la mer, du lourd paysage, inouï, insupportable, insurmontable, de la beauté tragique, amorale, et de Dieu qui est sa réalité diffuse. Elohim. A travers le voile, la paroi solide de la beauté, je crains et je vénère Dieu. « On dit Dieu, mais ça ne veut rien dire », dit Jacques. Non, Elohim, Yahvé… Je suis qui je suis.
Or, cette nuit-là, comme le sommeil le fuyait, le roi réclama le livre des Mémoires ou Chroniques pour s’en faire donner lecture…
« Dis-moi ce que tu demandes, reine Esther, c’est accordé d’avance ! Dis-moi ce que tu désires ; serait-ce la moitié du royaume, c’est chose faite ! »
Je me vautre par les yeux, par le sens dans les collines désertes de La Bible, le paysage de châtaigniers verts ; la dure « loi de Dieu » les découpe par les nuages — l’ombre de la mort…
Maître Eckhart : « La Déité et Dieu sont aussi distincts que le ciel et la terre. Le ciel est à des milliers de lieues plus haut. Ainsi de la Déité par rapport à Dieu. Dieu devient et passe. »



« Presque tout ce que les hommes disent, et ce qu’ils font aussi bien, cache le monde. »

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L e Tambour


Clément Vercelletto

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A propos de 1er Avril


Isabelle Barbéris, entretien avec Yves-Noël Genod 


C'est étonnant (effrayant et rassurant) comme j'ai l'air d'un vieillard (la vie m'assomme), au début, en mauvaise santé, mais comme je reprends vie — et jeunesse, et beauté — au moment où je me mets à parler de ces choses qui m'intéressent (même si je les ai tellement parlées déjà...) Ça dure une heure, quand même. Faut avoir le temps ! Pour mes lectrices de La Réunion...

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